La vie d’un étudiant Brésilien à Paris

Introduction 

La qualité de l’enseignement en France n’est pas mise en doute par des étudiants étrangers qui choisissent notre pays pour terminer leurs études supérieures. Dans le cadre de mes activités personnelles j’ai eu le bonheur de rencontrer Manoël Madeira, un jeune étudiant  brésilien, qui a choisi la France de lui-même pour accomplir un master, et qui est arrivé chez nous sans revendiquer, comme le font bien d’autres étudiants Français et étrangers, des aides diverses pour financer ses études.

Manoël dans son pays a eu à accomplir différents stages en rapport avec ses études psychologiques et sociales, ce qui lui a permis d’appréhender des cas sociaux de diverses natures, en côtoyant des personnes soufrant de difficultés psychologiques ou psychiatrique, des personnes économiquement défavorisés et des SDF.

Cela  l’a conduit ensuite, parallèlement à ses études,  à s’intéresser au  monde des exclus marginalisés en raison de leurs difficultés  de santé, ou économiques et sociales et bien qu’il prétendre le faire avec un raisonnement détaché de toute sensibilité, je sais pour savoir toute l’énergie maîtrisé et le temps qu’il consacre pour aider ici-même un  journal caritatif qui permet à des personnes en difficultés sociales, d’arrondir leur « quotidien »,  que c’est surtout  un sens  très développé des responsabilités qui l’anime  pour appréhender les problèmes d’époque avec humanité et agir avec le recul nécessaire, sans aucune sensiblerie ostentatoire.

 En fait Manoël est un homme de cœur qui s’ignore et j’ai tenu à le donner en exemple, pour démontrer que dans le monde actuel, beaucoup de jeunes s’activent sans tapage mais avec efficacité pour un avenir meilleur. Bien loin des clichés des jeunes de la  fiesta brésilienne que l’on nous montre à la télévision, Manoël Madeira représente cette jeunesse internationale  sérieuse, consciente des problèmes internationaux de notre époque, qui se prépare à mettre leur intelligence et leur savoir au profit d’un monde meilleur, sans négliger pour autant leur avenir personnel, ce qui est tout à fait légitime.

Je me plais donc à redresser le tir, et vous invite à lire ci-après une interwiev que Manoël, qui ne souffre d’aucune fausse modestie ni d’aucun orgueil, a bien voulu m’accorder avec une simplicité de bon aloi qui dénote bien une éducation et un  caractère maîtrisés et orientés vers le bien. Ceci dit n’allez pas imaginez un Manoël Madeira trop « sérieux »,  comme tous les jeunes il est  habité de la joie de vivre et en plus il sourit toujours en parlant !

 

Interview

Lmp : Manoël Madeira, vous êtes étudiant en France, quel âge avez-vous,  pouvez vous nous parler de votre pays, de l’environnement de votre enfance et de votre adolescence, et de jeune adulte, de vos parents ? Avez-vous des frères et des sœurs ? 

 Manoël : Oui, j’étudie en France. J`ai 25 ans. Je suis né au Brésil.  Je peux dire que j`aime beaucoup mon pays, surtout le peuple brésilien qui est « sympa », chaleureux. Bref,  ce sont les personnes avec lesquelles j’ai  grandi et j`ai appris à  connaître er « valoriser » ses “qualités”

Mon père est avocat, ma mère est mathématicienne : ils ont eu cinq enfants et je suis le cinquième. Ainsi, j`ai eu beaucoup de personnes  autour de moi pendant toute ma vie. Ça m`a apporté assez d`affectivité. En plus, ma vie  a été tranquille. J`ai pu suivre mes études, faire du sport, en bref, j`ai pu faire les choses que j`aimais bien.    

Pour le Brésil, je reconnais qui il s`agit d`un pays où l`argent est très mal distribué, qui est parfois dangereux, mais ce sont des critiques « cliché » qu`on fait au Brésil. En fait, la situation est très difficile, surtout en  ce qui concerne le pouvoir,  et la volonté  de l`Etat de mettre en place l`ensemble de politiques publiques nécessaires au développement du pays.

Lmp : Vous avez fait des études dans votre pays d’origine,  quels cursus avez-vous suivis, quelles étaient vos motivations dans vos choix ?

 Manoël : Pendant  six ans  j’ai suivi des études en psychologie. Mon idée à l`époque était de travailler avec les gens, tout simplement. À l`époque je n`imaginais pas  de poursuivre mes études à l`étranger. D`abord, j`ai travaillé dans une prison. Ce fut  une forte expérience  de rencontrer des détenus, mais au niveau de mes  études ça ne m`a pas apporté trop de choses.

