Internet: les récents scandales à propos de la toute puissante agence de sécurité nationale américaine ou NSA, ont permis de faire réaliser à quel point les libertés individuelles sur internet étaient compromises: le glas a t-il sonné pour elles ? Internet est-il vraiment mort ?
Le lanceur d’alerte Edward Snowden a permis de faire découvrir à la majorité des citoyens américains que ceux-ci étaient contrôlés, lus et que leurs actions sur internet étaient enregistrées. De très grands journaux comme le Washington Post ou le Guardian parlent de plusieurs milliers d’infractions au respect de la vie privée, tandis que d’autres estiment que la NSA a la capacité de surveiller plus de 70% du flux internet étasunien, sans mandat. Jusqu’où peut-on aller pour la sécurité nationale ?
Pour Pamela Jones, la fondatrice et administratrice du site web Groclaw, "internet, c’est terminé". En effet, il n’est pas concevable qu’un système basé sur le partage à l’échelle internationale des idées, des documents, donc des données, soit à tout instant surveillé. C’est une violation profonde de l’intimité et de la vie privée. Il n’est pas possible pour elle de continuer ses activités dans une telle atmosphère, ce serait la fin des idées libres, ce pourquoi internet devrait exister.
Récemment encore le site Lavabit de protection par cryptage des e-mails a arrêté son service sur décision de son créateur Ladar Levison, coupable de crimes contre le peuple américain s’il ne coopérait pas dans le procès contre Edward Snowden.
Et ce système ne s’arrête pas aux frontières des Etats-Unis. En France, les services de renseignement de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure) écoutent, récoltent et stockent pendant une durée plus ou moins longue l’ensemble des communications émises par les ordinateurs, les téléphones fixes et mobiles, ou même les fax. Ce vaste système, révélé à la presse par le quotidien Le Monde, est utilisé par l’ensemble des services de sécurité pour anticiper, retrouver ou prouver des actions illégales. Si ce système n’est pas tout à fait légal, il n’est pas non plus illégal et profite d’un vide juridique allié à un secret (relatif) qui permet la continuité de son fonctionnement.
Cependant le contrôle n’est pas omniprésent: de nombreux projets de protection et de défense de la vie privée et des données personnelles naissent des esprits des surfeurs du web désabusés. L’exemple en est du navigateur internet Tor ou encore du projet Caliop qui devrait sécuriser les messages électroniques. Il s’agit au final et avant tout de passer un message: celui de s’éduquer à l’utilisation d’internet: comment faire pour y être vraiment libre et comment y garder son anonymat, y laisser le moins de traces possibles. Il est sûr en tout cas qu’un cap important a été franchi: celui de la prise de conscience de pouvoir d’internet sur nos vies.
L’indignation suscitée atteindra t-elle les législateurs des pays concernés afin qu’ils répondent à la question universelle suivante: Quid custodiet ipsos custodes ?
Vous savez quelle est la meilleure cachette ?
Je vous donne la réponse: au milieu d’une foule (en l’occurrence il s’agit de plusieurs million de personnes dans le cas qui nous occupe)
Je ne sais pas qui va garder les gardiens, ce que je sais, c’est que la « liberté individuelle » est une chose assez ambiguë…
D’un côté, on pourrait dire qu’avec toutes les interdictions et les obligations débiles qui nous menacent à longueur de journée, elle n’existe plus depuis longtemps. Si toutefois on veut obéir à ces interdictions/obligations…
Alors, pourquoi vouloir à tout prix défendre ce qui n’existe plus ?
Mais d’un autre côté, nous avons tous la liberté de décider de faire absolument TOUT ce que nous voulons. Et ce, quelles que soient les obligations ou les interdictions qui tapissent les murs de notre existence. Il pleut : si je veux sortir à poil pour prendre ma douche sur mon trottoir, je peux le faire. Bon, ce ne sera pas très bien vu par les voisins, ni par les flics s’ils passent à ce moment-là, mais je peux le faire, en ce sens qu’il n’y a aucun bras divin qui va se dresser devant moi pour m’empêcher de commettre mon acte quel qu’il soit. Bref, nous pouvons (dans le sens de « nous avons la capacité de ») faire ce que nous voulons quand nous le voulons…
Alors, pourquoi se battre pour quelque chose que nous possédons tous ?
Mais peut-être que « liberté individuelle » n’est pas l’expression adéquate à utiliser dans ce cas ?
Il s’agirait plutôt du fait de pouvoir faire ce que l’on veut (ça, c’est effectivement la liberté) … sans que personne ne le sache (mais ça, ça n’a rien à voir avec la liberté proprement dite).
Ce n’est plus de liberté dont il s’agit, mais de discrétion…
@EricPomme commentaire très pertinent, merci.
La liberté se conçoit comme le fait de [b]pouvoir agir sans devoir rendre des comptes[/b]. Avec internet cette liberté prend une signification particulièrement forte: il s’agit d’un melting pot gigantesque de libertés, une [b]addition de toutes les libertés individuelles[/b] des utilisateurs (et l’anonymat contribue à la diversité et la richesse de ces actions, de ces idées).
Attenter aux libertés individuelles de certains utilisateurs, c’est [b]semer la suspicion et le doute[/b] chez tous les autres.
Nous savons bien que tout pouvoir politique mérite son opposition, c’est le principe démocratique par essence. Or surveiller des internautes c’est les contraindre à ne plus formuler certaines idées, c’est faire en sorte que l’intimité de la pensée ne puisse plus s’exprimer par les mots. C’est [b]inhiber les protestations[/b].
Je vous invite à méditer sur cette citation d’Etienne de la Boétie: « [b][b]Si vous ne faîtes pas confiance, personne ne vous fera confiance[/b][/b] ».
internet fini? Mon oeil!
et si en fait de liberté nous étions prisonniers en liberté surveillée (surtout en régime socialiste comme en ce moment)