"Une attaque iranienne contre Israël déclenchera une riposte dure qui provoquera la destruction de la nation iranienne", affirme le ministre israélien des Infrastructures, Benyamin Ben Eliezer. L’Etat hébreu adopterait "une riposte dure" et détruirait l'Iran si Téhéran lançait une attaque contre Israël, a affirmé, lundi 7 avril, le ministre israélien des Infrastructures. 


"Une attaque iranienne contre Israël déclenchera une riposte dure qui provoquera la destruction de la nation iranienne", affirme le ministre israélien des Infrastructures, Benyamin Ben Eliezer. L’Etat hébreu adopterait "une riposte dure" et détruirait l'Iran si Téhéran lançait une attaque contre Israël, a affirmé, lundi 7 avril, le ministre israélien des Infrastructures.

 

Juste après que, sur les rivages de la Mer Noire, où l’ex-tsar Vladimir possède une somptueuse villa, Bush et Poutine, main dans la main, présentaient une déclaration commune, dans laquelle Moscou et Washington envisagent un«système de défense antimissile commun dans lequel la Russie, les Etats-Unis et l’Europe participeront à part égale». Bouclier qui protégerait l’Europe de qui ? La Chine sans doute, et tout aussi probablement d’un Iran possédant l’arme nucléaire, ce qui pour l’instant n’est pas le cas, et ne le sera sans doute jamais, en dépit des fantasmes occidentaux. […/…]


Mais revenons, sur les propos du ministre israélien, Benyamin Ben Eliezer. "L'Iran ne va pas s'empresser de nous attaquer car ils comprennent la signification d'un tel acte. Une attaque iranienne contre Israël déclenchera une riposte dure qui provoquera la destruction de la nation iranienne", pour être plus clair, l’usage de l’arme nucléaire. Le ministre, membre du cabinet de sécurité israélien, s’exprimait, avec ce ton virulent et menaçant, à l'occasion d'une réunion organisée dans le cadre du plus grand exercice de défense passive de l'histoire d'Israël qui a débuté dimanche. "Les Iraniens sont conscients de notre force mais continuent de nous provoquer en armant leur allié syrien et (la milice libanaise) du Hezbollah; nous devons y faire face", a-t-il aussi ajouté

 

Le pourquoi du comment ? Il semble que ce soit là, la réponse du berger à la bergère, Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d’Iran, ayant maintes fois ouvertement appelé à "rayer" Israël de la carte. De plus, Israël, de même que ses alliés occidentaux, autant dire tout l’Occident, accuse l’Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programme civil. Téhéran dément cependant ces accusations et refuse de renoncer à son programme nucléaire malgré les sanctions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU, Conseil de Sécurité dont tous les membres, rappelons-le possèdent l’arme nucléaire.

   

D’un autre côté, Israël est actuellement la seule puissance nucléaire au Proche-Orient, fait qui ne semble pas rassurer le ministre en question, puisqu’il ajoute quant à cet exercice de défense passive, qui est surtout une démonstration de la puissance militaire de l’Etat hébreu: "Cet exercice n'est pas un scénario imaginaire. La réalité dans le futur pourrait être plus grave que ce qu'on l'on imagine aujourd'hui"."Nous nous trouvons face à une réalité où les civils se retrouvent sur la ligne de front. Dans une guerre future, il sera plus sûr de vivre à Naharya et Shlomi (dans le nord d'Israël) qu'à Jérusalem et Tel-Aviv car j'imagine que des centaines de roquettes peuvent s'abattre sur Israël". Etrange que le ministre nous parle de roquettes, alors que dans le même temps il évoque, à mots couverts, une hypothétique menace nucléaire iranienne.

 

Pour rassurer tout le monde, et tenter de démontrer que cet exercice n’a rien d’une parade guerrière, il adoucit ses propos en ces termes : ces manœuvres militaires ou exercice de défense passive "n'est en aucune manière une menace contre nos voisins mais uniquement une préparation à toute éventualité". Gageons que les voisins d’Israël sauront saisir la nuance.

