Bon, les jeux sont faits, la grotesque groupie sarkoziste Bachelot, en charge de la Santé, ne reviendra pas dessus, l’ordre venant d’en haut – le projet est caressé par Sarkozy depuis… 2001 (dans son ouvrage Libre) -, cet imposteur de Martin Hirsch va avaler son chapeau et sa honte et nous aurons droit aux iniques franchises médicales. Mais signalons tout de même de nouvelles interventions récentes, qui entretiennent la protestation sans se décourager.
 
C’est d’abord La Mutualité Française, le 1er octobre, qui "dénonce le risque de sortir du champ traditionnel du système solidaire de financement de la santé en France : chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins". Son président, Jean-Pierre Davant, invite "les groupements mutualistes à agir au niveau local auprès des députés et des sénateurs, en amont du débat parlementaire sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2008, pour leur demander de déposer un amendement visant à supprimer les franchises de ce projet de loi". 

Il y croit, le gars ! Ensuite, le lendemain, c’est au tour des présidents des huit Caisses primaires d’assurance maladie de la région Midi-Pyrénées de nous pondre un communiqué bien saignant comme on les aime, qui débute comme celui de la mutualité française : "Certaines mesures envisagées, outre qu’elles font porter, une fois encore, l’essentiel des efforts de redressement sur les assurés sociaux, portent gravement atteinte aux principes fondateurs de la sécurité sociale". Suit un rappel du "principe fondateur", cette fois au singulier : "chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins". Et nos huit présidents, auxquels s’associent la Caisse régionale d’assurance maladie et l’Union régionale des caisses d’assurances maladies, de poursuivre : "l’instauration de franchises contrevient gravement à cette solidarité (…) à la fois économiquement inefficace et socialement injuste et insupportable. Faire croire que les sommes ainsi économisées permettront de régler les problèmes que va poser le vieillissement de la population est, au mieux, une illusion, au pire, une tromperie."
 
Précision personnelle délivrée à L’Associated Press par Bernard Giusti, président du conseil d’administration de la CPAM de la Haute-Garonne : "on est en train, de manière volontaire ou pas, de manière insidieuse ou pas, d’aller vers un système d’assurances privées". Evidemment ! Quand bien même ce système a prouvé avec éclat aux Etats-Unis, comme démontré par exemple dans le réquisitoire de Michael Moore, Sicko, sa complète faillite ! "On ne parle pas assez du financement et de ce qui est porté par la sécurité sociale et qui relèverait du budget de l’Etat, poursuit Giusti. Dans le même temps où la sécurité sociale affiche un déficit de 11,7 milliards d’euros, la Cour des Comptes évalue à 37 milliards d’euros ce qui n’est pas rentré dans les caisses de la sécurité sociale". Rappelons ce qu’en disait le député socialiste Jean-Marie Le Guen : "Il faut sauvegarder d’urgence la partie recettes de l’assurance maladie. C’est à dire réintégrer l’argent qui lui revient, dont les dettes de l’Etat (plus de 5 milliards d’euros). Mais aussi récupérer la totalité des taxes sur l’alcool et le tabac qui ne sont pas versées intégralement (3 milliards d’euros). Il faut enfin lutter contre les niches fiscales, en taxant par exemple les stock-options. Rien que cela, c’est l’équivalent du déficit de toute la Sécurité sociale pour l’année 2007".
Curieux quand même de constater à quel point tous les spécialistes sont unanimes pour stigmatiser l’injustice, l’inefficacité et l’hypocrisie de ces fameuses franchises injustifiables. Mais vous savez quoi ? Sarkozy s’en tamponne le coquillard. Et il en va de même sur tous les sujets. L’incarcération aggrave-t-elle la récidive ? On s’en fiche, tournée générale de peines plancher ! Le très coûteux paquet fiscal n’aura aucun effet sur la croissance et ne fait que gréver les finances publiques au profit d’une poignée de privilégiés ? On prétend encourager le travail mais on offre des ristournes sur les plus grosses successions, pérennisant ainsi des statuts de rentiers de père en fils ? Oui, oui, mais c’est pas grave, on y va quand même ! On mobilise des ressources si colossales pour atteindre un quota délirant d’immigrés expulsés que la machine judiciaire entière est totalement engorgée, comme le constate l’avocat Maître Eolas sur son blog ? Le reste des affaires peut bien attendre, on veut ses 25 000 explulsions promises ! Ce n’est même plus de l’aveuglement idéologique, c’est un véritable autisme.
PS : le visuel "Non au péage santé" provient des Verts.