L’article de politique fiction ci-après, concernant les deux années à venir jusqu’aux prochains JO de Pékin, n’est à mon sens pas si fictif que ça. Il s’inspire de faits réels, de ce qui se passe quotidiennement en Chine, et qui m’ont permis d’imaginer ce qui pourrait très bien se produire d’ici les prochains JO.
J’ai voulu que la tempête s’achève en arc-en-ciel pour le bien des peuples chinois et tibétains (on peut toujours rêver !), mais dans la réalité, il y a beaucoup plus de chances pour que l’histoire finisse mal, très mal ; le cynisme de la realpolitik s’accommodant fort mal du bien-être, de la volonté des peuples !
JO de PékinEntre tempêtes et arc-en-ciel8 août 2008, les 26° Jeux Olympiques de Pékin sont déclarés ouverts. Mais que de péripéties, de tempêtes sibériennes ont balayé la Chine avant de les voir fleurir.Ils n’auraient jamais dû s’ouvrir après ce qui s’est passé au cours de l’année écoulée, et pourtant, c’est dans l’allégresse générale, non seulement en Chine, mais dans le monde entier, que ces Jeux sont inaugurés.Tout a commencé le 13 juillet 2001, jour où le CIO a attribué les Jeux de 2008 à Pékin, capitale de la plus vaste dictature, la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Ce fut un tollé de protestations à travers toutes les démocraties de la planète. Le CIO essaya hypocritement de se justifier en déclarant que ces Jeux ouvriraient la Chine à plus de tolérance ; Jacques ROGGE, le nouveau président du comité déclara même qu’ils « renforceraient les Droits de l’Homme » !! Depuis quand renforce t’on quelque chose qui n’existe pas !!!!!La suite donna hélas raison aux pessimistes réalistes : destruction d’un grand monastère au Tibet et plusieurs milliers de moines chassés ; chasse continue aux membres du mouvement spirituel Falungong présenté par le Parti Communiste Chinois comme une secte cherchant à déstabiliser le pays ! chasse accrue aux sites internet par une cyberpolice omniprésente. En résumé, rien n’a changé en Chine. Onse demande bien pourquoi cela changerait à partir du moment où tous les grands décideurs de la planète caressent la dictature en place dans le sens du poil, se disputant des parts de marché comme des vautours se disputent une charogne. Ainsi, ils apportent leur soutien, leur caution à la barbarie du régime en place ; alors, pourquoi diable changer quoi que ce soit, tout baigne dans le meilleur des mondes !!
Mais l’histoire de la Chine va s’accélérer dès l’automne 2007 par toute une série de tempêtes qui ne seront que la suite logique du processus en cours.
Tempête dans les campagnes3 novembre, ennième expropriation de paysans à la périphérie de Pékin, expropriation par la force, par les forces de « l’ordre », comme à l’habitude. Expropriation pour percer un large boulevard destiné à faciliter les accès aux divers stades olympiques. Cette fois, le coup de force va encore plus mal tourner qu’auparavant.Il s’agit de près de 100 familles qui le même jour se retrouvent privées de terres. Elles sont, certes, indemnisées, mais pas au niveau prévu par la loi. Comme cela se passe habituellement, les divers intermédiaires se servent au passage, la corruption bureaucratique est ici endémique malgré les peines capitales encourues par les fautifs. Une fois de plus, c’est l’affrontement entre la police et des centaines de paysans, bien vite épaulés par des milliers d’autres accourus de toutes les campagnes environnantes ; même les citadins des lointaines banlieues de Pékin prennent fait et cause pour le monde rural, rejetés qu’ils sont eux aussi du centre de la ville pour cause de modernisme.Ce n’est pas la première fois qu’une révolte paysanne se solde par quelques dizaines de blessés avec parfois des morts, mais aujourd’hui il y a eu entre 20 et 30 morts selon les sources. Depuis 