Ensuite,  j`ai travaillé quatre ans dans un hôpital psychiatrique ; j`ai commencé par un stage et puis j`ai fait des ateliers d`écriture pendant longtemps.

Lmp : Quelles  personnes composaient ces ateliers ? Quel  était leur statut social, étaient-elles en difficulté socialement, économiquement ?, s’agissaient-ils d’adolescents, de jeunes adultes ou adultes ou de personnes âgées ?

 Manoël : Plutôt des adultes, mais parfois des personnes âgées aussi. Ils étaient des internes de l'hôpital: ils avaient des problèmes psychologiques, évidemment. Comme il s'agissait d'un hôpital public,  ces personnes  n'avaient pas  trop de moyens.

 J`ai aussi travaillé pendant quatre ans dans un journal  totalement  écrit par des  SDF de ma ville, Pôt des Adultesorto Alegre, c`est une ville du sud. Cette expérience m`a  un peu orienté et fait  «  basculer » vers mes  idées.

Au niveau de  l`académie, je me  suis alors  intéressé à  la psychologie sociale  et  à la  psychanalyse.

 Lmp : Parallèlement vous êtes- vous consacré dans votre pays à des activités culturelles, caritatives ou autres ? Pouvez-vous nous en parler ?

 Manoël : Oui,  je me suis « avancé »……Comme vous l’avez vu, oui. En fait, ces activités-là étaient liées aux  programme de mes études, donc elles n`étaient pas caritatives au sens strict du terme, mais elles m’ont  permis d’apprécier des situations différentes.   

 Lmp : Dans ces activités avez-vous trouvé une satisfaction morale  en réponse à vos motivations ? Avez-vous créé des liens ?

 Dire qu`il y avait une satisfaction morale ça dépend du point de vue : on peut dire oui ou non.  L`idée était de  travailler avec. En fait, “oui”, si il s`agit de mes satisfactions de travail : je voulais travailler et j`aimais bien ce qu`on faisait. Par contre, je dirais “non” si il s`agit d`une plus grande solidarité, etc.

Lmp : Pourquoi ? Faute de temps ? Vous auriez souhaité faire davantage dans le sens  d’une plus grande implication ?

Manoël : Non, ce n'était pas faute de temps, c’était un biais de travail. J’ai du mal parfois à laisser passer quelques  mots, c’est seulement ça. Quand je m'approche des gens je ne crois pas que je suis en train de donner mais d’échanger: je donne, c'est vrai, mais  je reçois quelque chose. Donc, je ne sais pas si c’était un travail solidaire, je ne comprends pas trop ce que ça veut dire un français. Je trouve qu'il vaut mieux dire qu'il était un travail d'échanges…

Lmp : Avez-vous pu créer des liens dans ces milieux ?

Manoël : On a fait des mouvements d`échange, de communication,  mes collègues et moi nous avons pu établir  des liens, on a connu des gens qu`on voulait connaitre. C’était important de se tourner vers les autres, d’exprimer nos idées, d’émettre des propositions,  et en dépit de  beaucoup de difficultés, a ce niveau-là, je crois qu`on a réussi quelque chose.

Lmp : Vous êtes maintenant  étudiant en France et nous nous sommes rencontrés pour un journal associatif dans lequel vous participez activement (atelier d’écriture du Journal) pourquoi avez-vous choisi la France pour continuer vos études ? Qu’étudiez-vous actuellement ?

Manoël : Bon, après avoir  un peu mieux connu  ma ville, j`ai voulu en connaître d`autres. J`ai commencé à chercher au Brésil, puis  après en Europe, notamment à Barcelone, où  j`ai,  en plus de mon parcours d’étudiant,   étudié l`Espagnol pendant quelque temps.

La France était une idée, un projet  lointain, je voulais  faire mon doctorat ici. La France est un pays  bien connu pour son  excellence d`enseignement,  ce qui explique ma volonté d`y venir! Puis, je n`ai pas eu grande chance avec le master à Barcelone, je n’y ai  pas trouvé grande chose par rapport à mes études, le nombre d`heures était « mince » et je n`ai  pas eu une très bonne impression du cours à l`Universidad de Barcelona, quand j`y suis allé en 2006.

Par contre, en France l’enseignement et le cours m’ont paru plus sérieux. J`ai envoyé un projet à une École et j`ai eu la chance d`avoir une directrice qui m`a très bien accueilli.

 Lmp : Vous plaisez vous en France, avez-vous eu des difficultés pour vous loger ?

