De l’horreur en boucle.

    Sur le moment, je n’y avais guère prêté attention, lors du passage de la séquence au journal télévisé. C’était l’ordinaire de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

    Rappel pour ceux qui ne l’aurait pas vu. Nous était proposé depuis le ciel, un hélicoptère) le suivi d’une voiture dans une rue avant qu’un missile ne la détruise mortellement. S’en suivaient, vu du sol, les efforts pour éteindre l’incendie du véhicule.

    Le première partie nous était offerte par « Tsahal officiel » et diffusé sur You Tube. La seconde par des sources venant de Gaza.

    C’est en y repensant que j’ai trouvé ce reportage à la façon d’un jeu vidéo, abominable, agressif, ahurissant. Et le peu de bruit qu’il a engendré, étrange.

 

    Le « naturel » des progrès techniques qui permettaient cette présentation passait comme une lettre à la poste. Quelque part, une caméra, entre les mains des belligérants, faisait la promotion des horreurs que cette guerre entraine. Un massacre d’ennemis peut être traité comme un élément de communication ? Un exploit à offrir aux foules ? Un message pour effrayer l’adversaire ? Toutes les interprétations sont possibles, voire attendues, de la part du diffuseur. Une banalisation avec laquelle il faudra compter désormais. Au fond ce n’était pas différent de la poursuite vue d’hélicoptère d’une chasse au contrevenant dont la télé US est friande. Mais là, il ne s’agit pas d’exalter les moyens du droit contre ceux qui sont en infraction, il s’agit de faits de guerre entre deux peuples. Comme si le droit était désormais marginal dans l’offre de la télé réalité. Sur les réseaux dits sociaux, on pourra désormais se repasser en boucle une atrocité. D’un simple clic, on pourra entrer dans la banalité technique de la mort.

    Ne se trouvera-t-il pas une kyrielle de Mehra qui, après l’avoir repassé cent fois, auront la certitude du bien fondé de leur djihad ? On nous rebat les oreilles avec les méfaits des jeux vidéo ! Et très officiellement, des Etats se permettent d’en faire la promotion !

    Les figurines à la Star Wars explosaient puis se relevaient. Le joueur avait trois ou quatre vies.

    N’avons-nous pas soudain changé de monde ? Ou au moins le mélange des genres est-il insidieusement en train d’autoriser l’horreur comme un ordinaire quotidien.

    C4N pullule de compléments vidéos pour orner un article, illustrer un commentaire, poétiser un propos. Il va de soi que je ne donnerai pas les sources de ce contre quoi je m’élève.

    Il en faut peu pour que bientôt le direct de tels actes militaires soit l’ordinaire de nos ordinateurs, de l’internet sur mobile. Si je m’ennuie dans le RER, pourquoi ne pas suivre un joli massacre quelque part dans le monde, comme je le faisais hier pour un clip de chanson dernier cri ?

      Les jeux de guerre virtuels copiaient des réalités. Maintenant la guerre virtuelle accompagne la réalité où l’on ne renaît pas.

    Il va de soi que chaque camp belligérant a adopté cette « technique » d’information. Facebook, Twitter, You Tube sont des armes comme les autres.