15 ou 20 ans, les expropriations forcées de paysans se multiplient autour des grandes villes pour cause d’urbanisation galopante, de ruée des campagnes (la population y est pressurée de taxes et impôts divers, de rackets par les « responsables » locaux tout puissants) vers les villes où ils seraient 150 millions, dans l’espoir d’un vie meilleure. Paysannerie laissée sur le bord de l’autoroute vers le profit auquel n’émarge que moins de 10% de la population, celle des villes côtières. Le « miracle » du boom économique chinois fait chavirer les esprits non seulement des Chinois, mais de la planète affairiste entière au chevet du mirifique marché de 1,3 milliard de clients potentiels mais qui ne profite qu’à quelques dizaines de millionsd’entre eux.Ils sont entre 7 et 800 millions (60% de la population) à très mal vivre de leur travail.Excédés, n’ayant plus rien à perdre, les paysans s’attaquent à la luxueuse résidence du secrétaire local du PCC qu’ils soupçonnent d’avoir détourné une partie des indemnités d’expropriation. Bien évidemment, la police intervient pour rétablir « l’ordre ». Scénario classique, des véhicules de la police sont renversés ; mais les esprits s’échauffent, la résidence est incendiée. La police, une escouade d’une centaine d’homme seulement, est dépassée par les évènements, s’affole. Un jeune policier inexpérimenté, se sentant menacé par un paysan « armé »…… d’une pelle, commet alors l’irréparable en ouvrant le feu, le tuant sur le coup. La situation empire, d’autres victimes tombent, toujours du côté des paysans. Les véhicules, ainsi que le poste de police sont à leur tour incendiés.En fin de compte, c’est l’armée qui intervient pour mater la rébellion et boucler le périmètre. Pour elle, le souci principal est de taire les évènements, de faire qu’ils n’arrivent pas aux oreilles de la presse, surtout la presse étrangère ! Mais à l’heure d’internet, tout finit par se savoir ; deux jours après tout de même, elle est mise au courant, même si elle ne connaîtra jamais le nombre exact des morts, empêchée d’aller enquêter sur place. Via Hong Kong, la nouvelle parvient au monde entier.
Décidément les futurs JO démarrent mal avec des stades bâtis sur des terres agricoles indispensables à la survie paysanne, et réquisitionnées par la force. Une fois encore, la charte olympique chère à l’humaniste baron Pierre de Coubertin, est piétinée.
Tempête dans les usines dortoirs28 janvier 2008, dans une des usines qui fabrique des chaussures de sport d’une marque mondialement connue, et qui chaussera nombre d’athlètes sur les stades de Pékin, plusieurs dizaines d’ouvrières viennent d’être intoxiquées en respirant accidentellement des vapeurs de colles utilisées pour l’assemblage des semelles. Là aussi, c’est l’omerta qui est la règle, aucune information ne sera fournit sur la nature des produits toxiques pourtant utilisés sans précautions à longueur de journée par des ouvrières non informées sur leur dangerosité. De plus, il faut savoir que dans ces usines dortoirs, les journées sont interminables, de 12 à 13 heures ; aussi, les accidents dûs à la fatigue sont légions. Les ouvrières souvent très jeunes, ne connaissent pas leurs droits, sont sous-payés ; elles viennent pour la plupart d’entreelles des campagnes où règne la misère, le chômage.
Hospitalisées dans un état grave, certaines seraient déjà décédées. Tout le personnel s’est aussitôt mis en grève, craignant de moins en moins les mesures de rétorsion de leur direction, d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’il y a accident, non respect des mesures de sécurité dans cette unité de travail. Elles font même le siège des bureaux de la direction qui en guise d’explications, d’apaisement, fait appel à la police pour évacuer les locaux par la force.
