Quelques «propos» iconoclastes.

   Car telle est bien l’origine des ressauts qui agitent presque toute la planète. L’image, qui a définitivement supplanté l’écrit, devient l’objet de manifestations en tous genres, engendrant de fâcheux assassinats. On ne peut pas dire que cette guerre est nouvelle puisqu’elle a débuté dans le monde chrétien en 727 !

   Un film ignoré de tous déclenche les foudres musulmanes partout où cette croyance a force de loi. Ne sourions pas nous avons eu le malheur de connaître l’Inquisition et les ordalies, il y a quelque siècles.

   Charlie Hebdo a cru bon de remettre une couche d’huile sur le feu à contre temps. Comme si cela ne suffisait pas !

    La liberté d’expression pour nécessaire, indispensable qu’elle soit, ne peut aller sans responsabilité. Si Dieu n’existe pas tout est permis… citation périmée aurait dit Malraux parlant d’avenir. Que la laïcité, la république ou la démocratie, au choix, en soient fières n’impliquent pas qu’elle soit permanente et sans limites. La liberté absolue est un fantasme excessivement dangereux.

    La laïcité, qui sert ici à couvrir les excès de la liberté d’expression, ne peut être une religion qui entre en conflit avec les autres. N’est-ce pas à l’existence des religions et au combat entre raison et croyance qu’elle doit sa place dans la vie politique ? Des Saint-Barthélemy permanentes comme les poursuivent chiites et sunnites ont disparu de l’Occident et c’est très bien.

    Mais cette liberté absolue d’expression réclamée par CH. Hebdo est franchement franchouillarde. Ma liberté d’expression en France est par nature universelle ! Ce doit être un orgueil, un complexe de supériorité né à la Révolution. Pourquoi  ne pas ouvrir l’œil et l’esprit en allant jusqu’à penser que, ailleurs, cela n’aille pas de soi ? Et de le respecter. On peut ajouter aussi que les excès issus du film américain auraient pu conduire à un rien de retenue, plutôt qu’un manifeste brûlot.

   Quand on voit en même temps que des îlots inhabités sont susceptibles de déclencher une guerre entre Chine et Japon, on peut imaginer qu’attaquer la croyance de plus d’un milliards d’humains fera des dégâts.

   On n’a pas le droit de devenir bête au nom de la liberté.

   D’un autre côté, rien ne peut justifier la moindre violence à propos de ces caricatures. La raison doit se joindre à notre croyance pour souffrir chez certains, supporter chez d’autres et enfin ignorer les coups de patte des mécréants. Une croyance est personnelle, le prosélytisme a vécu. Le sort des mécréants est donc attristant et Dieu reconnaîtra les siens. En être, sur terre, le juge et le bourreau date d’un passé révolu.

    Tous les intégrismes sans exception sont condamnables. Ce ne sont que déviances, interprétations de mots fussent-ils considérés comme sacrés.

    Mais ces débats momentanément cruciaux méritent d’être surmontés. Dans ce monde où la valeur dominante et presque exclusive est l’argent et tout ce qui s’y rattache, nulle place pour ceux qui souffrent de sa rareté. Romney  vient d’ailleurs de l’exprimer à la face de 47% des Américains. Où trouver une issue ? A quoi se rattacher ? Le matérialisme capitaliste est en mauvaise voie car ne proposant aucun paradis à chaque individu. Dès lors se tourner vers la croyance paraît légitime. Et c’est en acquiesçant à ces excès que l’on sera encore plus fidèle. Toutes les charges, toutes les moqueries, tous les ricanements, priveront d’espoir tous ceux qui n’ont plus que cette planche de salut situé dans un delà. Ajouter le sarcasme à la misère, à la croyance relève d’une méchanceté, d’un inhumanisme gratuit indéfendable.