Même si ce 11 Novembre 2013, le Président de la République a célébré la date anniversaire du centenaire de la « Grande guerre », c’est bien le 4 Août 1914, que la France est entrée en guerre avec l’Allemagne.
Toutes les grandes nations européennes entrent dans le conflit avec l’idée qu’elle sera courte.
La guerre durera 4 ans et fera 8 millions de morts. !
Si le Prix Goncourt 2013, attribué à Pierre Lemaître pour « Au revoir Là Haut », met en scène deux rescapés du massacre, Jaques Dupé, vient de publier un petit livre intitulé : « 20 ans, paysan, poète et Poilu »
Ce « petit bijou de livre », n’est pas un roman, mais bien le réceptacle d’une correspondance entre un soldat « Mort pour la France » et sa famille.
René Graciet, grand oncle de Jacques Dupé, qui mourut sans jamais avoir revu sa terre, et ses proches.
Ce héros inconnu nous est dévoilé à travers les 103 pages que vous dévorerez avec une émotion palpable.
J’ai reçu ce livre dédicacé par l’auteur, et plutôt que de vous décrire le calvaire de ce jeune homme de 20 ans, j’ai préféré faire parler, son « petit neveu » Jacques Dupé.
Sophy-C4N :
Bonjour Jacques. Je voudrais partager avec nos lecteurs de C4N, le plaisir que j’ai pris à lire votre livre. Une question toute simple : pourquoi ce livre ?
J.D.
Bonjour Sophy. Un jour de juillet 2009, mon père me confia un jour une boite contenant des lettres d’un soldat, mon grand-oncle, qui est mort à la guerre de 1914-1918. Je savais vaguement que nous avions eu un « poilu » dans la famille, mais sans plus. Quant à ce conflit, je ne m’y étais guère intéressé jusque là. C’est en lisant ces lettres, que j’ai eu l’idée d’en faire un livre.
Sophy-C4N
Ces lettres n’étaient-elles pas suffisantes ?
J.D.
Elles ont cent ans, et sont fragiles. Il m’a semblé qu’un livre est plus facilement transmissible aux générations suivantes. Je pensais alors à mes petits-enfants. En fait, j’ai écrit ce livre en 2009 pour la famille uniquement. Une amie, qui écrit et qui a lu le manuscrit, m’a vivement recommandé de le faire publier par son éditeur, Jacques Flament Édition.
Sophy-C4N
Ces lettres sont bien écrites, sans fautes d’orthographe, et pleines de bienveillance envers ses parents. C’était un gentil garçon !
J.D.
Et sa calligraphie ! L’éditeur a tenu à reproduire quelques extraits tant il avait une belle écriture. Oui, il aimait ses parents, au point de s’excuser de ne pas pouvoir aider son père aux travaux des champs. Ce que j’ai apprécié aussi, ce sont les petits détails du quotidien comme le litre de vin à 5 sous par exemple.
Sophy-C4N
Il est mort le 6 juillet 1915, que s’est il passé ?…
J.D.
Oui, d’un éclat d’obus, alors qu’il était de relève. Et puis, à cette époque, ils ne portaient pas encore de casque.
Sophy –C4N
La lettre de sa mère à l’adresse de l’ambulancier qui a recueilli ses dernières paroles est troublante.
J.D.
Oui, chaque fois que je relie ces passages, j’éprouve toujours un sentiment trouble. Vous avez remarqué, Sophy, que sa mère, une paysanne, mon arrière grand-mère, savait aussi écrire.
Sophy-C4N
Les dernières pages sont consacrées aux six poèmes qu’il a écrits en 1912. N’y en a-t-il pas d’autres ?
J.D.
À ma connaissance, pas d’autres. Mais pour un paysan, il savait parfaitement versifier. Je viens de terminer mon premier Salon du Livre à Pau, et un client, sans doute poète, a lu à haute voix le premier poème. Je peux vous dire que tout le monde s’est tu.
Sophy–C4N
Question subsidiaire : vous êtes aussi commentateur sur C4N, acceptez vous de nous dévoiler votre pseudo ?
J.D.
Il me semble que je l’ai oublié…
Sophy-C4N
Avez vous d’autres projets d’écriture ?
J.D.
