Selon les informations du gouvernement grec, le taux de participation à l’échange de dette dépasse les attentes.

C’était une information très attendue. Hier soir, des premières rumeurs circulaient déjà sur le taux de participation des créanciers privés à l’échange de dette grecque. Ce taux revêt une importance toute particulière car la Grèce s’était engagée à renoncer à cette opération si le taux n’atteignait pas au moins 75%. Et un taux d’au moins 66% était nécessaire pour déclencher un ensemble de clauses juridiques rendant l’accord opposable aux investisseurs récalcitrants. L’aspect juridique des actualités économiques est toujours très difficile à comprendre mais globalement, un taux de 66% permet d’activer ce que l’on appelle des clauses d’actions collectives (Cac), qui contraindront les porteurs d’obligations de droit grec qui n’ont pas participé à l’effort de le faire et d’échanger les anciens titres contre de nouvelles obligations. Vendredi matin, le ministre grec des finances Evangelos Venizélos, a annoncé que les détenteurs de 85,8% des obligations de droit grec, d’un montant total de 177 milliards d’euros, avaient volontairement participé à l’échange. En prenant en compte l’activation des Cac, cette proportion grimperait à 95,7%. La Grèce espérait 90%. C’est donc au-delà des attentes. L’offre d’échange pour les obligations gouvernées par des législations étrangères et pour les obligations garanties par l’Etat émise par des sociétés publiques se prolonge jusqu’au 23 mars.18 milliards d’obligations de droit non grec sont concernés et les fonds spéculatifs doivent saisir des tribunaux à propos de cela.

 

Cet échange de dette était scruté de près par les bailleurs de fonds de la Grèce (l’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International) car il était la condition initiale et indispensable au versement du plan d’aide de 130 milliards d’euros adopté le mois dernier. Cet échange permettra d’effacer 107 milliards d’euros de dette. Une téléconférence de l’Eurogroupe, la réunion regroupant l’ensemble des ministres des finances de l’UE,était prévue ce vendredi et une décision concernant le versement d’une première partie du plan d’aide est prévue en début de semaine prochaine. Le FMI se réunira d’ailleurs le 15 mars à propos du dossier. Il faudra faire avant le 20 mars, date à laquelle 14,5 milliards d’euros d’obligations souveraines arrivent à échéance. A cette date, si rien n’est fait, la Grèce fera défaut de paiement. Le FMI, par la voix de sa directrice, Christine Lagarde, a jugé prometteur cet échange. 

 

Il reste un petit point à éclaircir. Il s’agit des Credit Default Swaps (CDS), ces équivalents des contrats d’assurance dans le monde du crédit. L’International Swap and Derivatives Association (Isad) devait se réunir ce vendredi pour annoncer si le déclenchement de cet échange pouvait être considéré comme un événement de crédit. Si tel est le cas, la Grèce devra payer des primes, de l’ordre de 2,5 milliards. Une goutte d’eau si l’on compare cette somme aux plans d’aides que le pays a pu bénéficier. La panique n’est donc pas de mise.

 

Ce succès ne doit pas cacher la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les Grecs avec un taux de chômage de 21%, un jeune sur deux sans emploi, des mesures d’austérité qui ne vont pas arranger la récession qu’ils subissent depuis cinq ans. Beaucoup de représentants européens ne croient pas que le pays puisse mener à bien les mesures promises notamment à cause des prochaines élections prévues en avril, pour élire un nouveau parlement. Le peuple grec, désemparé, devrait se faire entendre.