Jean-François Copé, avocat affairiste à temps partiel

Le scoop provient de Capital.fr, révélé dans une Brève datée du 13 septembre : Jean-François Copé a rejoint le cabinet d'avocats d'affaires Gide Loyrette et Nouel. Information seulement reprise par Les Echos et l'Obs.com. Elle a pourtant de quoi faire bondir ! Ce sémillant représentant de la droite décomplexée y travaille à temps partiel les vendredis et samedis. Jean-François "cloporte" Copé a donc besoin d'argent. Il ne dispose pour vivre que de ses seules indemnités de maire de Meaux et de député de Seine-et-Marne, soit environ 9500 € net mensuels !

Une misère, pour qui croit que les classes moyennes en France gagnent 4000 euros net. Il avait proféré cette ahurissante énormité – pour mémoire, le revenu médian des Français est de 1 484 euros exactement – alors qu'il était ministre du Budget ! Ces gens-là vivent décidément dans un autre monde. Donc Copé n'entend pas se contenter de ses indemnités d'élu, pourtant très confortables.

Il est guidé par l'appât du gain, ce qui n'est pas un crime. En cela, il est cohérent avec l'idéologie dominante de la droite bling-bling. Qu'il s'enrichisse, soit. Mais qu'en pensent ses administrés meldois ? Et les électeurs de sa circonscription de Seine-et-Marne ? Voilà un type à qui l'exercice de ses deux mandats (ajoutons aussi pour la bonne bouche la présidence de la Communauté d'agglomération de Meaux et celle du groupe UMP à l'Assemblée nationale) lui laisse deux jours par semaine pour faire ses lucratives affaires personnelles !

Ce mépris de l'électeur n'est pas le seul problème soulevé par son nouvel emploi. Copé est certes avocat : il a prêté serment au mois de mai dernier devant la Cour d'appel de Paris. Mais pourquoi donc un cabinet tel que Gide Loyrette et Nouel, l'un des plus importants en France – il rassemble 650 avocats dans 21 bureaux disséminés dans le monde entier – engage-t-il ainsi un avocat débutant ? Il est clair que ce n'est pas le juriste Copé qui les intéresse, mais le politicien Copé.

D'ailleurs, Capital.fr écrit qu'il "devrait mettre son important carnet d’adresses au service de certains dossiers clés de ce cabinet international". Cela ne choque-t-il donc personne? Un élu de la République va faire jouer ses relations – au vu de la position de Copé, lesdites relations se situent dans les milieux du pouvoir – au profit d'intérêts privés (et pour le plus grand bénéfice de son portefeuille personnel) : on n'est quand même pas loin du trafic d'influence ! Juré, craché, Copé ne s'occupera pas d'affaires en rapport avec l'Etat, se défend son entourage.

Utile précision : Gide Loyrette et Nouel est justement conseil de l'Etat pour la fusion GDF/Suez ! Drôle de mélange des genres… Le président du groupe parlementaire du parti majoritaire montre ainsi l'exemple et donne tout son sens à la volonté proclamée par son chef, depuis propulsé à l'Elysée, de "remettre de la morale dans la politique".

Mise à jour du 11 octobre : ça n'aura pas tardé ! Lire Les bonnes relations de Copé au service de son cabinet d'avocats.

10 réflexions sur « Jean-François Copé, avocat affairiste à temps partiel »

  1. Je ne pense pas que cette information soit exacte !

    En effet, Jean-François Copé, qui est Maire d’une commune, est également un Député. Or, la Constitution française interdit à tout député d’exercer en même temps le métier d’avocat !
    Donc, si cette information est exacte, Jean-François Copé a dû démissionner de son mandat de député avant de rejoindre ce cabinet d’avocat !

  2. @ Olivier Bonnet
    Olivier Bonnet, dans ces conditions et si l’information avancée par « CAPITAL » s’avère exacte, s’il choisit de rejoindre ce cabinet d’avocats, Jean-François Copé sera bel et bien contraint de démissionner de son mandat de Député ! Ce n’est pas moi qui le dis ! C’est la Constitution qui l’impose en interdisant de façon formelle qu’un député puisse être en même temps avocat, ou gérant de société !
    Cependant, un député peut, tout en conservant son mandat, exercer la médecine (la chirurgie) en milieu hospitalier… Il peut même, s’il est pilote de ligne, continuer à voler, ce, afin de ne pas perdre sa licence de vol…

  3. Il n’est pas exact de dire que la Constitution française interdit le cumul entre un mandat parlementaire et la fonction d’avocat.
    Un tel cumul est possible, mais le Réglement Intérieur du Barreau de Paris précise que cet avocat ne pourra, entre autre, intervenir pour ou contre l’État.

