Ce Peltier n’est pas un fourreur, mais un vrai fourre-tout. Présenté par Mediapart, et d’autres, comme la « boîte à idées » de Sarkozy et de l’UMP, cet ancien du Front national et de quelques formations dérivées ou proches, serait « la » découverte, le manitou de la campagne 2012. Pas sûr que la pelisse mitée dont il veut emmitoufler Sarkozy préservera son candidat, très en froid avec les Françaises et les Français.

Sur ce montage Come4News qui illustre la clairvoyance de Guillaume Peltier, l’homme de l’ombre non seulement de la Nouvelle Droite mais de la plupart des composantes ad hoc de l’UMP dont le cardinal tourangeau Guillaume Peltier est l’éminence grise, tout est authentique.

Y compris, bien sûr, le rapprochement entre des symboles parisiens (tour Eiffel, La Défense…) et la façade de l’hôtel de Ville de Tours dont G. Peltier vise le siège de maire (aussi celui de conseiller général et de député, bonjour le cumul des mandats).
Le 15 mai 2008, G. Peltier titrait : « L’exemple Berlusconi : une vraie droite moderne ! ». Le reste était à l’avenant : « Le Berlusconi nouveau est arrivé (…) Ces convictions solides associées à une ligne politique claire et un ton sobre, cette vraie droite assumée, rassembleuse et moderne seraient alors un bel exemple à suivre… de l’autre côté des Alpes. ».

Ce n’était pas un appel du pied à la « gauche archaïque », leitmotiv de Peltier, mais à l’heure où les Dupont-Aignant, les de Villepin, voire quelques faux-nez centristes, et Marine Le Pen critiquaient Sarkozy, un véritable appel à l’union de toutes les droites, jusqu’à J.-M. Bœckel, sans doute.

Pari gagnant

Mediapart consacre un portrait de quatre longs volets à ce Guillaume Peltier, qualifié dans le titre de « bébé Buisson de l’UMP et de l’Élysée ». Buisson, c’est bien sûr Patrick Buisson, autre transfuge de l’extrême droite. Brice Hortefeux et Buisson, ancien de l’hebdo Minute, proche de Jean-Marie Le Pen et bien moins de Martine Le Pen, seraient ceux qui auraient « fait » Peltier, en attendant sans doute qu’il les refasse à son tour. Buisson, déjà en 1987, voulait rapprocher « toutes les droites », du FN au Parti républicain.
C’est la ligne qu’adopte Peltier, en privilégiant des thèmes comme la menace islamiste, l’homosexualité, mais mezzo voce.
Pas du tout à la Berlusconi « nouveau », en bien moins rentre-dedans.

Ex-critique virulent des sondages, Peltier en a monté une boîte plus que moins bidon (et largement plus que d’autres), qui s’intitule Com1+ et publie La Lettre de l’opinion, dont le dernier numéro se targue de dresser « la nouvelle typologie des droites ».

On ne voit pas trop en quoi la Fédération française du bâtiment serait intéressée par cette feuille confidentielle, mais comme Veolia et BNP Paribas, et divers conseils généraux, elle la soutient. Plus insolite, la Ville de Lyon (PS), dont le logo est présent sur le site, cracherait donc au bassinet ? L’IFOP serait aussi partenaire.

Dans une note de tendance sur la présence du FN aux dernières cantonales, Peltier se gardait bien d’envisager un nombre d’élus FN (deux, dont un invalidé), mais il n’avait pas tort sur tout : dans les cantons très ouvriers et populaires, où la droite classique est très faible et ne peut donc décevoir, l’électorat UMP et voisin se reporte, au second tour, assez volontiers sur le FN. Hormis cette fine observation que tout le monde peut faire, on ne voit pas trop l’apport de Peltier à la « gagne » de Sarkozy et de l’UMP.

Mais Peltier, grâce à sa bonne bouille, son entregent, et en collant au slogan du « président protecteur » a fini par recueillir des fonds, des budgets, et faire office de bras droit d’Alain Carignon, chargé de la stratégie de la campagne Sarkozy 2012.

Droite juste… à côté

Selon Mediapart, Peltier aurait piqué le mot « juste » à Ségolène Royal pour l’accoler à celui de droite. La « Droite juste », oui, mais à côté de qui, au fait ? Surtout de l’aile droite de la droite, mais il ne faut pas trop le manifester. Mediapart dresse la très large liste des ministres UMP ou Nouveau Centre qui confieraient de l’argent public à Peltier – sous diverses formes – en échanges de conseils.
La Droite humaniste prend toutefois, pour la galerie, ses distances. En raison des dix années passées par Peltier dans des formations d’extrême droite, allègue-t-on. En fait, tout marche à la baguette de Sarkozy, mais dans le rôle du chef d’orchestre, G. Peltier fait semblant d’organiser des choses que Sarkozy comprend sans doute pas forcément davantage que lui-même.

Après avoir fustigé l’échec de Sarkozy à l’Intérieur, sur la sécurité, l’immigration zéro, et réclamé comme le FN un nouveau référendum sur la peine de mort, Peltier fait semblant de tourner casaque.

Effectivement, dans la bonne ville de feu Jean Royer, Tours, la droite se doit d’être policée.

À Tours, quand on consulte attentivement son blogue, on voit que Peltier, 35 ans, vise toutes les fonctions électives. Peltier, c’est Chirac au même âge, claquant la bise aux vieilles dames et palpant le cul de tous les bestiaux. Peltier avait déjà tenté sa chance à Reims, ville rétive aux non-Champenois. En Indre-et-Loire, hormis se mettre à dos Renaud Donnedieu de Vabres, cité dans diverses affaires de financement, il s’est rallié un peu tout le monde, dont Hervé Novelli.

