John Pike, le petit Eichmann étasunien

On ne sait pas ce qui a pris au lieutenant John Pike, de la police du campus de l’université de Californie à Davis d’utiliser une arme de guerre contre des étudiants participant à un sit-in en soutien au mouvement Occupy Wall Street. On ne sait pas non plus ce qui a saisi ses acolytes lorsqu’ils ont forcé des étudiants à ouvrir la bouche pour recevoir des giclées d’un composé poivré sous pression. Certains, selon un professeur, crachaient encore du sang trois-quarts d’heure après…

Un détourage de la silhouette du sieur John Pike, présentée sur le site Occupythegame (.com), est en passe de devenir le symbole de toutes les violences policières, peut-être y compris en Syrie ou en Égypte. John Pike a utilisé une bombe de pulvérisation contenant une concentration de produit plus de trois fois supérieure à celle employée pour le maintien de l’ordre contre des civils. Tout comme le taser, cette arme peut-être létale (notamment pour les personnes souffrant d’asthme), et en tout cas provoquer de graves lésions. La silhouette du policier est utilisée pour de multiples montages, employant des œuvres de la peinture classique (La Cène) ou contemporaine (Guernica). Mais aussi des photos célèbres.

 

À Seattle, des policiers n’avaient pas hésité à employer cette arme anti-émeute contre une dame âgée de 84 ans, de même que contre une jeune femme visiblement enceinte. Ce qui a conduit la droite américaine à estimer que le mouvement OWS utilisait des enfants et des vieillards en tant que boucliers humains (« OWS Now Using Unborn Children as Human Shields »).

 

Le mouvement Occupy Wall Street a essaimé (Seattle, Tacoma, Washington, Richmond, Chicago, &c.) sur la côte ouest des États-Unis et il se manifestera aussi demain et après-demain (25 et 26 nov.) par une journée sans achats (moratoire sur la consommation ou Buy Nothing Day).

 

Cette action est controversée car elle implique des interventions devant les entrées des hypermarchés ou dans les centres commerciaux.

Par ailleurs, Adbusters a lancé une campagne OccupyXmas (occuper Noël, incitant à renoncer aux dépenses liées aux fêtes de fin d’année).

 

Tout comme à Londres, des immeubles vacants sont réquisitionnés. Les répliques de la police sont fortes et le NYPD vient de diffuser une consigne de ne plus arrêter des journalistes (notamment s’ils suivaient des occupants empiétant sur des propriétés privées).

Diverses personnalités ont appuyé le mouvement et un album musical, Occupy this Album, sera diffusé, sans doute en décembre.
Le site Occupymusicians (.com) regroupe des centaines d’artistes dont, par exemple, Lou Reed.

Le mouvement s’essouffle mais promet de renaître plus fort au printemps.

Il est notamment appuyé par Kalle Lasn, de Vancouver, le rédacteur-en-chef du magazine Adbusters, et Micha White, de Berkeley, qui avait été l’un des premiers à lancer des messages sur les réseaux sociaux. Préparé individuellement depuis juillet, en prévision d’un rassemblement le 17 septembre dernier, le mouvement avait fait rapidement boule-de-neige, en Amérique du Nord.

Pour en revenir à John Pike, le policier d’UC à Davis, il fait à présent l’objet de fausses demandes de livraisons de pizzas ou d’autres fausses commandes. Mais il est surtout l’objet de multiples mises en scène, comme celles du site Pepper Spraying Cop et d’autres.

Vous pouvez aussi « occuper » des sites, comme ceux de Moody’s, de Standard & Poor’s, ou de votre banque favorite (ci-dessus, pour la démonstration, une occupation de Come4News). Il suffit d’entrer une adresse réticulaire (http://xxx.yyy.zzz) sur http://occupytheurl.com/.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

3 réflexions sur « John Pike, le petit Eichmann étasunien »

  1. Eichmann, t’as pas l’impression d’exagérer un peu là? Toutes les comparaisons ne sont pas bonnes à faire! Même si ce type est dangereux, évite certains noms s’il te plaît!

  2. La seule différence entre Pike et Eichmann, c’est que Pike n’a pas une armée de 500 000 SS à ses ordres, ce qui le rend moins dangereux dans les faits. Sinon, c’est le même genre de bonhomme.
    On croît souvent à grand tord que les Hitler, Himler, Goering et autres sont des fous comme il en existe très peu. Il en existe beaucoup plus qu’on ne le croît.
    La seule différence entre Hitler d’une part, et Sarkozy, Bush, Palin, Poutine, Tatcher ou Reagan de l’autre, c’est que l’un a réussi à prendre le contrôle total d’une énorme puissance industrielle avec laquelle il a pu faire ce qu’il veut -lever une armée, une police, organiser des rafles, gazer des gens…
    Alors que les autres n’ont soit pas accédé au pouvoir, soit y ont accédé mais en étant tenu par des institutions solides qui, fort heureusement, ne leur donnait pas tant de pouvoir que ça.

  3. Que ce soit John Pick ou Eichman, tout est question de moyen d’action !
    Vous lui donnez une bombe lacrimo et un uniforme de flic, il crame les yeux d’une grand-mère parce qu’elle n’est pas d’accord avec lui.
    Vous lui donnez un flingue, il tire dans la foule des manifestants.
    Vous lui donnez 100 000 types à commander et un stock de zyklon B, il extermine 6 millions de personnes.

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