Géorgie : Qui est le nouveau maître ?


Il y a peu, c’était au tour de la Géorgie, petit état du Caucase, de passer aux urnes pour se choisir un nouveau chef. Les élections législatives proportionnelles ont été l’occasion de faire fonctionner l’alternance démocratique en panne depuis de nombreuses années. En effet, le scrutin a donné gagnant l’opposition menée par un nouvel homme fort, rentré en politique récemment, Bidzina Ivanichvili. Le candidat victorieux est taxé d’être proche de la Russie, mais peu importe, il a réussi à mettre un uppercut à son rival dont le genoux est désormais à terre, le président de la République, Mikhail Saakachvili, chef du Mouvement National Unifié.

 

 

La coalition Rêve Géorgien a conquis le coeur des citoyens. Ils ont eu des envies chimériques, des espérances nouvelles, peut être ont-ils été déçus par la politique trop libérale et pro-occidentale de l’homme qui avait su prendre les rênes du pays, lors de la révolution de la Rose en 2004. Sa gestion des affaires a ruiné les comptes et a fâché le grand voisin russe. Bureau de vote par bureau de vote, le parti hétérogène regroupant aussi bien des socialo-démocrates, des anciens soviétiques et des ultra-nationalistes, a été déclaré officiellement victorieux, 53% contre 41%. Ces élections offrent 77 sièges sur les 150 que contiennent l’assemblée nationale. Si Ivanichvili veut mettre à terre le chef de l’Etat, il lui suffit de remporter la deuxième partie de ce suffrage, les élections majoritaires offrant les 73 sièges restants. Même s’il a seulement honoré une partie du contrat, Ivanichvili somme Saakachvili de démissionner, c’est à dire d’abréger son mandat dont la date de fin est prévue en 2013. Il est clair qu’une solution devra être trouvée car les deux hommes du couple Executif ont des idées si opposées, qu’il est impossible qu’ils puissent diriger la nation à bon terme. Un état bicéphale ira dans le mur ou n’avancera pas. Pour continuer d’aller droit devant, une des deux têtes devra être décapitée. 



Mais qui est cet intriguant nouveau venu en politique ? Quel est son programme qui a su mobiliser et séduire les géorgiens ? Le nouveau Premier ministre prône un discours de lutte contre la corruption, notamment celles des fonctionnaires, il a d’ailleurs joué son va-tout sur une vidéo de violence policière à la limite du supportable où des agents des forces de l’ordre ont roué des prisonniers de coups de matraques. C’est également un proche de Vladimir Poutine et de la Russie, cela promet un apaisement des tensions entre les deux états. Ambitieux, il ne cache pas son désir de s’asseoir sur le trône lors des prochaines élections présidentielles.



Milliardaire de 56 ans, il a forgé sa fortune grâce à ses actions dans la juteuse entreprise Gasprom à la chute de l’URSS. Selon le magazine Forbes, son compte en banque est estimé à plus de 6.4 milliards d’euros, avec ce pactole, il s’offre le luxe d’être plus riche que le pays. Pourtant, il est parti de loin. Issu d’une famille pauvre de 4 enfants, profitant d’une scolarité réussi, il s’est orienté vers des études en économie, dans lesquelles il fut diplômé en Russie. Il s’est ensuite lancé dans le business d’ordinateurs et de téléphones portables importés, quand ceux-ci n’était pas encore implantés dans le bloc de l’Est. Puis il a joué les Bernard Tapie en rachetant les entreprises en faillite et en les revendant plus chère par la suite. Aujourd’hui, sa société holding, Rossisky Kredit, est l’une des premières du pays et ses intéressements dans des chaines d’hôtels et de supermarchés viennent gonfler sa cagnotte.



Un brin mégalomane, sa demeure est à son image, m’as-tu-vu. Un vaste palais avant gardiste de 50 millions d’euros, en forme de soucoupe volante, doté d’un matériel de haute sécurité, construit par l’architecte japonais, Shin Takamatsu. En plein coeur de Tbilissi, il fait face au palais présidentiel, ainsi, Ivanichvili aura qu’un seul pas à faire lorsqu’il assumera sa future tâche de président, si un jour il le devient.  



L’homme est généreux, un philanthrope qui aime faire don de ses dons. Pour lutter contre l’insalubrité et l’érosion progressive des vieux immeubles staliniens, il a fait fleurir de nouveaux lieux de résidence pour les familles. Pour satisfaire la piété de croyants, il a fait sortir du sol une cathédrale orthodoxe. Les musées, les bibliothèques et les écoles ne sont pas en reste, elles ont fait l’objets de gigantesques donations, assez pour être rénovées, augmenter leur catalogue et s’équiper en matériel high tech. Dans l’Antiquité, on aurait appelé ça de l’évergétisme. 



Ses détracteurs diront de lui qu’il a acheté les voix de façon détournée : en offrant des cadeaux, en faisant profiter les géorgiens de ses largesses, en abusant de la misère du peuple. Les partisans diront qu’il a seulement rendu le quotidien des habitants plus confortable grâce à la distribution de lave-vaisselles, de lave-linges, de téléviseurs, d’ordinateurs, de réfrigérateurs, etc. Il a même joué les pères Noel en demandant à ses futurs électeurs de lui adresser une liste de voeux qu’il tâcherait de satisfaire du moment qu’elle reste inférieure ou égale à 600€. 



Cependant, son portrait n’est pas si idyllique, l’homme traîne des casseroles bruyantes. Il a été accusé de tentative de corruption de fonctionnaires, il fut également condamné à 90 millions d’euros d’amende pour népotisme envers ses partisans. Cela n’est pas choquant, car quoi de plus normal quand on est un homme politique. 

Une réflexion sur « Géorgie : Qui est le nouveau maître ? »

  1. Selon les rumeurs, il serait avec une jeune femme russe. Est-ce que c’est la vérité ou ce sont seulement des ragots.

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