Italie, un gouvernement de coalition gauche droite qui squeeza le M5S,

comme une paire de pauvres couillons de passage.

 

Voir «L’Italie fragmentée par des fanfarons irresponsables» et «L’Italie, Monti, d’Alfano no vogliamo mandare il Paese a scatafascio,».

 

Depuis le 21 décembre 2012 date de la démission du président du Conseil Mario Monti, l’Italie se préparait à une campagne électorale qui présageait des difficultés dues à son instabilité politique. Les partis ne pouvant gouverner que dans une coalition, ce qui mit le mouvement cinq étoiles dans le vent, et donna à la droite berlusconienne le contrôle de l’exécutif sous la franche rigolade de Peppe Grillo. La Constitution italienne qui implique une même majorité politique au parlement et au sénat ne facilite pas l’émergence d’un gouvernement dès lors qu’aucun parti n’est assez fort pour une majorité aux deux chambres. De plus, le parti déclaré en tête au parlement bénéficie d’un bonus lui permettant d’assurer son leadership ce qui n’est pas possible au sénat. Le mode d’élection des sénateurs est régional 309 sénateurs pour 20 régions avec quatre sénateurs à vie. La majorité dégagée des votes régionaux est donc différente de celle nationale.

L’Italie se préparait à des jours difficiles à l’après Monti, on savait bien qu’il avait peu de chance d’être reconduit dans les urnes. Ses presque deux années de gouvernance n’ont pas permit que l’Italie retrouve un équilibre financier, même si ses taux d’emprunts furent plus abordables. Mario Monti et son gouvernement dit de «techniciens» fut une entorse à la démocratie imposée par Giorgio Napolitano président de la république pour sauver l’Italie du gouffre des taux d’emprunts cause de l’extravagance de Berlusconi qui n’inspirait aucune confiance au Merkozy, mais aussi aux agences de notation. Il fallait donc une personnalité de confiance aux marchés et Mario Monti, ancien conseiller de Goldman Sachs, comme l’est d’ailleurs Mario Draghi président de la BCE était tout indiqué pour appliquer des réformes d’austérité, voir «Le plan de rigueur de Mario Monti».

L’Italie est un pays inhomogène dans sa structure, les Italiens payaient peu de taxes sur la propriété et la fraude est très importante dans le Sud qui est sous perfusion du Nord par le Mezzogiorno. En fait, l’Italie ne peut soutenir la valeur de l’euro, son ancienne monnaie la lire a toujours été une monnaie faible par rapport au Mark et au Franc. Les réformes structurelles développées par Mario Monti conduisirent à la faillite de nombreuses petites industries qui se virent taxées, alors qu’elles s’en échappaient auparavant. De nombreux suicides eurent lieu, sans que le pays sorte de sa récession. Mario Monti et sa coalition centriste furent donc le grand perdant de ces élections générales.

Les élections générales des 24 et 15 février virent l’émergence du mouvement populiste cinq étoiles de Peppe Grillo qui fit jeu égal avec les partis traditionnels, en surfant sur le mécontentement général et le discrédit des partis traditionnels. Du FN dans sa politique en quelque sorte puisqu’il prêche aussi la sortie de la zone euro, mais aussi un parti insaisissable, sa structure est ancrée sur les réseaux sociaux. Son obédience est difficile à cerner.

La majorité absolue à la chambre fut obtenue par Pier Luigi Bersani avec 340 sièges avec la prime au premier, Berlusconi 124 sièges, Grillo 108 sièges, Monti 45 sièges. Aucune majorité de soutien au Sénat Bersani devant, 120 sièges, Berlusconi 117 sièges, Grillo 54 sièges, Monti 18 sièges, ce fut l’impasse gouvernementale.

