Il fallait vivre dans une grotte ce week-end pour ne pas voir à quel point la visite du président Hollande au Mali a été médiatisée. Pendant toute une journée, les grandes chaînes de l’info n’ont cessé de déverser des images de foule en liesse, de maliens scandant le nom de notre président avec une ferveur quasi-religieuse. A voir ce spectacle, on peut sans problème imaginer que Hollande est le sauveur, l’homme providentiel grâce à qui le mal a été repoussé et en passe d’être vaincu. Son air solennel et son regard perçant laisse à penser qu’il est déterminé à tenir son rôle dès à présent. Lui-même reconnaitra, au terme de cette journée, qu’elle constitue le jour le plus marquant de sa vie politique.

Quelle blague ! Une fois de plus, je suis consterné de voir à quel point le Mali est le plus bel écran de fumée qui s’offre au gouvernement pour masquer son incompétence et son amateurisme. A voir les images dont je faisais référence à l’instant, on imaginerait presque que notre président a à lui seul débouté les islamistes hors du pays. Si bien entendu le président de la République demeure le chef des armées, le mérite de cette grande victoire ne doit-elle pas revenir en grande partie à notre armée qui a, une fois de plus et malgré les coupes budgétaires incessantes et désastreuses dont elle fait l’objet depuis plusieurs années, montré son professionnalisme et son efficacité ? Nous disposons d’une des plus redoutables armées du monde, non pas tant grâce à ses matériels et son budget, mais à la qualité de ses hommes dont la vocation et le désir de servir notre pays n’a jamais été altérée. C’est à eux que va mon admiration et ma reconnaissance.

 En voyant les images de Hollande jouir de son bain de foule, je n’y vois qu’une personne tirant la couverture à lui, s’accaparant la victoire d’un autre. Quelle meilleure façon de tenter de nous faire oublier le chômage, les fermetures d’usines et les polémiques sur le mariage pour tous que de détourner l’attention comme c’est le cas ici ? 

Personnellement, je ne me laisserai pas bercer d’illusion et j’ose espérer que le français moyen (ce qui n’est pas péjoratif) sera tout aussi réaliste quant à la véritable portée d’une telle visite.

Les armées obéissent toujours aux politiques et suivent scrupuleusement leurs directives. Je ne nie pas le fait que le choix de l’engagement incombe au gouvernement. Néanmoins, je suis ulcéré de voir à quel point la remarquable prestation de nos soldats a été à ce point passée sous silence alors même que l’on portait notre président au pinacle.

Difficile pour moi de voir en lui un homme d’action, un chef ferme et déterminé qui porte à lui seul le poids des responsabilités. Notre intervention au Mali peut être éventuellement justifiée mais ne doit en aucun cas faire passer au second plan les problèmes d’ordre économique et social auxquels nous faisons face en métropole.