    Le cumul aurait été impossible si Monsieur Copé avait été ministre.

  4. Et Maître Ségolène ?
    Je vous invite à lire attentivement la biographie de la grande cheftaine du PS, cette chère Ségolène Royal.
    En 1994, peu après sa sortie du gouvernement et la lourde défaite de la gauche, « Ségo » s’inscrit discrètement au barreau de Paris et entre comme avocate au cabinet de son ami Jean-Pierre Mignard (tout comme François Hollande le fera en 1997).
    Or, à la même date, Maître Ségolène Royal est aussi :
    – député de la 2e circonscription des Deux-Sèvres
    – conseillère générale du canton de la Mothe-Saint-Héray
    – conseillère municipale de Melle
    – premier secrétaire de la fédération départementale du PS des Deux-Sèvres
    C’est bizarre comme parfois un « scandale » médiatique peut naître de manière très sélective en fonction de l’étiquette politique !

  5. Merci Joseph-K
    C’est bon à savoir.
    Mais il me semble que vous me faites un procès d’intention : 1994, ça fait 13 ans. A l’époque, je n’avais pas de blog et je n’écrivais pas sur la politique.
    Aujourd’hui, je suis l’actualité au jour le jour et parle des choses quand elles surviennent. J’ignorais ce détail de la bio de Royal. Et quoi qu’il en soit, le fait qu’elle ait fait cela il y a 13 ans enlève-t-il quoi que ce soit au fait qu’il est scandaleux que Copé le fasse aujourd’hui ?

  6. Gilles-Avocat
    Je confirme : comme il est parlementaire, Jean-François Copé ne peut pas être avocat…

    Voici ce que précise, dans son chapitre sur les Incompatibilités, la Constitution de la Vè République Cf. « Les Pouvoirs publics », in JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE, Paris, juillet 1995 :

    ART. L.O. 149 (5) – Il est interdit à tout avocat inscrit à un barreau, lorsqu’il est investi d’un mandat de député, d’accomplir directement ou indirectement par l’intermédiaire d’un associé, d’un collaborateur ou d’un(e) secrétaire, sauf devant la Haute Cour de Justice et la Cour dde Justice de la République, aucun acte de sa profession dans les affaires à l’occasion desquelles des poursuites pénales sont engagées devant les juridictions répressives pour crimes ou délits contre la Nation,l ‘Etat et la paix publique ou en matière de presse ou d’atteinte au crédit ou à l’épargne ; il lui est interdit, dans les mêmes conditions, de plaider ou de consulter pour le compte de l’une des sociétés, entreprises ou établissements visés aux Articles L.O. 145 et L.O. 146 dont il n’était pas habituellement le conseil avant son élection, ou contre l’Etat, les Sociétés nationales, les collectivités ou établissements publics, à l’exception des affaires visées par la Loi n° 57-1424 du 31 décembre 1957 attribuant aux tribunaux judiciaires compétences pour statuer sur les actions en responsabilité des dommages causés par tout véhicule et dirigées contre une personne morale de droit public ».

  7. les avocats
    Lors de sa prestation de serment, l’avocat s’engage à exercer ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité[3]. Il fait partie d’une organisation professionnelle, l’Ordre des avocats. Chaque Ordre dépend du barreau d’un tribunal de grande instance. La fonction des avocats est de consulter, de rédiger des actes juridiques, et surtout de représenter et d’assister leurs clients devant les juridictions.

  8. Je voudrai poser une question à Monsieur Copé, avocat. Monsieur, j’aimerai avoir votre point de vue en tant qu’avocat. Pas en tant que membre d’un parti au service du gouvernement.Mais un homme de droit, un juriste. Pourquoi je demande cela, parce j’ai beaucoup d’estime pour vous sur tes positions pas en tant que politique.. 1° Au dessus du conseil constitutionnel, ou de la cour suprême comme aux Etats-Unis, existe-t-il un organe plus élévé dans un pays ? 2° Est-ce qu’un Président d’un pays quelque soit sa puissance militare ou économique, peut-il donner l’ordre à un Président d’un pays ami, petit soit-il, un ordre ou un ultimatum de quitter son poste de président reconnu et déclaré par la haute autorité constitutionnelle? Monsieur l’avocat je vous remercie avec un profond respect.

Les commentaires sont fermés.