Après lecture de quelques passages du livre des deux journalistes Antonin André et Karim Rissouli, journalistes à Europe 1 et France 5, « Conversations privées avec le Président ». L’impression qui domine a le goût amer de l’aveu d’échec d’un homme très mal préparé pour exercer la fonction présidentielle. Un observateur de la presse mainstream a qualifié cette confession présidentielle de « ovniesque », ce qui n’est une appréciation personnelle, le choix des « bonnes feuilles » n’est pas innocent non plus. Nous devrons toutefois nous en contenter, mais qui pourrait encore changer d’opinion sur le chef de l’Etat après avoir lu l’intégralité de cet ouvrage ?
Une « confession » qui ressemble plutôt à une vaine tentative de justification, mais vous en jugerez vous-même.
Quelques considérations de Hollande sur…
Sarkozy
« D’une certaine façon, lui et moi sommes un peu dans la même problématique. Il doit démontrer qu’il n’est pas un candidat de plus, mais qu’il est la solution ». Puis, pour marquer sa différence avec le président du parti LR, viennent les reproches sur la peopolisation du président le plus bling bling de la cinquième République.
« Moi je ne voulais que rien ne sorte. Sarkozy, lui, veut montrer son corps d’athlète » et « sa femme superbe ».
Par charité on ne reviendra pas sur l’épisode du scooter, lorsque François Hollande avait défrayé la chronique people à l’insu de son plein gré. L’ex retraité de la politique devenu conférencier, qui aujourd’hui brigue à nouveau la présidence, lui aurait dit « tu verras on a un agent, on gagne de l’argent ». Peut-être que Hollande ne ment pas pour cette fois.
Pour Hollande Sarkozy serait un homme « brutal » avec ceux qui ose s’opposer à lui. Un homme qui n’a pas de « colonne vertébrale, donc il peut aller de tous les côtés » ni de « considération pour le reste de l’humanité » et qui est « obsédé » par les élections présidentielles. Il sait de quoi il parle. Pour enfoncer le clou, Hollande rajoutera…
« je pense qu’il n’a pas digéré le débat du second tour et l’humiliation. Il est dans un troisième tour. Au lieu de préparer 2017, il refait 2012 ».
Mais, même si Hollande a compris que la majorité des Français ne souhaitent pas un autre duel entre lui et Sarkozy au deuxième tour, il semble y croire encore…
“Je pense que s’il ne lui arrive rien, c’est lui que j’affronterai. Je ne vois pas bien comment ils pourront l’en empêcher”.
Même s’il laisse planer un doute sur sa participation, car il ne ferait « pas de choix de candidature si, d’évidence, elle ne pouvait pas se traduire par une possibilité de victoire” . Ce qui serait pour lui “une sorte de libération”.
Macron
« Macron est un garçon gentil. Un garçon simple. Et il m’est totalement fidèle. Il m’a rejoint en 2010, il a fait la campagne à mes côtés avec Sapin. Il s’occupait des chiffrages. Il a accepté de diviser son salaire par dix en venant travailler à l’Elysée avec moi ! Quand il est parti, il n’a pas sauté dans le premier wagon pour aller chercher dans le privé une rémunération exceptionnelle. Il envisageait plutôt de se tourner vers l’enseignement et de monter sa boîte de conseil ».
Il ajoutera quand même, qu’il attend de Macron qu’il soit davantage ministre de l’Economie.
Valls
« Dans cette génération, Valls est celui qui a la plus grande expérience politique. il a une identité ‘’républicaine’’, au sens chevènementiste. C’est un social-républicain plus qu’un social-libéral.”
Bolloré
“Je pense qu’il faut se méfier de Bolloré. Mais pas simplement politiquement. Ceux qui ne s’en sont pas méfiés sont morts. C’est un pirate. Et c’était vrai ce qui a été dit sur les animateurs. Quand Bolloré est venu me voir, il m’a dit “On va reprendre le Grand Journal, Les Guignols ça deviendra une émission internationale.” Puis il me dit qu’il va faire venir une nouvelle génération de comiques : Boon et Arthur ! Comme il a un physique plutôt moderne, Bolloré, plutôt beau garçon, on ne le voit pas venir mais c’est un catho intégriste en réalité !”
Le chômage
« J’ai fait cette annonce de l’inversion de la courbe du chômage parce que je croyais encore que la croissance serait de 0.7, 0.8, elle sera finalement de 0.1 ou de 0.2. Puis je répète cet engagement lors des vœux le 31 décembre 2012. J’ai eu tort ! Je n’ai pas eu de bol ! En même temps, j’aurais pu gagner. (…) Rétrospectivement, je suis tout à fait reconnaissant, non seulement à Sapin mais aussi à moi-même, d’avoir fixé cet objectif parce que ça a permis de mobiliser. (…) Je revendique cette méthode. Même si elle est coûteuse politiquement, elle est socialement et peut-être même économiquement bénéfique ».
Les attentats
“Là, j’ai montré que le pays était dirigé. Dirigé par moi. Le pays est tenu. Il y a eu un moment où tout aurait pu basculer dans la rancoeur, la haine. Ca n’a pas été le cas. La France s’est découverte elle-même, elle a montré qu’elle avait confiance en elle, notamment à travers la reconnaissance internationale de ce que le pays représente et de ce que son président représente. Je suis regardé comme le président d’une belle France.”
Valérie Trierweiler
“elle n’était pas du préparée à ça. En politique on est préparé à tout, aux mensonges, aux caricatures, aux trahisons. Mais vous, journalistes, vous n’êtes pas préparés”
« dans Paris Match paraissent les extrais sur l’intimité, ce qui est violent. Cela peut ne pas être violent pour ceux qui aiment raconter leur vie. Mais pour moi qui n’ai pas ce genre de rapport, d’inclination à l’exhibition, oui ça m’atteint. (…) Sans faire de la psychologie, je pense que c’est elle qui a un complexe social vis-à-vis de moi. Je ne l’avais pas mesuré”.
Léonarda
Un épisode piteux du mandat de François Hollande, il dira lui-même qu’il aurait mieux fait de se taire. Pour tenter de se justifier, il va pointer la responsabilité des médias et n’a pas complètement tort sur ce point. N’empêche que c’est d’abord son impréparation à la fonction présidentielle le résultat de ce fiasco.
« J’assiste à cette folie qui s’empare des chaînes d’information, qui multiplient les interviews de cette gamine avec une complaisance inouïe ! On sait maintenant que Libé a payé 50 euros pour l’interviewer ! Ça en dit long sur notre système d’information ! Peut-être que les chaînes d’info l’ont aussi payée ?! Qui sait ? »
Le temps de la passation de pouvoir sur le perron de l’Elysée n’est peut-être plus très loin. À moins que Hollande soit le successeur de Hollande. Bien malin qui pourrait dire l’avenir aujourd’hui. En tout cas, le jour de son départ, il est très improbable qu’on trouve beaucoup de Français pour prononcer une phrase désormais célèbre… « Merci pour ce moment ! »