Aujourd’hui vendredi 28 mars, à 09:04, Véronique Tison, de l’agence Reuters, publie sur lexpress.fr quelques chiffres fort intéressants : « Le déficit public de la France a représenté 2,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2007 (…) selon les premiers résultats (…) publiés par l'Insee. Le déficit public s'élève à 50,3 milliards d'euros, soit une dégradation de 7,7 milliards, en raison d'une progression des dépenses ».

« La dette publique s'est pour sa part montée à 64,2% du PIB (…) avec un montant total (…) à 1.209,5 milliards d'euros (…) le président Nicolas Sarkozy s'était engagé, le 9 juillet dernier devant les ministres des Finances de la zone euro, sur un montant de 2,4% en 2007 (ndlr or le déficit public est de 2,7% du PIB) (…) Le déficit public englobe le déficit de l'Etat (…) et ceux de la Sécurité sociale et des administrations publiques (…) Les chiffres du déficit et de la dette (…) seront notifiés dans la foulée à Eurostat, l'agence de statistique de l'Union européenne ».

Fort bien. Les deux chiffres à retenir dans toutes ces statistiques sont un déficit public de plus de 50 milliards d’euros et un endettement public de plus de 1.200 milliards d’euros. Dans Les échos de ce matin, vendredi 28 mars, Jacques Docquiert et Jean-Francis Pécresse précisent, à propos des autorités européennes : « à Bruxelles, la crainte est maintenant de voir le déficit français approcher les 3 %, quand l'Allemagne, elle, est déjà à l'équilibre ».

Nous y voilà. L’Allemagne, elle, est déjà à l’équilibre. Et ce malgré les milliards qu’elle a dépensé pour absorber la défunte Allemagne de l’Est, véritable cimetière soviéto-prussien. En clair, les 50 milliards de déficit français et les 1.200 milliards de dette française sont une anomalie au sein de l’Union européenne et au sein de la zone euro. A moins qu’on veuille se retrouver, un jour, non pas au même niveau que l’Allemagne, mais au même niveau que la Roumanie. Auquel cas on ne figure pas parmi les grands de l’UE, tel par exemple l’Allemagne, mais parmi les petits, tels la Roumanie et la Bulgarie.

Ceci nous amène à distinguer l’utopie de l’économie. Imaginons un père de famille autrefois patron d’une société multinationale et désormais à la tête d’une entreprise familiale de quatre personnes. Imaginons que cette entreprise familiale cumule un déficit de 3.000 euros et une dette de 80.000 euros. Ce père de famille va-t-il travailler plus et gagner moins jusqu’à ce que le déficit et la dette soient épongés ? Ou va-t-il fréquenter les PDG de grandes multinationales et leur prodiguer des conseils ? En terme d’économie, le père de famille choisira la première solution. En terme d’utopie, en revanche, ce père de famille choisira la deuxième solution.

Revenons à la France prise dans son ensemble. Son déficit 2007 s'élève à plus de 50 milliards d'euros, soit 7,7 milliards de plus qu’en 2006, en raison d'une augmentation des dépenses. Ce déficit, causé par un excès de dépenses, englobe le déficit de l'Etat, de la Sécurité sociale et des administrations publiques. Quant à l’endettement de la France, il atteint, on l’a vu, plus de 1.200 milliards d’euros. L’Etat français est un Etat de droit et en ce sens le mot « Etat » signifie « l’ensemble des citoyennes et des citoyens ».

C’est ici que commence l’utopie. Les Françaises et les Français donnent l’impression de croire que « l’Etat », c’est l’appareil de l’Etat, le gouvernement de l’Etat, l’administration de l’Etat. Or, l’Etat, c’est l’ensemble des citoyennes et des citoyens et non pas l’appareil de l’Etat. Concrètement, cela signifie que 60 millions de Françaises et de Français se partagent 50 milliards d’euros de pertes et 1.200 milliards de dettes.

C’est ce que j’ai essayé d’expliquer plus haut avec le père de famille à la tête d’une entreprise familiale. Si les Françaises et les Français ont déjà des déficits, des pertes et des dettes à titre personnel, il faut y ajouter les 50 milliards d’euros de pertes et 1.200 milliards de dettes de l’Etat. De l’Etat au sens « l’ensemble des citoyennes et des citoyens ».

Que finit-il par arriver aux Etats qui ne parviennent plus à éponger leurs déficits et leurs dettes ? Il leur arrive la même chose qu’à un simple citoyen : tribunal de commerce, office des poursuites, faillite, mise sous tutelle, etc. En clair, si un Etat membre de la zone euro ne respecte pas les règles, il quittera la zone euro et reviendra à sa monnaie d’origine. Les Françaises et les Français ont déboursé 6,56 FF pour un euro. Dans le climat monétaire actuel, on leur rendra 4 FF pour un euro. Perte : 39%.

Les Etats en faillite perdent leur autonomie financière. Ils finissent sous la tutelle du Fond monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Jusqu’à ce que les comptes soient rétablis. Dans l’intervalle, les citoyennes et les citoyens de l’Etat sous tutelle du FMI et de la BM doivent travailler plus et gagner moins. Autrement dit, ils doivent passer de l’utopie à l’économie. Mais en France, ce sujet est un sujet tabou. En France, on parle de l’augmentation du pouvoir d’achat et de la pénibilité du travail. Bienvenus au Botswana.
  
Miguel Garroté
  
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