Hey Girl !

Hey Girl!

 

 

Hier soir, le 18 février 2011 se tenait la dernière représentation de la pièce Hey Girl de Roméo Castellucci, au Phénix, théâtre de scène nationale, à Valenciennes. Cette pièce est insérée dans la programmation du Phénix sous l’intitulé « cabinet de curiosités », ce dernier réunit pour une soirée ou quelques jours des propositions inédites ou interdisciplinaires. En effet, pour ce qui est de l’interdisciplinarité de cette pièce tant attendue, rien à redire, cette dernière oscille entre danse et théâtre contemporain sans qu’on puisse réellement la classer dans une catégorie. Le metteur en scène Romeo Castellucci est connu pour sa singularité et son approche très plastique des formes, des objets et des corps, de quoi s’en mettre plein les yeux…

  

 

 

De quoi s’agit-il?

Comme figure et personnage il s’agit de la femme, enfin de la petite fille qui éclot pour devenir femme. Dans cette pièce Romeo Castellucci aborde la puberté féminine et tous les changements qu’elle implique. « Quelqu’un se réveille, se lève, se prépare à sortir. On sort. Fin de l’histoire. », dit Romeo Castellucci, et c’est bien de cela dont il est question. Au lever du rideau, face à nous un corps englué dans une sorte de gélatine visqueuse rose. Le corps comme une larve dans un cocon, grandit, s’extirpe peu à peu de son enveloppe, et prend son propre envol, fragile.

 

De belles images

 

Au delà de l’image féminine se glisse une image plus politique, en réalité le spectacle est un répertoire à images, convaincantes, autoritaires, intelligentes, et par dessus tout belles.

Le corps s’extirpe d’une masse informe et organique d’une sorte de gélatine, se déploit. Puis apparaissent le rouge à lèvre et le chanel n°5 symbole de féminité. Après, il y a le glaive et la figure de Jeanne d’Arc. Des têtes de poupées géantes hissées sur des corps féminins, jusqu’à leur décapitation, la fin de l’enfance et ces têtes gisant au sol telles des trophées abandonnés. Puis il y a une quarantaine de figurants qui à coups de polochons viennent frapper le corps de l’actrice principale, référence à Marie-Antoinette et au peuple révolté? Puis, encore, il y a la femme esclave, le corps politique. Il y a la femme armure, talons au pieds… Il y a … beaucoup d’instants découpés comme de véritables images. Beaucoup de flottements, de non dits entre toutes ces images qui rendent par moment la pièce peu compréhensible, énigmatique sans aucuns doutes. Mais d’une certaine façon Romeo Castellucci nous a vaincu en réussissant son paris, « Hey girl ! est linéaire, plan, pareil au parcours d’un fleuve dans une plaine descendant vers la mer ; mais en cette Hey girl ! est linéaire, plan, pareil au parcours d’un fleuve dans une plaine descendant vers la mer ; mais en cette mer tout son contenu va se perdre, devient méconnaissable, n’est plus. C’est comme si une représentation était jouée à fond. Rien qui renvoie à autre chose qu’au geste nu et à son évaporation. » nous livre le maître. Hey Girl où la beauté énigmatique d’une fleur en bourgeon, pour la métaphore, mesdemoiselles…