Au lendemain du six février (anniversaire du six février 1934, bien oublié aujourd’hui, mais moi, j’étais déjà dans le coup, même si je n’avais que cinq mois à peine), nous sommes, comme c’est étrange, le sept. Ce qui n’est pas rien ! La neige stagne. Le clair de lune est, pour tout dire, absolument lunaire. J’habite à une vingtaine de kilomètres au nord de Pamiers, ou Pamias dans la langue locale. Pamiers, sous-préfecture de l’Ariège, est également la plus grande ville du département. Ce pourquoi notre vénérable, et vénéré Président, a jugé bon d’y faire, un de ces derniers mardi, une, ouvrez le ban, une visite officielle, fermez le ban.  Il a causé, comme cela se fait, devant une assemblée de notables, avec déjeuner à la clé.  

Seulement voilà : quelques dizaines, ou centaines, selon que le point de vue soit policier ou journalistique, d’opposants paisibles (je veux dire sans casques, foulards, et autres armes par destination, comme on dit place Beauveau), se sont réunis derrière des banderolles pour exprime le sentiment de ras le bol que suscite la présence chez eux de l’indésirable. Une petite parenthèse : le maire de Pamias est une sorte d’UMP mais tout le reste des élus locaux appartient au PS ou à l’un ou l’autre de ses alliés.   

   Continuons, après cette sorte de chapô de l’étage au dessus (j’ai pas encore bien compris comment on peut mettre en exergue quelques mots clé et un court résumé du contenu de l’article. Je verrai quand j’aurai fini ma rédaction (on se croirait de retour en huitième, ou dans l’affreux jargon, en CM1 – ça doit s’appeler autrement : j’ai une petite-fille, qui va me faire arrière grand père début avril. Cette chair de ma chair est "prof des écoles" (bac plus cinq, faut excuser du peu) dans une banlieue parisienne, pas plus pourrie qu’une autre. Je vais donc lui poser la question). 

   Donc, Pamiers, cité aux trois clochers (d’après une pancarte routière, don du syndicat d’initative) et patrie du compositeur Gabriel Fauré (selon un autre panneau, lui aussi apposé suite à une initiative du syndicat en question), accueillait notre excellent Président sous l’oeil attendri du Préfet (encore un étranger, çui-là. Même qu’il a un nom espagnol – les espagnols sont gnols, tout le monde le sait depuis Offenbach) et du maire, sorte d’Alzheimer précoce. NS – sigle évoquant soit Notre Seigneur, ou encore Notre Sauveur, voire, pour les sceptiques, Notre Sarkozy – même qu’il est si important que Merkel lui tient la main quand il cause et qu’Obama applaudit à deux mains sa façon de "gérer la crise", alors même que le Président des Zétats Zunis fait, en ce domaine, une politique radicalement inverse, ce qui traduit par une forte montée du Dow Jones et une baisse spectaculaire du chômage.

   Après trois petits tours en ville, même qu’il a causé à quelques figurants, déguisés en ouvriers – y a pas que les auteurs dramatiques ou les compositeurs de musique contemporaine qui recourent, parfois, aux services d’une "claque" – NS s’envole à bord d’un hélico pour rejoindre son beau gros navion aménagé à grands frais pour le service de la République, tandis que sa suite emprunte, toutes sirènes hurlantes, l’autoroute qui mène à Toulouse et donc à Blagnac, centre aéroportuaire bien connu.

   Et, pendant ce temps, les manifestants dont j’ai parlé plus haut se pointent dans les beaux quartiers de Pamias (‘cé moun païs, expression qui désigne aussi un excellent fromage ariègeois. N’y voyez aucune allusion au "pain de la corruption", comme disait l’excellent et fort regretté Yves Farge, dans les temps qui suivirent la Libération). Les sbires de notre merveilleux Ministre de l’Intérieur interviennent, fort brutalement. Gaz lacrymo, teasers, BAMs (Bâton Administratif de Maintien de l’ordre) et autres armes par destination. Y a quelques cabossés et même quelques blessés légers.

   L’incident choquera, dans l’hémicycle du Palais Bourbon, y compris chez quelques parlementaires de la "majorité présidentielle".

   Mais comme dirait Guéant, spécialiste ès civilisations, "les chiens aboient mais la caravane passe".

   Notre Merveilleux président, ce géant politique que le monde nous envie, est naturellement fort au dessus de ces péripéties vulgaires, comme aurait dit De Gaulle. Et il nous prépare, c’est sûr, encore divers tours de con, car, en cette matière, le personnage a toujours fait preuve d’une extraordinaire inventivité.

   Attendons les zélections. En n’oubliant pas la fâcheuse contradiction qui entache le suffrage universel : la voix d’un Prix Nobel ne vaut ni plus ni moins que celle d’un ivrogne illettré. Or, et c’est le résultat d’une politique qui vient de loin, notre pays compte nettement plus d’analphabètes alcoolisés que de Prix Nobel.

La neige s’accroche. C’est parfaitement inadmissible. Si ça se maintient jusqu’au premier tour de la présidentielle, nous risquons d’avoir des surprises.

Bonne journée à tous et à plus tard !

FL