L’information dans la tourmenteLa presse qui n’est heureusement pas toute aux ordres du PCC essaye avec plus ou moins de réussite d’enquêter et de publier la vérité sur ces multiples catastrophes. Elle se heurte à la censure du tout puissant ministère de la propagande appelé pudiquement ministère de la publicité (mensongère !?), avec son agence de presse officielle Xinhua où son directeur à rang de ministre, c’est tout dire ! Des journalistes courageux se voient agressés jusque dans leurs rédactions saccagées, parfois jetés en prison à titre d’intimidation. Leurs déplacements sont limités, soumis à autorisation officielle !A l’approche des JO, presse internationale et télévisions présentent de plus en plus de reportages sur la Chine, elles relatent les évènements, tels quel, plutôt défavorables au gouvernement. Ce dernier, perdant son sang froid, lui qui a pour habitude de contrôler, museler les médias, se met tout à coup à tancer vertement la presse étrangère, surtout américaine. Elle l’accuse de mensonges, de partialité, d’anticommunisme primaire, de vouloir saboter ses Jeux.Une nouvelle tempête se déchaîne le jour où le comité organisateur sous contrôle du PCC tout puissant publie son règlement quant aux conditions de reportages lors des Jeux. En effet, pour obtenir sa carte d’accréditation, chaque journaliste devra signer un code de « bonne conduite » et se faire accompagner en permanence par un agent chargé de sa « sécurité » ! Evidemment, nul n’est dupe de cette curieuse prise en charge.Décidément, rien ne change en Chine, toujours plus ouverte au business, toujours plus fermée aux libertés fondamentales.De partout, des campagnes d’appel au boycott des JO de la honte reprennent de plus belle, trop c’est trop. C’est la tempête sur le CIO qui a jusqu’à maintenant brillé par sonsilence ; son argument massue d’ouverture du pays aux Droits de l’Homme a faitfaillite !
Quant à internet, il se développe rapidement, malgré une cyberpolice de plus de 50 000 hommes qui sévit pour encadrer cette toile qui s’étend partout, tentaculaire, forte de ses 110 millions d’internautes. Malgré tous les systèmes de filtrage, de verrouillage, avec la complicité de géants comme Microsoft, Yahoo et Google qui s’autocensurent pour se disputer eux aussi des parts de marché, les mailles du filet commencent à se déchirer. Débordant d’imagination, les internautes arrivent de plus en plus à les contourner pour avoir accès à la presse étrangère et être informé sur les sujets « sensibles » et dieu sait s’ils sont nombreux en Chine !
Tempête diplomatique11 février, après l’ambassade de Chine en Australie, nouvelle défection de diplomates, à Washington cette fois. Il s’agit du premier secrétaire et de divers attachés et conseillers, six personnes qui viennent de demander asile politique au gouvernement américain. Ils ont fait des révélations de première importance. Comme en Australie, il y aurait sur le territoire américain des milliers d’espions qui sous couvert de statut d’étudiants, de chercheurs, d’hommes d’affaires, essayent d’infiltrer des entreprises développant des technologies de pointe qui font cruellement défaut à la Chine, notamment dans le domaine aéronautique militaire et les missiles à très longue portée. Ils ont confié, comme d’autres l’ont déjà fait auparavant, qu’après la conquête économique de la planète, l’objectif final du PCC est de la conquérir par les armes, rien de moins !!Washington prend l’affaire très au sérieux, c’est la crise diplomatique avec rappels d’ambassadeurs, annulations de visites. Les USA sont les seuls capables d’affronter ouvertement la cynique et arrogante Chine ; aussi, tous les chercheurs chinois qui collaborent avec leurs homologues américains dans des secteurs dits sensibles sont suspendus de leurs fonctions. Comme à l’habitude les porte-parole de Pékin hurlent au coup monté, à la calomnie ! Les mines cercueils5 mars 2008, nouvelle catastrophe dans une mine de charbon où les accidents sont légions ; sécurité minimale pour un profit maximal. Il faut dire que les mines quiauparavant appartenaient à l’état ont été vendues au privé, soucieux avant tout derentabilité.
Cette fois, ce n’est pas un coup de grisou qui en est la cause, mais la galerie principale qui s’est effondrée faute d’entretien, enterrant à tout jamais 350 mineurs. Vu l’ampleur du drame, la presse est rapidement mise au courant, information répercutée dans le monde entier. Un ministre venait justement de passer le récent réveillon au fond dans une mine voisine pour témoigner de l’attention que porte le gouvernement à leurs dures conditions de travail !