Oui Sophy, un livre doit sortir chez le même éditeur, à la mi-avril 2014. Cette fois-ci, c’est à partir d’un carnet de notes que mon père à tenu lorsqu’il s’est évadé de France, en 1943, pour rejoindre le Général de Gaulle.
Sophy
Nous aurons l’occasion d’en reparler. Merci, Jacques. !
J.D.
C’est moi qui vous remercie Sophy.
Et si pour les fêtes de Noël, vous mettiez au pied du sapin, ce joli livre. Mieux encore, lisez le, à, ou avec, vos petits enfants, qui ne manqueront pas de vous poser mille questions, sur cette page d’Histoire que l’on a tendance à oublier, puisque les poilus de le Grande Guerre sont tous décédés, 100 ans après.
Petit rappel : « 20 ANS, PAYSAN, POÈTE, ET POILU » aux éditions
Jacques Flament Édition. 103 pages d’Histoire pour 12€
je reviens en douceur, avec cet article, bien aidée par son auteur Jacques Dupé (que vous connaissez, mais qui ne veut pas donner son pseudo).
Dès la semaine prochaine, je quitterai la grande Guerre, pour égratigner ceux qui attendent sagement un remaniement Politique.
Vous êtes vous posé la question ? Qu’est ce qu’un POILU ?
SOPHY!On pourrait quand même avoir un extrait de ce beau livre…!Et une signature de son brillant auteur!!!
Chère Mozarine, tu as (en mettant tes lunettes), un poème écrit par René Graciet.
Pas facile de mettre un extrait du livre : scannage, et ensuite publication dans le cadre C4N, j’ai déjà eu bien du mal à mettre aux normes les documents que m’a envoyé Jacques Dupé.
Mais sincèrement j’avais les larmes aux yeux à mi-lecture.
Ce jeune soldat, a vécu jusqu’en 1915, sans jamais revenir en permission, et il s’est retrouvé dans le Nord de la France, alors qu’il était natif du Sud Ouest.
Excellent ce billet ! Merci Sophy de nous faire partager vos émotions !
Merci Quidam, ce livre mérite que l’on s’y attarde. Jacques Dupé a su de façon très organisée, mais subtile en même temps nous émouvoir avec l’histoire de ce jeune homme qui partit se battre dans des conditions innombles.
Il a connu les tranchées, le froid, la mal-bouffe, les rats, la saleté, mais jamais une plainte, n’a été formulée dans les lettres et cartes envoyées à sa famille.
Mes parents viennent de dévorer le Prix Goncourt. Ils devraient adorer celui-là; merci Sophy
Joli billet SOPHY, je me joint à vous pour féliciter Jaques Dupé le transcripteur de ces lettres qui racontent la vie et hélas la mort d’un sacrifié de la grande guerre au nom d’une France qui s’est toujours crue à l’abri de tout soupçon. Mon admiration et mon respect pour ce soldat et tant d’autres qui furent les jouets d’officiers de peu de bien à proportion de leur grade et dont l’imprévoyance et la vacuité se projetèrent sur leurs hommes qui, pour un grand nombre valurent plus qu’eux.
Très touchant …
Merci de nous avoir mis sur cette piste.
Mes chers commentateurs, heureuse de vous retrouver sous cet article.
Le héros « inconnu » le Grand Oncle de Jacques Dupé, mérite bien cet hommage.
Il fut l’un des 8 millions de morts pour la France.
Bien sûr que toutes les guerres font des victimes innocentes, contraintes d’aller défendre, non plus des valeurs, mais le territoire où il vit.
Ici pas de Religion en jeu, pas de conquête du Pouvoir (Tunisie, Égypte, et autres pays en guerre sur cette Terre, qui n’en finissent pas de créer des conflits meurtriers)
NON, de 1914, à 1918, les français furent embarqués pour défendre leur PATRIE.
Patrie, un mot qui se veux politiquement incorrect, en 2013……
René Graciet, cet agriculteur des Landes, érudit, autodidacte, n’a pas rechigné un seul instant, quand il a reçu sa feuille de mobilisation.
Des Pins des landes, il est passé aux tranchées de Souchez dans le Pas de Calais. Il a vu mourir ses amis, ses supérieurs, sans jamais montrer dans sa correspondance, qu’il souffrait du froid, de la faim, et du bruit des canons adverses.
