Hassan Nasrallah, Saad Hariri : duel de choc

Depuis que l’Union européenne a classé terroriste la branche politique du Hezbollah, nombreux parmi les responsables, enclins à manger à tous les râteliers ont fait volte face, sans même crier gare. Fraîchement inscrits dans le sillage de la politique européenne, chacun de ces adhérents y est allé de ses remontrances contre le Hezb : bienveillant jusque là, le président Michel Sleiman qui faisait office « d’ombre de rocher » a haussé le ton, lors de la fête de l‘armée, martelant l‘urgence de recadrer le système de défense national. 

Quant à Saad Hari, il a dû en reprendre du poil de la bête suite à cet épisode au point de se sentir carrément pousser des ailes : en témoigne son discours par écran interposé au cours duquel il s’est lancé dans une virulente offensive contre le Hezb ; il faut reconnaître que le président du Bloc du Futur ne s’est toujours pas remis de ses émotions depuis qu’est tombée en désuétude l’auréole dont il s’était paré, laquelle était gracieusement héritée de son père. 

La phrase introductive de son discours à charge contre sayyed Nasrallah donne le la : « que Dieu maudisse ceux qui nous ont mis dans cette situation !» Et de regraviter avec force jérémiades autour du sempiternel TSL et de ses couacs, alors que les assassinats politiques, que les victimes innocentes mais anonymes sont légion dans le pays ! Il s’en est pris à la formule fétiche du Hezbollah, armée, peuple, résistance jusqu’à la faire voler en éclats de sa rhétorique enflammée, à défaut de faire mieux ! Toujours prompt à voir la paille dans l’œil de Nasrallah, cheikh Saad en finit par ne plus voir la poutre dans le sien. 

Il faut dire que le chef du parti chiite a fait preuve de dérapages lors de la journée Al Qods, en ambitionnant d’atteler tout un pays de force derrière un projet qui n’est pas le sien : encore faut-il être libre soi-même avant de vouloir libérer en cavalier seul la Palestine ! Grosse bévue qui pour autant ne lui fait pas perdre ses bons points déjà acquis à la sueur de son front, notamment celui d’avoir freiné les ardeurs hégémoniques des Hariri : exit enfin la période où les Libanais devaient se soumettre aux dogmes de ces détenteurs de richesses colossales, quand de père en fils, on régnait en maître incontesté, incontestable du pays. 

Hariri, c’est l’hôpital qui se fout de la charité : parler d’Etat hezbollahi dans l’Etat quand on a soi même, des années durant, muselé toute la jeunesse défavorisée libanaise en l’abreuvant gracieusement de bourses universitaires ; quand on a pratiqué sans vergogne l’expropriation de familles du centre ville dévasté de Beyrouth, moyennant des sommes dérisoires afin de mettre à exécution son projet pharaonique : un vieux Beyrouth flambant neuf, imposant, élitiste, sans âme aucune, tout comme un cheveu dans la soupe ! 

Lors de leurs apparitions, Hassan Nasrallah tout comme cheikh Saad ont rivalisé d’insolence mettant en exergue encore une fois leur entêtement respectif : entre le premier qui préconise, un gouvernement d’Union nationale et le second un gouvernement neutre mais qui n‘aura de neutre que le nom, le déblocage de la situation politique ne semble pas être pour demain la veille.  Que ce soit l’Alliance du 8 ou du 14 Mars,  la logique paradoxale qui prime est le : un pour tous, tous pour un alors que dans ces contrées on est à des années lumière de ce concept. Et de prorogations en prorogations, le pays survit à coups de perfusion…