Le président Giorgio Napolitano tenta bien une première expérience le 22 mars pour la formation d’un gouvernement avec Bersani arrivé en tête aux deux chambres et son parti PD de centre gauche, sans succès. Bersani ne voulait aucune alliance avec Berlusconi, et le Mouvement cinq étoiles ne voulait constituer une coalition avec le centre gauche de Bersani. L’impasse fut confirmée.

Le 30 mars le président Napolitano annonça la nomination de deux groupes de travail, le premier, composé de quatre personnes, fut chargé de proposer une série de réformes institutionnelles nécessaires pour mettre fin au blocage politique, le second, composé, lui, de six membres, devra penser aux grandes réformes économiques et sociales dont le pays a besoin. Le président Napolitano rappelant toutefois que le gouvernement Monti continuera de gérer les affaires courantes, pour des décisions dans le domaine économique, n’ayant pas été mis en minorité au Parlement.

Le 12 avril suivant, après s’être fait remis les conclusions de ces deux groupes de travail, le chef de l’État lança un ultime appel à «la responsabilité des partis politiques» et déclara laisser en suspens la procédure de nomination d’un gouvernement jusqu’à l’élection de son successeur au palais du Quirinal, la résidence présidentielle. Le 20 avril, au matin, deux jours après l’ouverture de la session conjointe des chambres du Parlement et du sénat, un cinquième tour de scrutin ne permit pas de désigner un nouveau président du conseil.

Le président Napolitano fut sollicité par le Parti démocrate de Bersani, le Peuple de la Liberté, le PdL de Silvio Berlusconi, la Ligue du Nord LN de Roberto Maroni, et le Choix citoyen SC de Mario Monti, pour se porter candidat pour un second mandat présidentiel, considérant cette candidature comme «un devoir de responsabilité devant la Nation». Le même jour, Giorgio Napolitano fut confortablement réélu président de la République, au sixième tour de scrutin, par 738 grands électeurs, ayant reçu le soutien du PdL, d’une grande partie des grands électeurs du PD, de la LN et de la SC, il fut, en conséquence, le premier président sortant reconduit pour un nouveau mandat présidentiel, bien qu’il ait déclaré que ce second mandat ne serait que provisoire.

Le 24 avril, deux jours après l’inauguration de son second mandat, le président Napolitano, à la suite d’une troisième série de consultations des groupes parlementaires au Quirinal depuis les élections de février, chargea le député démocrate Enrico Letta de former un gouvernement d’union nationale, alliant le PD, le PdL et la SC. La presse italienne jugea ambitieuse la nomination de cet ancien ministre de la démocratie chrétienne de 46 ans passé au centre gauche.

Le président Enrico Letta obtint la confiance le lundi 29 au soir par une large entente entre le centre gauche, la droite berlusconienne, et les centristes. Sur les 606 députés qui votèrent, 453 ont dit "oui" au gouvernement de M. Letta, tandis que les "non" furent de 153.

Dans son discours devant les députés, tôt dans la journée, le nouveau chef du gouvernement italien estima que l’Union européenne était en pleine «crise de légitimité et devait faire un effort pour devenir un moteur de développement durable». Il dressa un réquisitoire contre la politique d’austérité de son prédécesseur, Mario Monti.

«L’Italie se meurt à cause de la seule austérité. Les politiques en faveur de la relance ne peuvent plus attendre», lança-t-il avant d’ajouter que «la réduction de la pression fiscale sans endettement sera un objectif permanent de ce gouvernement dans tous les domaines».

Dans une politique du même ordre que celle de Français Hollande, ses priorités iraient à la création d’emplois et l’aide aux PME, mais aussi la réforme des institutions et du code électoral. S’attaquer au chômage des jeunes qui atteint plus de 40 % ainsi que la volonté de résultats sinon, il partira au bout de 18 mois.

Dans sa liste de réformes en vue de la confiance à la chambre il fit un certain nombre de promesses ambitieuses sur la politique économique.

Il Fatto Quotidiano.

Governo Letta, le promesse del nuovo premier costeranno oltre 20 miliardi.