Tempête sur les laogai24 mars 2008, un avis de tempête tombe d’Oulan Bator, capitale de la Mongolie. Quatre Chinois évadés d’un laogai viennent de demander l’asile politique à ce pays où ils arrivent plus morts que vifs. En effet, après leur évasion avec huit autres de leurs compatriotes, ils ont réussit l’exploit de traverser une partie du désert de Gobi avant d’arriver en Mongolie à quatre seulement, les autres y ont laissé la vie.Ils se sont évadés de l’un des 1200 camps de « rééducation » politique par le travail, (beaucoup sont des prisonniers d’opinion) selon le recensement d’Harry Wu, un Chinois qui a vécu leur enfer 19 ans durant. Ils sont l’équivalent des anciens goulags soviétiques où les prisonniers sont astreints à des journées de travail de plus de 12 heures, sans salaire bien souvent. Enfer pour les prisonniers qui sont matés par la privation de nourriture et de sommeil.
Ils viennent remettre sur le devant de la scène une facette un peu oubliée de la Chine communiste, ses laogais et son réservoir de quelques 8 millions de travailleurs forcés où l’on fabrique de nombreux produits « made in China » qui inondent ensuite le marché mondial, à bas prix et pour cause !!!! Coup de tonnerre, ils annoncent, preuves à l’appui, que dans leur usine prison, ils fabriquaient……..les cinq mascottes des prochains Jeux Olympiques !!!!!! le symbole par excellence des Jeux, symbole de paix, de fraternité. Ils confectionnaient également des gadgets pour servir de cadeaux de bienvenue aux athlètes et spectateurs de ces JO, bienvenue…… dans la plus vaste prison du monde !!!!!!!!
Tempête finaleC’est la tempête de trop qui va provoquer un raz-de-marée planétaire et enfin réveillerla conscience mondiale jusque là bien léthargique.Le CIO qui avait toujours oscillé entre naïveté et hypocrisie sort enfin de ses gonds, et demande de sérieuses explications à Pékin qui lui avait certifié que tous les produits estampillés olympiques étaient fabriqués dans des conditions sociales propres (propres selon les normes chinoises sans doute !!). Selon son discours habituel, la dictature hurle à la machination, au sabotage de ses JO, orchestré par les forces impérialistes !Il faut savoir, sans vouloir défendre Pékin, que dans la vaste Chine, plus on s’éloigne de la capitale, moins le gouvernement maîtrise la situation ; aussi, est-il possible qu’ils ne sachent pas vraiment où les mascottes se fabriquent, et que de sous-traitant en sous-traitant nul ne sait qui fait quoi !! Pour faire un maximum de profit qui est maintenant la règle dans ce pays (Le slogan de Deng Xiao Ping : « enrichissez-vous » est suivi au pieds de la lettre !), les laogais sont devenus des usines comme les autres, très rentables, vu que les prisonniers ouvriers sont rarement payés.Le CIO pressé de toutes parts brandit la menace d’annulation des Jeux, une première dans l’histoire olympique !Dans la presse aux ordres, rien ne filtre. Pourtant la population est vite informée grâce à internet, le bouche à oreille et la presse courageuse. Le peuple chinois réalise que l’attention du monde entier est fixée sur la Chine ; se produit alors l’inimaginable. Bien que sans organisation, les syndicats indépendants sont interdits, le peuple va saisir cette occasion pour manifester son ras-le-bol, pour faire savoir au monde entier que le « miracle » économique chinois tient plutôt du mirage, du cauchemar même en s’édifiant sur le dos de l’immense majorité au profit de quelques millions seulement. Il réclame l’abolition du PCC, rien de moins ; le tout puissant et tentaculaire PCC, la fondation de la muraille dictatoriale chinoise ; parti honni, à la source de tous les malheurs du peuple chinois.Le séisme a son épicentre à Pékin. Se dressent alors dans un même élan des couches sociales qui ne s’étaient jamais retrouvés