Inutile d’être auteur ou de s’appeler Proust pour devenir bêta-lecteur. Plusieurs forums existent et il se peut que, parfois, de jeunes écrivains fassent appel aux autres afin de récolter des avis. La bêta-lecture n’est pas un sous-genre de la correction à proprement parler. Il ne s’agit absolument pas de réécrire certains passages à la place de l’auteur mais, au contraire, de lui faire prendre conscience de ce qui cloche dans son texte. L’idée est que l’écrivain puisse se mettre à la place du lecteur afin de retravailler les extraits peu clairs.
En effet, les choses sont différentes dans la tête du lecteur et dans celle de l’auteur. Ce que comprend le lecteur peut en fait se trouver à mille lieues de ce que voulait transmettre l’écrivain. Ceci n’a, en réalité, rien d’étonnant quand on sait que l’auteur, au moment où il écrit, a déjà une idée bien précise de ce qu’il souhaite. Il arrive que des descriptifs soient aux abonnés absents, que les dialogues manquent de réalisme et les scènes de mordant.
A partir du moment où vous possédez la fibre littéraire, vous pouvez prétendre à devenir bêta-lecteur. Evidemment, cela se fait bénévolement, pour le plaisir des mots.
La bêta-lecture s’avère importante pour l’auteur, dans le sens où ce dernier a besoin de comprendre pourquoi tel passage ou telle explication sonne faux. Elle est le passage par un oeil extérieur, celui où tout devient possible, en bon ou en moins bon. C’est le moment où il faudra accepter, revoir, et proposer à nouveau. Celui où le lecteur confirmera les doutes de l’auteur ou, au contraire, les annihilera d’un commentaire argumenté.
Peu importent le style, la mise en forme et consorts si l’histoire n’est pas cohérente. Parfois, le fond est ce qui pêche le plus. Les émotions doivent paraître réalistes, les personnages attractifs. Si l’ensemble sonne creux, le lecteur ne suivra pas plus loin votre histoire.
Au fil du temps, la bêta-lecture permet à l’auteur de gommer ses propres fautes, à force de les voir resurgir. Chacune peut donc y trouver son compte.