Enarque et normalien, Bruno Guigue, sous-préfet de Saintes, était également "essayiste et politilogue, chroniqueur de politique internationale sur le Moyen-Orient, collaborateur régulier de la revue ETVDES et du site internet oumma.com", d'après les éditions L'Harmattan, publicatrices de ses cinq ouvrages.

Jeudi 13 mars, fut publié sur le site musulman oumma.com un article dans lequel Monsieur Guigue critiquait vivement un texte paru quelques jours plus tôt dans les colonnes du quotidien "Le Monde" et intitulé "l'ONU contre les droits de l'Homme", signé par Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, et de nombreux autres "intellectuels organiques du lobby pro-israélien".

Une longue tribune par laquelle le politologue tâche de décrypter "amalgames" et rhétorique de ceux qui estiment que le Conseil des Droits de l'Homme est "devenu une machine de guerre idéologique". Moyen-Orient, sionisme, terrorisme, sont autant de points abordés avec précision, l'article étant disponible en intégralité sur la page http://oumma.com/Quand-le-lobby-pro-israelien-se

Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, a alors été "alertée", mercredi dernier, des "termes tout-à-fait inacceptables" tenus, et a rapidement décidé de limoger le sous-préfet.

Gérard Gachet, porte-parole du ministère, s'en est expliqué sur France Info : Invoquant "la nature très politique [des propos tenus], ce qui sort du domaine d'expression du préfet", il met "surtout"en cause leur "grande violence". Car en effet, Bruno Guigue, après avoir ciblé les Etats-Unis, "où un président texan a été élu sur sa réputation d’exécuteur intraitable des criminels supposés", s'en est pris à Israël, "seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles".

C'est ce qui a choqué.

Mais insiste-t-il, ce n'est pas le fond de l'article qui pose problème. En effet, "chacun est libre d'avoir les idées qu'il veut". Ce qui a été sanctionné, c'est tout simplement la "violation du devoir de réserve et de neutralité".

Ce "devoir de réserve" paraît bien mal défini. En définitive, bien que soumise au contrôle du Conseil d'Etat, son appréciation est individuelle, ce qui confère un fâcheux flou à son application…