au coude à coude : une marée de paysans de toutes les campagne environnantes, les premières victimes du « miracle » économique ! des dizaines de milliers d’ouvriers migrants au chômage, des citadins rejetés du centre ville vers la périphérie, ne pouvant plus se payer un loyer exorbitant suite à la vague de modernisation, des milliers de membres du mouvement spirituel Falungong toujours pourchassés, emprisonnés et souvent torturés.Grâce à internet décidément de plus en plus efficace, tout le pays est rapidement misau courant de la situation explosive. Consciente des enjeux, la population réalise quec’est le moment ou jamais ! Il n’y a guère que les laogais que la lame de fond ne submerge pas !Pour la première fois, le peuple occupe la rue, bloque les grands axes routiers ; toutes les grandes villes sont paralysées, les usines ne fonctionnent plus. Il est d’autant plus déterminé qu’il se sait observé et même soutenu par la planète entière. 700 millions de paysans ou presque assiègent les bâtiments des représentants locaux du PCC qui les pressure tant. Après le printemps de Pékin mort né de 1989, vivrions-nous enfin le printemps, le véritable éveil libérateur de la Chine ?! En effet, cette fois, c’est beaucoup plus sérieux ; de quelques milliers d’étudiants naïfs qui manifestaient pacifiquement en mai et juin 1989 sur la place Tien An Men, ils sont maintenant des millions à travers toutes les grandes villes, plus aguerris, plus agressifs, armés de bâtons, de barres de fer, d’outils agricoles et de chantiers pour se défendre.Police et armée sont bien évidemment sur le pieds de guerre, mais confinées dans leurs casernes pour la plupart, afin d’éviter l’affrontement direct qui ne pourrait qu’être dramatique à tout point de vue. Les JO doivent normalement s’ouvrir dans 5 mois !!!!!! Le monde entier retient son souffle, les yeux rivés sur cet évènement de dimension planétaire.Le gouvernement pris de court par la fulgurance des évènements ne sait quelle décision prendre, temporise, se contente de protéger les centres névralgiques, dégager les grands axes de communications pour éviter l’asphyxie totale. La dictature du PCC réalise que pour la première fois de son histoire, il ne pourra pas rétablir « l’ordre » par la force comme il l’a toujours fait jusqu’à ce jour ! Impossible de refaire le coup de Tien An Men cette fois, sous peine de chaos.A l’inverse, 1,3 milliard de Chinois savent que unis pour la première fois, ils peuvent enfin se libérer, que le renversement du PCC est enfin possible, à portée de main, eux qui le subissent depuis 1949. Comme par enchantement, des leaders surgit de nulle part, apparaissent pour organiser, diriger cette marée humaine jusqu’alors sans organisation, disparate, démunie, timorée face au rouleau impitoyable d’une police, d’une armée omniprésente. Dès lors tout semble possible, la Chine nouvelle est en marche !Cette fois, le pouvoir va devoir négocier avec son peuple qui à travers les siècles a, la plupart du temps, vécu sous le régime de la terreur, n’ayant jamais eu voix au chapitre.Le régime chinois est tétanisé face à cette situation inédite qu’il n’avait jamais envisagé, sûr de sa force, de ses instruments de répression pour faire taire toute opposition, la hantise de perdre la face le paralyse ! Il n’a jamais été préparé à négocier quoi que ce soit avec qui que ce soit, pas même dialoguer, ne connaissant que le dialogue des armes !Des deux côtés, la tension est extrême, la population bien que décidée est prise de vertige face à sa propre audace : oser défier ouvertement le PCC et son instrument de répression, l’Armée Populaire de « Libération » la mal nommée, qui n’a jamais libéré qui que ce soit, bien au contraire, forte de ses 2,3 millions d’hommes, la première du monde en nombre. On redoute le choc