Chez de Villiers, Peltier aurait, selon un ex-ami, visé la place du fondateur du Mouvement pour la France (MPF), et se serait vu évincé en juillet 2008. Mais le bluff réussit parfois (avec une belle page de complaisance sur Wikipedia qui le crédite d’avoir inventé le terme de Cinquième République bis, ce qui change tout, radicalement).

On ne voit pas très bien au nom de quoi il serait « professeur » de l’université d’Orléans en mastère de communication politique. Il n’est titulaire que d’une maîtrise d’histoire. Ce banlieusard parisien se dit « lauréat du Capès 1999 » (sans doute d’histoire) et est nommé à Joinville, puis Épernay (d’où l’entrisme en Champagne). Mais il se met en disponibilité pour rejoindre le MPF.

Ambition débordante

Mediapart n’a semble-t-il pas retrouvé la page que Le Monde avait consacré à Peltier sous la plume de Christiane Chombeau, le 17 mars 2006, qui voyait en lui un « faiseur de tribuns ». Nicole Thomas-Mauro et Marie-Laure Buisson, très proches de Ph. de Villiers, dénonçaient son « ambition débordante » et ses « méthodes frontistes ». Est-ce grâce à cette même Marie-Laure Buisson, de la Fondation Veolia Environnement, qu’à présent Guillaume Peltier s’est mis l’entreprise dans la poche, ou s’agit-il d’une homonyme ? Cette dame patronnesse sait fort bien choisir, en Afrique, Colombie ou ailleurs, les cibles des aides qu’elle dispense : généralement, des villages ou localités dont sont issus des décideurs locaux, des hommes politiques de premier plan. On retrouve la même Marie-Laure auditrice de l’Institut des Hautes-Études de Défense nationale. Histoire de faire accompagner les projets d’aides par d’honorables correspondants ?
En tout cas, il sera dit qu’un(e) Buisson aura été assez ardent pour faire renaître le très catholique romain Guillaume Peltier de ses cendres. Charité chrétienne commençant par soi-même ?

Guillaume Peltier, qui saluait en 2008 la lutte contre la fraude fiscale (et aussi bien sûr la fraude sociale, son dada), a commencé à titiller la Sarkozye avec quelques sujets qui fâchent, comme la politique familiale qui ne lui semblait pas « aller dans la bonne direction ». Ou le Tibet. Le projet de suppression des départements. Le prix trop élevé des carburants. Ou la commission Balladur présentant « un écran de fumée ». Bizarrement, à proche de l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, il relevait : « quant à la vérité, comme dans le dossier des infirmières bulgares, elle mettra sans doute encore bien longtemps à éclater. ».
Depuis que l’ancien ministre de la Justice de Kadhafi, qui s’opposait totalement à leur libération, est devenu un ponte du CNT libyen, tout est pardonné ! Sarkozy et BHL l’embrasseraient presque publiquement sur la bouche ! Comme quoi, en dépit du passé, comme pour Peltier, on sait, en haut-lieu, pardonner les petites critiques et les très légères offenses.

Le plus drôle, sur le blogue de Peltier, c’est ce billet « sur le parachutisme… en politique ». Qui ne vise bien sûr que le PS. Peltier, dont les parents avaient une résidence secondaire du côté de Tours, n’est pas bien sûr, lui, un parachuté. Mais il veut solidement s’implanter. D’ailleurs, il est pour le cumul des mandats pour éviter que le Parlement soit « composé uniquement de fonctionnaires. ». Ne serait-il pourtant pas, de fait, un fonctionnaire contractuel ?

Peltier avait débuté son blogue le 1er janvier 2007, en chahutant un peu le bling-bling de ministres qu’il ne nommait pas (« le people avant le peuple », paru dès le 27 du mois). Plus il s’est rapproché de l’Élysée, moins il est devenu critique à l’égard de son locataire. Un hasard.

Son dernier exploit est un jeu de mots : Tou(r)s ensemble pour Nicolas Sarkozy 2012. Il fait y songer. Et c’est bien payé ? La prochaine fois, Rout(e)s ensemble avec Nicolas ? Histoire de se faire comprendre dans les banlieues ? Dans une chronique sur Atlantico, il concluait : « Quant aux catégories populaires, leur proportion semble plus importante au sein de la droite extrême qu’auprès des autres sensibilités. Pour l’UMP, le défi reste de faire cohabiter sous le même toit toutes ces branches de la même famille ! ».

Bientôt promu ?

En fait, assis à l’arrière de la berline familiale, aux côtés des jeunes sauvageons, ses ex-frères d’armes du FN qui s’égosillent « alors, quand est-ce qu’on arrive ? », il est grassement rétribué pour répondre, « bientôt, bientôt… ». Quand ? Lorsqu’il sera promu, bien évidemment.
Madelin, Longuet, Devedjian, Novelli, Abitbol et quelques autres leur ont déjà fait le coup. Certains sont arrivés, d’autres ont été débarqués et tentent encore l’auto-stop, d’autres encore ont été abandonnés à l’étape plein d’essence…
Comme le veut une vieille blague, Peltier gagnera peut-être « des kilomètres de tour », en se notabilisant. Bah, Rama Yade vient d’être embauchée chez Cursus Management pour « faire de la formation ». Peut-être que Peltier finira par recruter des vigiles d’une ville tenue par le Parti radical (il en resterait). Ou deviendra gardien du HLM de Fadela Amara, inspectrice des Affaires sociales nommée au tour extérieur. Avec, cette fois, le salaire de ses compétences et les compétences de son salaire.
Mais je ne fais pas trop de souci pour lui. Il y aura bien une fondation Pièces jaunes ou un autre vase(ux) communicant pour le récupérer.