EGLISE DE NADAILLAC, 27 AVRIL 2013


Celui que nous accompagnons à sa dernière demeure fut, à sa manière, un héros de la Seconde guerre mondiale. L’attestent, le drapeau tricolore posé sur son cercueil et les plus hautes distinctions de la République, dont sa croix de la Légion d’honneur.    

Né le 7 décembre 1924 à Nadaillac, à la maison Roche acquise après la guerre de 1914-1918, il était entré dans sa 89ème année. Les choses avaient d’ailleurs commencé bizarrement pour lui. Lors de la naissance de son frère aîné son père, se trouvant bloqué dans les tranchées de la Somme, avait ordonné à sa mère de le prénommer Guy, en souvenir du saint patron de la Serbie, suite à l’assassinat en 1914) de l’archiduc Ferdinand, héritier du trône d’Autriche. Le secrétaire de mairie ne connaissant pas ce prénom, son frère fut donc nommé Raymond mais la famille et le village l’ont toujours appelé Guy. Lorsque son 2eme enfant arriva, il revient à la charge en donnant à celui-ci  le prénom Guy qui, par contre fut connu dans notre commune sous celui de Raymond. D’où une série d’imbroglios qui conduisirent les gens de Nadaillac à appeler l’un avec le prénom de l’autre et vice-versa.

 

L’enfance de Guy se déroule au village le plus calmement du monde. Il est un bon élève. Le moment venu il passe son certificat d’étude à Payrac. Monsieur Damarzit l’avait si bien préparé qu’il l’obtient avec la mention bien. Pupille de la Nation son père étant décédé des suites de la guerre) Guy poursuit ses études à l’école militaire de Billom. Il obtient son BEPC avec brio. A la déclaration de la guerre, il suit ses professeurs militaires en direction de l’Espagne où ils furent prisonniers des franquistes et libérés par les "Américains". Il se rend alors en Afrique du Nord, au Maroc, où il rejoint les troupes du général Delattre de Tassigny. Puis ce fut l’Algérie, la Corse, l’île d’Elbe et le débarquement en Provence. Au cours de ses pérégrinations, il lui arrive 1000 aventures. Il sera gravement blessé en Alsace et couvert de gloire partout. Puis ce fut l’Indochine où il fut également blessé à Diem Bien Phu. Les exploits militaires ne s’arrêtent pas là. Ce fut plus tard la guerre d’Algérie. Il était déjà marié avec Huguette Dubosc. Par la suite, ils s’installèrent avec leur fils Philippe, à Sainte Geneviève des Bois où il participe activement à la création du salon des artistes de l’Hurepoix. Il y expose lui-même ses sculptures sur bois) d’une belle facture. Je peux assurer qu’il s’agissait d’une manifestation de grande envergure. Restant très attaché à Nadaillac, il venait, en compagnie de son fils Philippe et de sa famille y passer ses vacances. A l’occasion du mariage de son petit-fils Cédric, il souhaita organiser une grande fête à laquelle il invita une partie du village.

Après sa disparition c’est une mémoire vivante de l’histoire de Nadaillac qui s’éteint. Toujours fidèle à ses frères d’armes, l’ancien enfant de troupe ne manquait jamais d’assister à la messe de la fête locale, célébrée à la mémoire de nos "morts à la guerre". Aujourd’hui c’est à notre tour de le confier à Dieu et à Notre-Dame avec une prière de Charles Péguy :

"Quand nous aurons joué nos derniers personnages,

Quand nous aurons posé la cape et le manteau,

Veuillez nous rappeler nos longs pèlerinages,

Quand on aura dit sur vous dit l’absoute et la messe…

Veuillez-vous rappeler, reine de la promesse,

Veuillez-vous rappeler votre  miséricorde, 

Nous ne demandons rien, refuge du pêcheur, 

Que la dernière place en votre purgatoire, 

Pour pleurer longuement notre tragique histoire, 

Et contempler de loin votre jeune splendeur".