frontal, brutal, tant la population exaspérée par des décennies d’injustices, de brimades, de souffrance silencieuse, semble vouloir se lâcher.Toute la planète sent que le destin de la Chine va se jouer ces prochains jours ; de quel côté va-t-il basculer ?C’est alors que des voix, surtout des Chinois de l’exil, tels Harry Wu, Wei Jingsheng…… pour les plus connues, s’élèvent. Voyant que le drame est imminent dans leur pays, ils demandent l’intervention d’un médiateur extérieur, d’une conscience universellement connue et reconnue pour débloquer la situation et éviter un bain de sang. Wei Jingsheng, proche du Tibet, il devait même autrefois épouser une Tibétaine, propose le nom du Dalaï Lama pour remplir ce rôle !Côté Pékin, c’est la stupeur……. le moins qu’on puisse dire ! Acculé, le gouvernement, est prêt à accepter n’importe quel médiateur, mais lui…. ! Leur mouton noir, ou plutôt leur « loup en robe de moine », la « tête de serpent », un « séparatiste » comme ils l’appellent ! Il n’a pas de mot assez dur pour le décrire. Quant au peuple chinois, qui occupe le terrain, campe dans la rue, il finit par se rallier à l’idée, le moment de surprise passé. Tous ont plus ou moins entendu parler du leader tibétain, et pour les citadins qu’il est le lauréat du Prix Nobel de la Paix 1989 ; homme de paix, ça tombe bien par les temps qui courent ! S’il veut bien jouer ce terrible rôle, pourquoi pas ?Les intellectuels qui eux connaissent sa sagesse, son long combat pour la Paix, la Vérité, font immédiatement leur cette proposition, la trouvant même lumineuse. Un Prix Nobel de la Paix, ça ne se refuse pas, si ce dernier est d’accord, bien évidemment ! Le nom de Sa Sainteté le Dalaï Lama se répand alors comme jamais nouvelle ne s’est répandue à travers le pays, censure chinoise aux abonnés absents censurée ! Une révolution de plus ! Du jour au lendemain, la population en colère scande son nom,alors que l’intéressé n’est même au courant du rôle qu’on veut lui faire jouer !Médiateur impensable pour la dictature, muraille de Chine désormais bien lézardée, le PCC finit, bien à contrecoeur, par se ranger à cette idée. C’est lui ou le chaos !! D’autant plus qu’ils viennent d’apprendre que des généraux de l’armée ne sont pas prêt à jeter leurs troupes contre leur propre peuple.Maintenant, il s’agit de convaincre le leader et grand Sage tibétain de bien vouloir jouer ce rôle impossible. C’est Wei Jingsheng, d’ailleurs ami du Dalaï Lama, accompagné de quelques autres dissidents chinois de l’exil, qui se charge d’aller le rencontrer dans sa retraite d’exilé de Dharamsala dans le nord-ouest de l’Inde ; entre exilés on se comprend mieux ! C’est ici que vit le charismatique leader depuis 1959, date de sa fuite de Lhassa devant l’envahisseur chinois. Lui et son gouvernement sont bien entendu au courant de tous les évènements.Pour les sept millions de Tibétains qui subissent le joug chinois depuis 1950, ainsi que pour les quelques 200 000 exilés en Inde, c’est le moment, dont ils n’osaient même pas rêver, de relever la tête, de poser leurs conditions. Comme pour le peuple chinois, ils estiment que c’est le moment ou jamais de faire entendre leur voix, leurs doléances à la face du monde qui depuis quelques années les avait bien oublié ; guerres plus proches et surtout business effréné obligent !A Dharamsala où se concentrent tous les partis politiques, c’est le branle-bas de combat pour exiger en contrepartie l’indépendance du Tibet.Apôtre de la paix à l’image de Gandhi, de dialogue et de vérité, le Dalaï Lama accepte bien volontiers de jouer cet incroyable rôle, à partir du moment où ses amis chinois comme il les appelle le lui demandent sans penser à exiger la moindre contrepartie. Il estime que son devoir est avant tout d’éviter un cataclysme humain. Devant cette exceptionnelle