 

Exercice de défense fondé sur un rapport qui envisage un scénario catastrophe : "Des centaines de morts, des milliers de blessés, des tirs de barrage de missiles contre la région de Tel-Aviv, paralysie totale de l'aéroport international, axes routiers bombardés sans relâche, effondrement du système d'adduction d'eau, longues coupures d'électricité: c'est ce qui se passera durant la prochaine guerre", indique ce rapport cité par un quotidien israélien. Notons au passage que c’est le futur qui est employé, et non le conditionnel, ce scénario catastrophe apparaissant comme une certitude aux membres du cabinet de sécurité israélien. De quelle manière, nous ne le saurons pas. Mais l’emploi du futur peut nous amener à penser qu’une « guerre préventive » est certainement envisagée par certains membres du gouvernement israélien et sans doute par l’administration américaine.

 

Il me semble intéressant de réfléchir un peu sur la situation telle qu’elle se présente, et intéressons-nous à cet hypothétique menace nucléaire iranienne. En premier, faisant une petite comparaison entre pays et risques encourus. Envisageons cette courte analyse, en parlant d’expérience dans le domaine nucléaire, de la quantité et de la qualité des armes nucléaires dans le monde, du degré d’implication des pays dans les conflits qui ensanglantent notre planète, mais aussi des situations politiques et économiques. Qu’en ressort-il ? Une liste où l’Iran est très loin derrière, voir absent ne possédant ni l'arme nucléaire, ni la technologie le permettant. Les Etats-Unis, Israël, la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan y représentant une menace beaucoup plus sérieuse pour la paix mondiale que l’Iran et les délires de son président. Certes, on invoquera l’argument de la Démocratie, qui est la norme en Occident, en Israël et aux Etats-Unis, mais ce sera là un argument peu pertinent quant à l’usage possible de l’arme nucléaire. En effet, démocratie ou pas, la décision quant à l’usage de cette arme revient à un seul homme, le chef d’état, sans que pour cela il y ait besoin d’une consultation des représentants politiques. De plus cet argument se trouvera aussi contredit par le non-respect manifeste du Droit International par ces mêmes démocraties, Etats-Unis, Israël, qui violent toutes conventions internationales qui soient lorsque cela les arrange. Guerre d’Irak, occupation des territoires palestiniens en sont des exemples probants.

L’Iran, et plus particulièrement les délires antisémites de son président, sont du pain béni pour les visées expansionnistes qui ne sont plus à démontrer des USA et d'Israël dans la région. Le premier cherchant à contrôler les ressources hydrocarbures, le second rêvant toujours du grand Israël mythique. Reste à savoir quelle sera dans le futur la réaction de deux autres puissances nucléaires, la Chine et l’Inde qui, à défaut de ressources naturelles suffisantes, réagiront sans doute à la mainmise américaine sur les ressources en pétrole du Moyen-Orient.

Quant à l’Iran ? Quelle posture peut adopter ce pays avec à ses frontières : l’armée US, le voisin et ennemi sunnite pakistanais qui dispose de l’arme nucléaire, la Russie qui envisage une coopération avec les USA, Israël qui le menace de l’apocalypse nucléaire, et même la France qui installe une base militaire dans le Golfe Persique, base où pourraient être installés des missiles pointés sur l’Iran. France, qui soit dit en passant semble vouloir devenir l’auxiliaire militaire de l’administration Bush.

Que l’Iran puisse posséder l’arme nucléaire peut certes susciter la crainte, mais jusqu’à présent, l’Iran entend avant tout développer le nucléaire civil. Démarche qui d’un point de vue économique s’avère pertinente et judicieuse pour un pays qui dépend avant tout d’une ressource qui va en se raréfiant. Est-ce que l’Iran a le droit de développer un programme nucléaire militaire ? Qui peut y répondre ou lui interdire de le faire ? Replaçons cette question dans le contexte géopolitique actuel et régional : nous y voyons trois puissances nucléaires, hostiles à l’Iran : Etats-Unis, Israël, Pakistan. Si l’Occident ou Israël revendique le droit à la paranoïa alors même que l’Iran ne possède pas l’arme nucléaire, pourquoi les Iraniens ne se sentiraient-ils pas eux-mêmes menacés alors qu’ils sont objectivement dans la ligne de mire de puissances nucléaires ?

Quoiqu’il en soit, nous avons d’un côté le spectre d’un Iran nucléarisé, de l’autre la menace de plus en plus exprimée d’une guerre préventive à l’encontre de l’Iran. Il semblerait que nulle leçon n’ai été retenue du désastre irakien, et que chacun s’emploie à mettre de l’huile sur le feu, ou plutôt à « enrichir son uranium » !