Je crois que je l’aime, moi aussi

Champagne !

 

Le dernier film signé Pierre Jolivet pétille et rend joyeux. Ce qui entre nous, devrait être l’ambition de tout réalisateur de comédie. Ce n’est pas la règle dans le genre, loin s’en faut. Mais Pierre Jolivet n’est pas n’importe qui et sa comédie se révèle aussi fine que tonique.

 

On la savoure de bout en bout.

« La petite entreprise"  a grandi et c’est en entrepreneur high tech que nous retrouvons Vincent Lindon alias Lucas, père célibataire devenu prudent à l’extrême depuis qu’il a été trompé par une ex-compagne, espionne industrielle.

Son accolyte (François Berléand) n’est plus agent d’assurance véreux mais agent de sécurité haut de gamme chargé de surveiller les faits et gestes de Sandrine Bonnaire en céramiste passionnée par son métier.

 

Pas de temps mort dans l’action, le rythme est enlevé. La légèreté ciselée des dialogues est servie par un excellent casting d’acteurs qui jouent à l’unisson, même les seconds rôles imposent leur partition (ah Brigitte la fidèle secrétaire pleine d’attention pour son patron ! saisissante de vérité). Sandrine Bonnaire que l’on a déjà vu dans des rôles solaires, je pense notamment au « Mademoiselle » de Philippe Lioret où elle partageait l’affiche avec Jacques Gamblin, habite son personnage avec grâce et justesse.

Elle représente une catégorie de femmes d’aujourd’hui qui tend à se développer, des femmes seules qui s’assument avec leurs talents et leurs failles. Notre héroïne suit d’ailleurs une psychanalyse mais petit détail drôle, muette jusqu’à ce que ses difficultés amoureuses produisent un déclic et la fassent s’épancher.

Elle offre une même résistance qu’à son thérapeute à Lucas, l’homme d’affaire et son employeur par-dessus le marché, qui la courtise obstinément.

Les deux amoureux sont aussi méfiants l’un que l’autre, seulement l’attirance qu’ils éprouvent finira par triompher de la peur de s’engager (pour lui) et de la déception (pour elle). Ces deux personnages concoctés par Pierre Jolivet et son coscénariste Simon Michaël, ont une certaine épaisseur. Bien qu’ils soient des privilégiés de la vie (l’une arrive à vivre de son art, l’autre est un businessman accompli qui arbore tous les accessoires de la réussite professionnelle), ils n’en demeurent pas moins des êtres qui ont un passé, chacun des blessures à panser. Par exemple, Lucas qui vit séparé de son fils aux Etats-Unis avec sa mère, commence à ne plus se satisfaire des vidéos conférence comme seul lien entre eux.

Au-delà des péripéties de la rencontre entre deux protagonistes appartenant à des mondes bien séparés, le film nous parle de la confrontation avec l’autre, de la difficulté à s’ouvrir en se faisant confiance (à soi et à l’autre). Morale de l’histoire : il faut apprendre à s’apprivoiser, aller au-delà des apparences, savoir également prendre des risques pour tomber sur l’amour selon son cœur.