Il faut aider les paysans…

Elle ne vous a jamais effleuré cette question : quelle est la différence entre un agriculteur et un paysan ?

Bon, devant la complexité du débat, le mieux est de s’en remettre aux académiciens, et chercher dans notre dictionnaire :

Agriculteur : « Personne qui cultive la terre ; personne dont l’activité a pour objet de mettre en valeur une exploitation agricole »

Paysan : « Personne qui vit à la campagne et de ses activités agricoles »

OK, d’accord, si on comprend bien, il y en a un qui travaille pour les autres, et l’autre qui se nourrit. Sauf qu’avec le temps, ces deux notions ont eu tendance à se télescoper, voire à se confondre. Et si le terme paysan a longtemps été considéré comme une injure, le terme fait un come-back sémantique avec le fameux « retour au bon sens paysan ». Mais notre agriculture a-t-elle encore du bon sens ?

L’époque nous incite à fuir les campagnes pour aller nous entasser en ville. L’agriculture devient mondiale. Elle devra s’adapter pour nourrir 9 milliards d’individus en 2050.

La terre devient un business. Alors, vous pensez bien, le bon sens paysan, c’est bien pour les journaux, les bobos de Paris qui trouvent dans le bio une bonne manière de balayer le problème… On nous avait prévenus : cette vision manichéenne de l’agroalimentaire française est étriquée. Nous en convenons, et pourtant, les faits sont là. Il y a d’un côté, une population à nourrir, et de l’autre, cette réalité économique implacable : la France est le deuxième producteur mondial, avec des chiffres qui donnent le tournis. Bovins, céréales, oléagineux, pommes de terre, volailles, betteraves sucrières… la France truste la plupart des marchés européens.

Et pourtant, les chambres d’agriculture s’inquiètent : « le nombre d’exploitations agricoles baisse et l’activité agricole se concentre dans des exploitations de plus en plus grandes. » Comme dans la plupart des pays européens, ce processus a été enclenché à partir du milieu du XIXe siècle en France.

Mais c’est véritablement avec la mise en place de la politique agricole commune, au début des années 1960, que notre agriculture prend son virage.

La modernisation de l’agriculture est engagée et conduit à une érosion du nombre d’exploitations agricoles. Lors du recensement agricole de 2010, on comptait 515 000 exploitations en France contre 665 000 en 2000. Aujourd’hui, ce mouvement démographique de long terme se poursuit et il n’est pas prêt de s’arrêter. En effet, le recensement agricole de 2010 a révélé que dans certaines régions françaises, parmi les agriculteurs âgés de plus de 50 ans (et qui donc allaient cesser leur activité dans dix ans au plus), seuls le 40% d’entre eux connaissaient le jeune agriculteur (ou la jeune agricultrice) qui allait reprendre leur exploitation. 

Faut-il voir un signe du déclin de notre agriculture ? Sans doute.

La France a toujours eu beaucoup de mal à considérer sa ruralité, vaste héritage de la révolution française, et pourtant… l’époque est aussi celle de la remise en question. Les récents scandales alimentaires nous incitent à revoir notre modèle.

A Carnac, dans le Morbihan, un paysan croule sous les demandes. Ses légumes (et fleurs) du jardin font le bonheur des passants, des restaurateurs et du supermarché local. « Mon petit potager », cette minuscule entreprise maraichère est porteuse d’espoir.

A Danemark, en Suède, en Belgique, en Islande…. Des hommes se mobilisent pour recréer du sens : une activité potagère pour un restaurant ici, un réseau de maraîchers solidaires là… Partout, les initiatives se multiplient en faveur de la terre, du goût et de l’emploi.

 

Info choc : Chaque jour en France, 2 agriculteurs se donnent la mort et 50 exploitations disparaissent….