Ingrid Betancourt reçue à Paris comme un chef d’état

Tout le monde se réjouit de la libération d'Ingrid Betancourt, mais tout excès est condamnable. Revenons les pieds sur terre. Ingrid Betancourt fait partie de l'oligarchie colombienne, c'était une otage de luxe qui focalisait tous les médias par son aura mais aussi sa place dans la politique colombienne.

Quid de tous les journalistes emprisonnés partout dans le Monde, et tout particulièrement en Chine, en Amérique du Sud ou ailleurs ? Quid des prisonniers et ôtages français et étrangers oubliés en Indonésie, au Mexique et dans le monde entier? A-t-on oublié Guantanomo et ses prisonniers, plutôt des otages du gouvernement américains, dont certains sont innocents et qui croupissent dans des geôles indignes d'une démocratie, avec des traitements inhumains, et où aucun jugement n'a été encore prononcés pour la quasi-totalité des détenus ? Dans quelques mois parlera-t-on encore des prisonniers des FARC

Mais laissons la parole à des témoignages venus d'outre-atlantique, à des citoyens américains qui ont vécu longtemps en Colombie, qui ont gardé de nombreux contacts avec la population, et qui ont du mal à comprendre toute cette frénésie médiatique venue d'Europe. C'est le mail d'une universitaire franco-américaine, qui a passé 13 ans en Colombie avec une ONG américaine, en tant que psychologue dans les prisons colombiennes, au contact des détenus dont des membres des FARC. C'est aussi la réaction de sa fille, journaliste pour un grand média latino et qui côtoit régulièrement des sud-américains dont des colombiens.

"Franchement, personnellement, je trouve qu'en France , c'est une véritable hystérie et que les journaux français oublient de signaler que comme par hasard…Mc Caine se trouvait là  parce que Mc Caine ( le voto latino) a besoin de lui, car Obama ne donnera pas les millions de dollars qu'Uribe reçoit comme aide militaire des États Unis ( il est le seul allié de Bush maintenant en Amérique du Sud) ; ils ne disent pas que la justice colombienne venait d'accuser Uribe d'avoir des liens avec les para-militaires et de mettre en cause son élection qui avait été frauduleuse ( ou fraudulente….), et que bien entendu , l'opération s'est déroulée avec l'aide de l'intelligence (services de renseignements) des États Unis…Uribe a réussi son coup, mais il avait besoin de le réussir car il était "in serious trouble" et les Américains qui ont besoin de lui, l'ont épaulé pour se sortir de ce mauvais pas et du même coup aider Mc Caine. Les Américains qui ont été libérés travaillaient pour le Pentagone, et il n'y avait pas de publicité sur eux car ils étaient certainement des membres de la CIA, et les États Unis ne veulent pas dire qu'il y a des militaires américains sur le terrain,, sauf que de temps en temps l'un ou l'autre se fait tuer…
Mais moi ce qui m'a surtout frappé c'est quand j'ai entendu les premières déclarations d'Ingrid à sa descente d'avion: c'était véritablement un discours politique…..je ne m'attendais pas à cela et ça m'a profondément déçu ! Ce n'était pas une personne anonyme qui venait d'être libérée, mais une femme politique, qui avait le ton de quelqu'un qui était en campagne électorale : la manière dont elle parlait de "la patria", de "nuestras fuerzas armadas colombianas" etc… elle en rajoutait vraiment. Je crois  que ceux qui ne connaissent pas l'espagnol, et surtout pas l'espagnol "colombien", n'ont pas pu se rendre compte à quel point son discours était politique. J'ai l'impression que les Français se sont faits avoir : toute cette histoire pour une femme (qui est certainement très courageuse) mais qui fait vraiment parrtie de l'oligarchie colombienne, et qui est avant tout une candidate…."

CONCLUSION

Ce sont bien la CIA, le candidat Mac Caine et les dollars américains qui sont derrière toute cette opération "médiatico-politico-financière" qui ont fait sortir Ingrid Betancourt. Les militaires de Colombie (un pays où sévit une "dictatura de las moscas")  n'ont été que les exécutants des basses oeuvres du gouvernement américain (rappelons-nous Kissinger et l'opération Condor ou le renversement d'Allende, parmi beaucoup d'autres interventions et exactions), plutôt de Mac Caine, destinées à permettre au candidat républicain d'empocher les voix des latinos-américains, et d'accroître l'influence de Bush et des américains en Amérique du Sud…