 Réponse : Oui, la vie en France me plaît. Tout le monde m`avait  dit que le plus difficile  dans la région parisienne était de se loger. Donc, j`ai  recherché des contacts avant d`y venir. Je peux dire que trouver un appartement a été, pour moi, relativement  facile, mais ce qui est un peu difficile est de  le payer! C`est vraiment trop cher … !

Lmp : C’est donc par initiative privée personnelle que vous avez choisi la France pour faire votre master, dans ce cas,  est-ce que le Brésil ou la France  vous accorde une aide ?

 Manoël : Oui, j’ai choisi la France. Au Brésil il n'y a pas d'aides au niveau du master… Il faut arriver au doctorat pour l'avoir!

Lmp : Je suppose donc que  vous avez du trouver un travail  pour boucler votre budget, êtes vous satisfait de l’ambiance dans laquelle vous travaillez ? De quoi s’agit-il ?

Manoël : J'ai travaillé un peu comme garde d'enfant. L'ambiance était parfaite: pour moi, les français ont été très accueillants.

 Lmp : Avez-vous été d’une manière générale, en dehors de votre travail,  bien accueilli par les Français ?

 Réponse : Oui, très bien. Par le propriétaire de l`appartement, par  mes voisins, par  les personnes du journal (comme vous), dans mon école, dans l’association où je travaille, en bref, presque par tout le monde. En fait, à ce niveau-là, de l`autre côté de la mer je suis ne  par sûr que les français aient une très bonne réputation d’accueil. Cependant, moi, je n`ai aucune raison de me plaindre, au contraire.

Lmp : Avez-vous réussi à vous faire des amis, des connaissances ?

Manoël : Oui. Je me suis engagé dans un club de volley et ça m`a aidé au tout début.

Lmp : Pour vous connaître,  je sais que vous êtes communicatif  et que vous aimez faire partager vos idées, vos projets, tout en vous tenant à l’écoute de vos interlocuteurs  associatifs, trouvez vous  dans le milieu étudiant et universitaire  la même écoute ?

Manoël: En fait, ce type d`échange n`est pas encore très fort dans mon école. Par contre, je connais pas mal de gens qui ont  pu présenter leurs  travaux et discuter dans les cours. Au niveau des relations informelles, ça commence petit-à-petit.

Lmp : Une fois  vos études terminées, prolongerez vous votre séjour en France, ou en

Europe ?

 Manoël : C`est trop tôt pour le dire! Je pense, bien sûr, à mon avenir, mais je n`ai que des idées. Je suis déjà fiancé, donc je dois combiner mon avenir avec le sien. 

Lmp : Quels seront vos projets professionnels dans l’avenir.

Manoël : J`ai quelques possibilités de travail ou d`études après mon master. Après, il faudra décider. Le  moment venu,  mon idée ce sera de le faire bien.

Lmp : Une question indiscrète : votre famille vous manque-t-elle actuellement ?

Réponse : Oui, «  carrément  » Mais cela était une chose déjà prévue pour  ce séjour en France.

 Lmp : Pour terminer Manoël, permettez moi de vous poser une question encore plus indiscrète, vous faites partie d’une jeunesse étudiante qui s’intéresse de près aux questions sociales, économiques et  culturelles de notre époque, votre comportement résultent-il principalement de votre éducation familiale,  de votre religion, de vos réflexions laïques et civiques,  de vos études, ou de l’ensemble de toutes ces valeurs ?

 Manoël : Je crois que votre question n’est  pas indiscrète. Mais enfin, oui. Il a énormément de  facteurs qui  guident  les comportements, et ceux que  vous avez cité se trouvent entre les plus importants.

Lmp : Merci Manoël, bon courage et bonne route sur le chemin de la vie !

 

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 Souhaitons bonne route aussi  à cette jeunesse  contemporaine qui accomplit des efforts personnels et individuels sans s’imaginer à priori que tout leur est du, cette jeunesse qui n’est pas  mise en évidence et que l’on néglige de  donner  en exemple dans le monde dit « moderne »

A l’opposé, une certaine jeunesse  vulgaire et prétentieuse, dévoyée  par des idéologues et politiciens  pernicieux,  sont encouragés à jouer, selon le cas, les vedettes ou les   pleureurs de service en  revendiquant des droits exorbitants , sans les mériter par une contrepartie quelconque,  et  sont journellement les sujets favoris d’une certaine intelligentsia corrompue   et par des  médias à leur botte,  qui  les mettent en évidence et  flattent leurs bas instincts pour mieux les manipuler à leur profit.