Lybie : Jibril (CNT) « Kadhafi exécuté par une force étrangère »

Singulière déclaration de Mahmoud Jibril, l’ami de Bernard-Henri Lévy, et ex-premier ministre par intérim de la Libye « révolutionnaire ». L’ex-dirigeant du CNT, dans des déclarations que Malta Today reproduit, considère que Kadhafi père aurait été « exécuté », ce qui ne fait aucun doute. Mais sur ordre de qui et pourquoi ? Réponse en substance, un État, un président, un dirigeant qui voulait faire taire définitivement Mouamar Kadhafi… Une manière, pour Jibril, de rester dans le jeu ?

Alors que le sort de l’ancien Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi, est suspendu à la décision d’on ne sait trop qui du nouveau gouvernement tunisien (un décret doit être signé par le président Foued M’bazaâ, dont le rôle est marginalisé) après qu’une cour tunisienne ait autorisé sa livraison au nouveau régime, soit au CNT, ce type de déclaration laisse penser que certains, en Libye, veulent en savoir davantage sur le rôle exact des forces spéciales du Qatar, de la France, d’autres pays. On le sait, les services secrets allemands, malgré un démenti tardif, savaient où le colonel Kadhafi se terrait à Syrte. 20 véhicules du convoi de Kadhafi avaient été détruits par des bombes françaises…

Peut-être au prétexte d’enquêter sur le meurtre, ancien, à Londres, près de l’ambassade libyenne, d’une policière britannique, Scotland Yard dépêcherait très bientôt des policiers en Libye. Histoire d’y voir plus clair sur les bonnes relations entre Tony Blair et la Libye de Kadhafi, aussi ?
Abdulqadir al-Baghdadi serait le présumé meurtrier de la constable Yvonne Fletcher.

Dans le chaos de la prise de Tripoli, de très nombreux documents ont été détruits, tant par les loyalistes en fuite que par des brigades ou milices ou, peut-être, des forces spéciales étrangères.

L’Algérie a aussi vigoureusement démenti avoir soutenu secrètement Kadhafi, pratiquement jusqu’au bout, mais divers services seraient intéressés de savoir ce qu’il en retourne. Les États-Unis viennent de renforcer leur coopération militaire avec l’Algérie.

On ne sait où se trouve le fils Kadhafi, Seif al-Islam, mais un militaire nigérien a été tué, et quatre autres blessés, dans des affrontements avec des Touaregs et des Libyens qui avaient pris place dans un convoi lourdement armé. Un nouveau mouvement touareg, pour la libération de la région d’Azawad, s’est formé au Mali. Afriscoop publie les déclarations de Khaled Abou Al-Abbas, dit Bellawar, fondateur de l’Émirat du Sahara. De son côté, Mokhtar Belmokhtar, depuis la Mauritanie, a indiqué qu’Aqmi avait récupéré des armements libyens. Cet Algérien a déconseillé aux révolutionnaires libyens de déposer leurs armes, en particulier « aux jeunes islamistes » des brigades d’insurgés.

La situation est donc particulièrement confuses et le renseignement militaire est activement recherché par divers services occidentaux et autres.

Pour sa part, Bernard-Henri Lévy a indiqué à L’Express qu’il ne croyait pas que les Kadhafi puissent détenir des secrets : « Je crois que personne n’avait d’intérêt à faire taire Kadhafi. Je sais qu’il y a des théories qui fleurissent sur la Toile et qui évoquent des redoutables secrets dont il aurait été dépositaire et qu’il aurait rendu publics s’il avait comparu devant une cour pénale. Allons ! Ne pensez-vous pas qu’il avait mille fois le temps de le faire pendant les huit mois de guerre ? Croyez-vous qu’il se serait privé, s’il avait disposé de ces terribles "dossiers", de s’en servir comme d’une arme de guerre ? ». On sait pourtant que son fils a communiqué des dossiers à la Cour internationale. Mais on ne peut effectivement que présumer qu’il garderait des arguments en réserve. De même, BHL a formellement affirmé que Sarkozy se serait refusé à faire exécuter Kadhafi. Il faut donc croire qu’un pilote français aurait outrepassé cette résolution en risquant d’éliminer Kadhafi en bombardant et atteignant son convoi. Improbable.

Les déclarations de Jibril n’ont pas, pour le moment, suscité de commentaires.