J’ai adoré ce petit livre, et je pourrai encore et encore vous parler de ce courageux soldat.
Merci de nous rafraichir la mémoire, cher Jacques Dupé.
Chère Sophy,
14-18 la grande boucherie, et je n’ose même pas parler de tous ces fusillés pour l’exemple ! Étrange que l’on n’ai pas fusillé un ou deux généraux, car eux ne montaient pas à l’assaut des tranchées adverses, plus simple d’établir des stratégies assassines à l’abri !
On ne peut qu’avoir le plus grand respect pour cette génération sacrifiée.
Je t’embrasse
Sophy
Voilà une interview joliment menée pour un livre bien interessant.
quand je me plonge dans cette guerre monstrueuse, je me demande comme Brel, « pourquoi ont ils tué Jaures »? La presse de l’epoque etait horrible, manipulatrice , et va t’en guerre.
Accessoirement, saviez vous que seuls 3 % des conscrits etaient illettrés avant la 1ere Guerre Mondiale (le service militaire permettait à l’epoque un recensement au niveau national); et que les filles aussi savaient lire et ecrire! il doit etre autour de 7 % à present.
Beaucoup de nos paysans ont servi de chair à canon; ils n’avaient pas le choix; quelle chance ont nos enfants!
Un tres joli temoignage de sans grade ci dessous
[url]http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article2188[/url]
Vous avez raison [b]isa3[/b], à cette époque la plus part des paysans savaient lire et écrire, et s’exprimaient en bon français, alors que la plus part parlaient chez eux une langue régionale. Aujourd’hui lorsqu’on écoute certains sportifs de haut niveau à la télé…. heu…
Cher Michel,
Ni toi, ni moi n’avons connu la guerre sur notre territoire, et c’est une chance.
Quand on fait parler nos parents, ils sont intarissables, sur la seconde guerre Mondiale, où les conditions « guerrières » étaient différentes, puisque motorisés, et où l’enjeu était tout autre, avec à sa tête, le plus fou des dictateurs jamais connu dans le Monde à cette époque.
Nos grands parents ne sont plus là pour témoigner de ces 4 horribles années, où l’on se battait encore à la baïonnette, et au fusil à un coup.
Les tranchées, le Chemin des dames, ont fait des morts des deux côtés.
L’insalubrité, la faim, l’équipement inadapté étaient le lot de ces soldats mobilisés, sans préparation à ce qui les attendaient.
Comme tu le dis, seuls les Haut gradés étaient à l’abri, donnant des ordres depuis un poste bien en delà du Front.
Pendant l’année 2014, où on commémorera le centenaire de cette guerre inhumaine (elles le sont toutes, je sais), nous verrons si la notion du « Souvenir » ne sera pas un une simple inauguration des « chrysanthèmes » ….
Je t’embrasse l’AMI de toujours !!
SOPHY
Chère ISA,
Merci pour ce passage apprécié, car toujours argumenté, quand le sujet s’y prête.
J’ai choisi l’interview, plus « vivante » que la simple présentation du livre de Jacques Dupé.
Je reconnais que l’auteur, m’a lui même proposé de répondre aux questions que je lui poserai.
J’ai toujours privilégié cette façon d’écrire quand l’occasion se présentait.
Je ne répèterai pas ce que j’ai dit plus bas à Michel, mais, comme le petit neveu de René Graciet, comme VOUS, je reconnais qu’il est remarquable qu’à cette époque, tous les jeunes savait manier les fondamentaux : l’écriture, et le calcul.
Même ce héros malgré lui, qui, à 2O ans, à l’aube de sa vie d’adulte, maîtrisait parfaitement l’orthographe et la grammaire.
Issu d’un milieu modeste, où les « bras » étaient plus utiles que la « tête », il a su nous prouvez que l’école à cette époque avait conservé toute sa noblesse.
Doué pour l’écriture, et suffisamment imaginatif, pour versifier,la courte vie de René Graciet nous donne à réfléchir sur le devenir de la génération sacrifiée qui s’apprête a entrer dans la « Vie active », si tant est qu’il y ait du travail à l’arrivée.
Bien à Vous
SOPHY