Les promesses du nouveau président du conseil coûteront au delà de 20 milliards.

Les objectifs du nouveau gouvernement sont très ambitieux, pas clairs quant à leur financement. De la Imu, taxe foncière impopulaire que la droite PDL de la coalition veut suspendre, en y faisant une condition à son soutien politique. De la hausse projetée de la TVA, au CIG un fonds public spécial pour protéger le revenu des travailleurs financé par l’État Cassa Intégrazione Guadagni, à la réforme des pensions dont la ministre Elsa Fornero prévoyait de relever l’âge de la retraite pour les précaires de l’administration publique, sont autant d’objectifs pour Enrico Letta à aborder immédiatement par ce qu’ils ont des échéances tandis que les autres problèmes peuvent être reportés à plus tard.

Le problème pour Enrico Letta concerna le financement des promesses, autant dire les difficultés qu’il devra aborder.

Pour la taxe foncière sur la résidence principale son rendement est de 4 milliards d’euros et sa révision promise en juin à 50 % du total conduira à une perte de 2 milliards d’euros, sur le chiffre d’affaire total de la taxe de 23,7 milliards. Le gouvernement devra donc trouver 2 milliards pour assurer le paiement prévu le mois prochain, mais aussi ensuite trouver de l’argent pour une réforme plus globale.

Pour la TVA, Enrico Letta s’est engagé à prévenir son durcissement de 21 à 22 %, mais il lui faudra trouver également 2,1 milliards d’euros supplémentaires. Sur l’impôt, la suppression de la nouvelle taxe sur les déchets et les services le conduira à trouver encore un milliard d’euros.

L’étude des régimes minima pour les familles nécessiteuses ayant des jeunes enfants conduirait à un RSA dans une garantie de revenus dont la charge totale sur l’Italie représenterait 5,3 milliards d’euros. Deux autres milliards d’euros seraient utilisés pour surmonter la précarité dans l’administration publique promise par le président du Conseil.

Sur le thème du travail, Letta s’est engagé à aider les entreprises à embaucher les jeunes avec des exonérations fiscales ou de soutien aux bas salaires par une réduction du coût du travail et de l’impôt, le coût serait de 2 à 3 milliards d’euros. Pour la construction d’écoles sur l’ensemble du territoire, le coût serait de 7,5 milliards d’euros dans un plan triennal visant à assurer la sécurité des écoles.

Avec ce nouveau gouvernement François Hollande se trouve moins isolé en Europe, et Enrico Letta trouve en lui un allié face à l’Allemagne.

 

Document Le Figaro.fr, le 1er mai la rencontre à l’Élysée entre François Hollande et le nouveau président du conseil italien Enrico Letta.

 

le chef de l’État est ressorti souriant mercredi d’un long entretien à l’Élysée avec son nouvel allié, Enrico Letta, homme de gauche, Européen féru de synthèse, dialecticien précis, habile dans la conjugaison des deux impératifs majeurs de l’UE, la relance de la croissance et la recherche de l’équilibre budgétaire.

Les condamnations de Berlusconi risquent de modifier la majorité du gouvernent Letta. Pour l’affaire Mediaset, il est condamné à un an de prison avec interdiction de manda public pendant cinq ans. Dans l’affaire Rubygate pour laquelle Berlusconi, sous une condamnation de 6 ans de prison par le tribunal de Milan, préfère témoigner à la télé que devant ses juges. La dernière phase du procès, l’audience du 13 mai, était centrée sur les soirées «bunga-bunga», organisées à la villa d’Arcore, résidence privée de Silvio Berlusconi. Pour la juge, il ne fait aucun doute que Silvio Berlusconi eut des rapports sexuels avec Ruby, qui était mineure au moment des faits, mais celle-ci nia qu’elle reçut des contreparties, déclara-t-elle à l’issue de l’audience. L’Italie n’en a pas terminé avec les frasques de Berlusconi.