bonne volonté désintéressée, même le PCC est sensible ! Un ballet diplomatique incessant fait dès lors le siège de la résidence du Dalaï Lama pour préparer sa venue à Pékin. Se présentent jusqu’à des membres du gouvernement chinois ! La planète entière n’en croit pas les communiqués de presse qui tombent au même rythme que les murailles du totalitarisme de Pékin. Le Dalaï Lama qui n’a pas encore mis les pieds à Pékin est déjà annoncé comme le sauveur d’un quart de l’humanité dont les gouvernants martyrisent pourtant son peuple depuis 55 ans !! Le peuple chinois l’attend comme le messie, le voit par avance comme le libérateur du joug de leur dictature, alors que son propre peuple tibétain, lui, n’est toujours pas libéré !!21 mai, le Dalaï Lama arrive sur le sol chinois, à Pékin où il n’avait plus remis les pieds depuis ses jeunes années, en 1954, sous l’ère Mao. Il arrive dans la plus grande discrétion pour éviter des débordements de tous ordres dans un pays suspendu au dessus du gouffre depuis presque 4 semaines.Les négociations entre représentants du peuple et le gouvernement chinois avec à sa tête le Président Hu Jintao (ancien « boucher » de Lhassa, comme les Tibétains le surnomment!) sous la médiation du Dalaï Lama, vont se dérouler dans le plus grand secret. Mais dans toute la Chine, dans les villes, les campagnes même reculées, tout le monde sait qu’elles ont enfin commencé ; le miracle internet a tissé sa toile libre de toutes entraves, même au Tibet où 7 millions de Tibétains, éternels oubliés, sortent des ténèbres, fiers d’être propulsés sur le devant la scène mondiale à travers leur guide spirituel et temporel. Eux aussi pressentent que leur avenir se joue maintenant.C’est en une semaine à peine que les négociations vont être menés à terme. La terrible pression, le charisme, l’inspiration et la clairvoyance du Dalaï Lama auront certainement pesés lourd dans les débats ; mais çà, on ne le saura jamais !Le premier juin, l’annonce des accords va provoquer un nouveau séisme dans toute la Chine avec ondes de choc planétaires, un séisme libérateur dans les esprits. La dissolution du tout puissant Parti Communiste Chinois est prononcée, la fin d’une époque de malheur, de terreur, de mensonges ; le véritable Grand Bond en avant vient d’être exécuté ! Hu Jintao qui détenait jusqu’alors tous les pouvoirs perd son poste de secrétaire général du PCC défunt, mais demeure Président de la République et chef des armées. L’honneur si cher aux dirigeants chinois et les apparences sont saufs, mais en réalité son pouvoir absolu est largement entamé !Le PC abolit, le régime perd son assise sur laquelle la dictature s’appuyait. De plus, le gouvernement mortifié s’engage à négocier avec ses minorités tant brimées, principalement les Ouighours du Xinjiang et surtout les Tibétains avec à la clé une véritable autonomie et le respect de ses frontières historiques comme le réclame depuis si longtemps le Dalaï Lama qui aura bien mérité de la patrie !Le vent frais et printanier de la démocratie annoncée se lève sur la Chine nouvelle.L’honneur est sauf, les JO sont sauvés ! Le monde entier est soulagé !Le CIO a sauvé lui aussi les apparences et de façon bien imméritée ses JO considérés il y a peu comme les JO de la honte.
8 août 2008, deux mois après les évènements, les 26° Jeux Olympiques de la 29° olympiade sont inaugurés par le Président de la République chinoise Hu Jintao, le Président du CIO le belge Jacques Rogge, avec comme invité d’honneur………Sa Sainteté le Dalaï Lama. Jamais le CIO n’aura invité un homme incarnant autant ses idéaux olympiques, paix et dignité humaine dans une Chine du renouveau. D’ailleurs, en pénétrant dans le stade sous les ovations, les trois hommes sont accueillit par un superbe et inattendu arc-en-ciel, un miracle de plus !
R. CHARRET