Malgré la gigantesque campagne de propagande médiatique anti-Bachar el Assad, le raïs s‘est avéré indéboulonnable. Malgré tous les coups assénés à son allié le Hezbollah, le régime continue de tenir bon face à la rébellion. Le plan A ayant échoué et les aspirations de certains n‘ayant pu aboutir, le recours au plan B s’est manifestement imposé. 

Maintenant qu’à défaut d’être décapités, la Syrie a ses arrières affaiblis après les attentats à la voiture piégée à Tripoli, comme à Roueiss, (étrange anagramme de Qousseir), le moment s’annonce idéal pour l’exhibition musculaire de la Coalition. 

Comble de l‘ironie, l’armée loyaliste syrienne serait elle-même à l’origine de ce coup d’envoi ; elle qui supplante largement ses adversaires aurait ainsi franchi la ligne rouge, gazant ses propres enfants ! Forts de leur science infuse, Paris, Londres et Washington ciblent en choeur le régime de but en blanc, sans aucune enquête préalable, malgré le démenti formel de Damas. Si ce n’est de la diffamation articulée sur d’horribles photos d’enfants inanimés, en tout cas ça y ressemble ! Normal, n’accuse-ton pas de rage son chien dès l’instant qu’on décide de s‘en débarrasser ? 

Alors que devient imminente l’entrée en scène, savamment orchestrée, de nos Bons Samaritains nous est offert en entrée, ce défilé ubuesque d’inspecteurs de l’ONU dans un hôpital de fortune à Damas. Ils s’activent auprès de ces quelques malheureux alités à recueillir consciencieusement des informations cruciales ; des témoins aussi participent à cette récolte de données pour bien nous étoffer le dossier accablant. Dans cet air devenu quasiment irrespirable, flottent de véritables relents de la séquence Colin Powell muni de ses fioles d’anthrax à l’irakienne. 

Avec les deux récalcitrantes que sont la Chine et la Russie, la résolution du Conseil de sécurité n’a aucune chance de voir le jour pour avaliser cette agression de grande envergure ; en tout cas ce ne sont pas des règles de cette nature qui vont faire obstacle au projet ; elles ont déjà été contournées et le seront encore une fois de plus ; c’est justement l’exception qui confirme la règle. 

Guidée soit disant par la farouche volonté de circonscrire le feu, de protéger les populations, la coalition va lancer son opération malgré les menaces du régime syrien, déterminé à ne pas se laisser faire. L’intervention militaire est prévue pour jeudi ; elle n’engagera pas d’hommes au sol et théoriquement ne devrait durer que trois jours ; de plus, son objectif se veut inoffensif avec pour unique desiderata « de lancer un message à Bachar el Assad sans pour autant porter atteinte à sa force militaire »!

Rien de bien méchant avec les frappes prévues à cet effet à partir de drones, d’avions ; des doses homéopathiques, dites chirurgicales selon le jargon des va-t-en guerre ! Les serviteurs chevronnés s’en prendront sans doute à leurs cibles sans pour autant les asperger d’agents chimiques. D’ailleurs, on n’en sait quelque chose de ces entourloupes, depuis la guerre contre l’Irak menée par l’Axe du Bien. Les frappes étaient tellement chirurgicales que les Irakiens n’ont toujours pas fini de boire le calice jusqu’à la lie. 

Les Syriens sont désormais sur la même pente. Leurs voisins aussi. Désireuse de circonscrire le feu, cette coalition qui pactise avec les "islamistes", prête à en découdre avec le chiisme, risque de déchanter; en jouant les apprentis sorciers, elle a de fortes chances de propager cet incendie à la vitesse grand V en embrasant la région, voire plus! Quand saute le verrou de la boite de Pandore, le pire est malheureusement à craindre. 

Me revient à l’esprit tout à coup ce vieux et triste souvenir datant justement de cette guerre chirurgicale en Irak : pendant que je faisais la queue chez le boucher, ce dernier de sa voix haut perchée commentait avec ses clients la guerre qui ravageait la Mésopotamie tout en ricanant : ça nous fait des musulmans en moins ! J’ai rebroussé chemin et ne l’ai plus jamais revu. 

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