Un point, dans cet excellent article publié par gital33, mérite d’étre souligné : c’est l’artifice utilisé par la BCE pour tourner les traités et soutenir la Grèce.

Car, en effet, quand cette même BCE est censée revendre, aux banques centrales des pays membres, les titres qu’elle possède, sur la dette grecque,  au prix auquel elle les a achetés, permettant à ces banques, à terme, de faire des bénéfices qui seront distribués aux actionnaires de la banque qui sont eux-mêmes les Etats membres de l’euro, ces banques centrales ne sont plus que des succursales, à l’échelon régionale, d’une BCE qui est la seule compétente, en accord avec les traités, pour gérer la politique monétaire associée à l’euro.

Ces banques centrales ne sont rien d’autre,  pour la simple et bonne raison que les devises nationales ont disparu. Ce qui ne veut pas dire que le poids de la dette contractée par les Etats membres de l’euro est la même d’un pays à l’autre, puisque ce poids-là est déterminé par la bourse (et donc par la finance internationale) sur la base de l’état des comptes publics de chaque Etat.

Et comme les pays membres de l’euro ne peuvent plus dévaluer une monnaie nationale qui n’existe plus, ils sont bien obligés, pour soulager les taux d’intérêt sur la dette souveraine, de réduire leur déficit; ce qui se traduit, ou bien par des hausses d’impôt, ou bien par la réduction des dépenses de l’Etat. 

Or, dans le cas de la Grèce, la Troïka s’est rendue compte que toute réforme de l’impôt en Grèce est difficile à mettre en place, préférant, dans ces conditions, miser sur la réduction des dépenses, et d’abord en abaissant un salaire minimal qui n’était déjà pas très haut avant les réductions budgétaires votées par le Parlement.

 

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Quant à quitter l’euro, la Grèce pourrait, en théorie, faire ce pas-là. Mais en pratique, dans la mesure où elle sera en faillite si l’Union Européenne ne la soutient pas (chose qui n’est possible que si la Grèce manifeste son intention de rester dans l’euro), elle ne recevra plus, par exemple, un seul litre de benzine, ou d’huile, venue de l’extérieur, pour faire tourner, au vrai sens du terme, cette fois, son économie; ce qui revient à dire qu’elle retournera, à moins de trouver, sur son sol même, de nouvelles sources d’énergies (bois, charbon, etc.), à l’époque du Moyen Age.

Or cela, les membres du gouvernement grec, qui ne sont pas, quoi qu’on en dise, des idiots mais des gens parfaitement conscients de la situation actuelle, l’ont compris depuis fort longtemps.

Quant à ceux qui réclament, pour la Grèce, un régime communiste ou un régime d’extrême droite, ils ne parviendront pas à sauver le pays de cette façon, sauf à trouver les moyens lui permettant de vivre en autarcie, ou en état de quasi-autarcie, cette autarcie qui, quoi qu’il advienne, sera pire encore que la situation actuelle.

 

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Reste néanmoins à préciser que les protestataires sont à chercher parmi toutes les classes de la société, et notamment parmi les médecins,  professeurs, etc, qui jusque là étaient payés par l’Etat et ont perdu, ou vont perdre, si ce n’est pas déjà fait, leur emploi en raison des réductions de budget alloué à leur secteur.

Quant aux Allemands qui actuellement sont détestés par les Grecs en raison de leur agressivité ou de leur arrogance, il faut savoir qu’ils n’en sont pas à leur premier coup d’essai dans ce domaine; et, par dessus tout, qu’ils n’ont pas tiré les enseigments de ce coup-là.

En clair, quand, à l’époque de la réunification allemande, le Chancelier Kohl décida d’intégrer l’Allemagne de l’Est, autrefois communiste, dans le giron de l’Allemagne de l’ouest capitaliste, il fixa la parité mark-est mark-ouest à un contre un, et ce alors même que la productivité de l’économie est-allemande était très inférieure à son homologue de l’ouest.

Avec ce résultat que les Allemands de l’Est connurent, en raison d’une restructuration absolument canon voulu par les Allemands de l’Ouest, une très forte hausse du chômage, suite notamment au rachat des entreprises est-allemandes par les institutions qui, en Allemagne de l’ouest, avaient été désignées pour gérer  les restructurations en vendant, aux plus offrants, les entreprises de l’Est à leurs homologues de l’Ouest.

Ce chômage s’explique par la faible productivité des entreprises de l’est, relativement à celles de l’ouest, et par  la mise au rebut ou au rancart d’une partie non négligeable de leurs activités, les nouveaux acquéreurs ne voulant conserver que les parties les plus rentables de ces entreprises.

Et pour adoucir les effets de la restructuration, les autorités ouest-allemandes prélevèrent un impôt spécial, sur leurs propres ressortissants, dont les recettes furent transférées à l’est pour soutenir les personnes en difficultés.

 

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Mais le fait est que le chancelier Kohl reconnut plus tard que la parité de un contre un, voulu par lui, entre le mark de l’est et le mark de l’ouest, fut une erreur de sa part, vu les conséquences désastreuses que cela provoqua chez certaines catégories de la population est-allemande.

Or on peut en dire autant, aujourd’hui, de la Grèce : à savoir que c’est aller trop vite en besogne que d’exiger de ce pays qu’il abaisse son taux d’endettement, une fois celui-ci mesuré par rapport au PIB, de 160 à 120% d’ici à l’an 2020. 

Cette exigence, de la part des créanciers internationaux, toutes origines confondues, est d’autant plus suprenante que le Japon connaît un taux très supérieur à cela, sans pour antant qu’on lui fasse des misères. 

 

Claude Gétaz