L’écrivain, en quête d’identité, est devenu un supporter du FC Bruges et des Diables Rouges…
« Me revinrent en mémoire des paysages gris de peupliers, de canaux, cette terre grasse et plate qui conduit à la mer catholique», écrit Franck Venaille en évoquant sa Flandre, celle qu’il a visitée un jour, par hasard, sans plus jamais l’oublier la suite. «J’avais trouvé mon univers. Ainsi, allais-je bientôt jusqu’à apprendre (à la lecture des journaux belges) que, dans le championnat de football provincial, Audenaerde avait battu le S.K. Lebbeke (1-0). 0n ne pouvait pas aller plus loin dans l’intériorité de la connaissance…»
Cet écrivain et poète français a eu l’étrange idée de tomber amoureux de la Belgique et surtout de la Flandre. Ça lui est venu comme ça. Pourquoi la Flandre ? Nul ne le sait. Même pas lui.
Franck Venaille est pourtant bien né à Paris, en 1936. Il s’est voué à l’écriture après la guerre d’Algérie. C’est l’expérience traumatisante de ce conflit qui l’a poussé dans les bras de la littérature. Depuis, Franck Venaille a publié plus d’une trentaine de livres et créé deux revues littéraires. Il est notamment Fauteur de romans et de recueils de poésie comme «La Guerre d’Algérie», «La Halte belge» ou «La Descente de l’Escaut». Il a produit, pour France Culture, près d’une centaine d’émissions dans lesquelles fiction et réel sont étroitement liés.
Il a également rédigé les dialogues de trois films de Jean-Jacques Andrien, un réalisateur liégeois. Trois nouveaux ouvrages ont déjà été publiés en 2004 : «Algeria», «La Tentation de la sainteté» et «Hourra les morts !». Le plat pays est une constante de son œuvre. Dans plusieurs-dé ses livres, il a planté le décor d’une Flandre profonde. L’homme, qui est encore en quête d’identité, a besoin de se lier à une terre. Il a choisi le pays flamand en fantasmant sur sa langue et sa mystique. Et il y reste fidèle. Tout comme il a toujours été attaché à une certaine idée de la classe ouvrière et du football. D’ailleurs, Franck Venaille le Parisien supporte le… FC Bruges et les Diables Rouges !
C’est avec son poème fleuve, «La Descente de l’Escaut» qu’il a pleinement dévoilé cette recherche identitaire d’un homme qui a un pied de chaque côté de la frontière. De la source à l’embouchure de l’Escaut, il a suivi le fleuve jusqu’aux docks d’Anvers et entretenu la flamme de l’écrivain Maurice Maeterlinck. Sa région de prédilection lui rend désormais cet amour inconditionnel. Les pontes flamands de la culture portent Venaille aux nues. Le poète est souvent invité dans ce plat pays qui est désormais devenu le sien.