_ « Mais dis-moi ex-collègue fonctionnaire ! Pourquoi trembles-tu ? Penses-tu faire partie de la charrette annoncée par l’homme aux sourcils broussailleux, vainqueur de la primaire de droite, s’il vient au pouvoir ? »
Étrange me direz-vous de commencer un article de la sorte, mais c’est en me remémorant mes années dans l’enseignement, que tout à coup, je me demande si je n’aurais pas pu être contaminé par des brebis galeuses, car dans l’espace confiné de la salle des professeurs, certains à n’en point douter étaient porteurs du virus…
D’aucuns me trouveront également prétentieux, en constatant que dans mon propos, je m’écarte d’emblée d’une corporation dans laquelle les enseignants n’ont pas les mêmes visions de leur profession…

Je puis vous assurer, que dans la sphère de mes collègues de l’époque gravitaient indifféremment des enseignants venus à la profession pour le salaire les avantages et la sécurité de l’emploi, d’autres bien plus efficaces à composer des tracts invitant à la grève, qu’à améliorer la qualité de leurs cours, quelques anciens attendant patiemment la retraite et jetant leur programme en pâture à leurs élèves, sans se soucier le moins du monde s’ils en avaient saisi une partie du contenu, et enfin oiseaux plus rares, des enseignants venus dans le métier par vocation…
Je pense sans la moindre vantardise pouvoir affirmer avoir fait partie de la dernière catégorie… Ceux qui me connaissent pourront en attester, bien que ma conscience propre me suffise amplement.

Bien entendu, lorsque l’on entend un candidat, peut-être futur président de la République française, annoncer clairement dans son programme la suppression de postes de milliers de fonctionnaires, on ne peut que bondir, surtout quand le personnage reste des plus évasifs sur la méthode qu’il emploiera…

Par contre, j’ignore si dans le fonctionnariat, nous sommes tous logés à la même enseigne selon le Ministère dont nous faisons partie, mais toujours est-il que dans celui où j’œuvrais (L’Education-Nationale donc, pour ne pas la citer) nous étions notés par le Rectorat au travers de ce que nous appelions les « évaluations pédagogiques », ou « inspections d’académie » sensées précisément évaluer les enseignants directement dans leur classe, en vue des « montées d’échelon ».
Je me souviens de surcroît, qu’en cas de rapport d’évaluation défavorable, il découlait quelques menus désagréments, tels qu’une demande de mutation refusée ou différée, un poste de professeur principal refusé également, voire dans des cas extrêmes des blâmes.

Toujours est-il que le Rectorat devait, j’en suis persuadé pour avoir entendu des indiscrétions sur le sujet, conserver ces « notations » afin d’établir ensuite le classement des établissements scolaires dotés du meilleur corps enseignant qui là encore j’en suis convaincu ne se faisait pas au hasard.

Pour ma part, j’ai le sentiment d’avoir exercé durant de longues années le plus beau métier du monde, étant entendu qu’à mon sens toute personne qui vient à une profession par passion, qui s’y épanouit et peu importe cette profession, peut se vanter lui aussi de s’investir dans le plus beau métier du monde…

Ainsi espère-je pour les plus méritants de mes ex-collègues, qu’ils ne soient pas invités à tort à quitter une fourmilière, dans laquelle il semble probable que le prochain locataire de l’Élysée, de droite ou de gauche d’ailleurs tant les intentions dans leurs programmes respectifs présentent des similitudes, veuille donner un coup de pied, reconnaissons-le nécessaire.

Je suis loin de posséder la science infuse, mais en tant que simple observateur, je ne peux que constater que dans nombre d’administrations, celles-là même dans les bureaux desquelles nous nous rendons pour nos démarches officielles, il n’est pas rare de s’apercevoir que comme dit un adage : « un bosse et trois regardent ! », et que l’on nous assure qu’ils sont débordés par leurs activités alors que très souvent ce que nous leur demandons de réaliser pour nous autres usagers, n’est pas fait correctement…
Et je ne parle pas des agents de la fonction publique, cantonnés dans des tâches subalternes et totalement inutiles… Si si J’en connais et vous aussi soyez honnêtes !!!

Ne suffirait-il pas de mandater des « observateurs officiels » cette fois, pour constater les mêmes dérives scandaleuses que celles dont je parle, dans le but d’en faire des rapports permettant avec justesse ensuite, de remercier ceux qui disons le clairement : « sont payés à ne rien faire ».

De tout cœur, j’espère enfin que cette « épuration » ne se fera pas comme on joue à la « roulette russe », ou encore qu’il y aura des faveurs accordées aux uns plus qu’aux autres, sous couvert de leurs relations…

Pour terminer, persuadé que le pain blanc a été mangé pour beaucoup, je m’endors toutefois le soir en croyant fermement que cela soit possible, même si au réveil du lendemain, j’ai le sentiment d’avoir… Rêvé.

Dyonisos.