L’ancienne Ministre de l’écologie Nicole Brick, maintenant titulaire du commerce extérieur a-t-elle été victime du lobby pétrolier et finalement désavouée pour ses positions sur les forages pétroliers ? C’est la question que beaucoup se posent après le remaniement ministériel annoncé jeudi soir.

 

(Capture d’écran sur 20minutes.fr)

 

Il y a une dizaine de jours, l’ancienne ministre de l’économie avait annoncé avec l’appui de son collègue de l’Industrie, Montebourg « la remise à plat de tous les permis d’exploration pétroliers et gaziers, en attendant une refonte du code minier, accusé de sacrifier l’environnement sur l’autel du libéralisme ». De ce fait, Shell se voyait suspendre les opérations qu’elle envisageait cet été au large de Guyanne et on n’allait pas lui accorder les arrêtés préfectoraux qu’elle attendait. Jusque là, le pétrolier Shell était titulaire de permis d’exploration ouvrant sur une surface de 24 000 km2 à quelque 150 km des côtes de la Guyane.

 

Selon ce que la Ministre de l’écologie, Nicole Brick, avait déclaré le 14 juin dernier, elle voulait « obtenir des garanties économiques et écologiques qui n’existent pas aujourd’hui ».  

 

Mais finalement, hier vendredi, la compagnie Shell a reçu du gouvernement français les autorisations qu’elle attendait ! Selon un de ses responsables elle va même pouvoir commencer son travail de prospection, dès la semaine prochaine ! On ne peut que constater qu’avec Total et la compagnie anglaise Tullow Oil, Shell a remporté son bras de fer engagé avec la Ministre Nicole Bricq !

 

Le lobby pétrolier a bien une puissance considérable et même un gouvernement de gauche ne peut rien contre lui ! Il faut dire aussi que les élus guyanais, qui sont très attachés aux retombées socio-économiques des forages, sont vite montés au cerneau pour prêter main forte aux pétroliers… C’est toujours comme çà. Même avec quelques écolos ministres, l’intérêt industriel d’un territoire continue à passer avant l’écologie, en France aussi ! Il a suffi que le ministre de l’Outremer Victorin Lurel se réunisse avec des parlementaires guyanais mercredi  pour qu’on annonce  que les arrêtés seraient rapidement signés et que les forages pourraient donc démarrer à la fin du mois. Entre temps, le Premier Ministre avait repris le dossier en main et reçu la Présidente du Medef, très remontée dans cette affaire !

 

Les associations écologiques ont pris un coup sur la tête ! Mais elles ont reconnu une difficulté qui semble insurmontable par temps de crise !  France Nature Environnement a déclaré : « Il est difficile de ne pas voir l’éviction de Nicole Bricq comme la conséquence possible d’un lobbying efficace mené par l’industrie pétrolière. Il est vrai qu’en période de crise, le chantage à l’emploi est d’une redoutable efficacité ».

 

Alors oui, on ne peut s’empêcher de penser que  Shell et les autres pétroliers se sont imposés malgré l’action de Nicole Brick. Nous sommes déçus de voir que le gouvernement de gauche ne fait pas mieux dans ce domaine que le prédécesseur ! Mais bon, il ne faut pas trop rêver ! Après cette éviction de la ministre de l’écologie, Le sénateur Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Vincent Placé, a critiqué « ce qu’il estime être une éviction et un drôle de message envoyé aux écologistes ». Il a fait valoir que l’ancienne sénatrice PS défendait les positions des écologistes, sur les gaz de schiste sur lesquelles il y avait un lobbying extrêmement fort.  

 

Comme a dit Corine Lepage, l’ancienne ministre de l’écologie, sous le gouvernement Juppé « le ministère de l’écologie est la variable d’ajustement de considérations qui lui sont totalement extérieures ».

On n’ose pas croire que ce gouvernement traitera toutes les questions relatives à l’écologie selon le même processus ! C’est un mauvais point, il va falloir qu’il se rattrape vite ! (on apprend qu’il va réformer le code minier pour que la dimension écologique soit systématiquement prise en compte la prochaine fois).

Sources : 20 Minutes,Huffington post,Rue 89.