Le Musée des Beaux-Arts de Dijon propose une grande rétrospective du sculpteur François Rude et son épouse, Sophie, artiste peintre.

Exposées, ce couple d’artistes dijonnais engagé dans un XIX° siècle très mouvementé politiquement, est un regard croisé qu’elle pose sur l’ouvre de chacun et constitue la première rétrospective consacrée à Rude depuis 1955, et la découverte de la peinture de Sophie Rude.

Les deux époux ils sont cheminé côte à côte, attachés aux mêmes idées, de même formation académique puis néoromantique, exposés dans les mêmes salons d’art, même si l’un se consacra entièrement à la sculpture et l’autre à la peinture.

François Rude est le sculpteur du Départ des volontaires de 1792, le célèbre haut-relief de l’Arc de Triomphe. Naît à Dijon, en 1784. En 1789 son père est déjà engagé dans un cercle d’artisans aisés qui participent activement aux premiers temps de la Révolution, au point d’inscrire son fils en 1792 sur la liste des volontaires pour l’armée révolutionnaire censée faire face à la Prusse et Autriche.

Sophie Fremiet, quant à elle, naît en 1797, également à Dijon, dans un milieu bourgeois porté sur l’art. Son père, est un fervent partisan de l’Empire qui s’est enrichi pendant la Révolution et occupe une fonction officielle dans le régime.

Lorsque François Rude devient le protégé de Louis Fremiet, Sophie n’est encore qu’une enfant. En 1815 lors de la Restauration de la monarchie, la famille Fremiet, accompagnée de Rude, est contrainte à l’exil. Ce sera Bruxelles, comme beaucoup de partisans de la Révolution. La parenthèse belge durera douze ans, passés aux côtés de la talentueuse Sophie, qu’il épousera alors.

A son retour en France, le couple s’installe à Paris. Le travail de Rude est alors déjà largement reconnu. Sous la Restauration, il est employé par le gouvernement de Charles X à diverses fresques et sculptures, notamment au Départ des volontaires de 1792 qui orne l’Arc de Triomphe à Paris, une scène sculptée qui renvoie directement aux événements qu’il a lui-même connus lorsqu’il était enfant. On peut alors dire que Rude porte en lui toute l’évolution politique du XIX° siècle.

Et pourtant, si Sophie Rude est restée jusqu’à aujourd’hui dans l’ombre de son sculpteur de mari, elle n’en demeure pas moins une artiste à part entière, naviguant avec sensibilité entre néoclassicisme et romantisme. Sa formation de peintre classique, elle l’acquiert d’abord très jeune à Dijon et après à Bruxelles.

Elle peint des personnages mythologiques ou des scènes d’histoire nationale, mais c’est surtout pour ses portraits de la bourgeoisie parisienne et provinciale qu’elle se fait connaître. Sa sensibilité féminine, sa psychologie et son talent lui permettent d’exceller dans cet art difficile.

La montée en puissance de la bourgeoisie dans la vie économique et sociale de la deuxième moitié du XIX° siècle lui assure nombre de commandes à côté des portraits intimes de ses proches, d’un réalisme saisissant, qu’elle se plaît de réaliser pour son propre plaisir. Cependant, le fond neutre et le relatif dépouillement n’est sans doute pas dans le goût de cette époque, alors quel les valeurs de la bourgeoisie triomphent et que le réalisme est perçu comme choquant.

En parallèle de sa carrière professionnelle, Sophie Rude consacrera l’essentiel de son temps à son mari, de 13 ans son aîné, elle est un soutient inlassable de Rude, comme elle continuera de le faire après sa mort pour préserver ses volontés et ses œuvres. Femme discrète, fidèle et patiente, Sophie Rude n’a pas connu le même succès que son mari. Cette exposition permettra de lui rendre l’hommage qu’elle mérite.