C’est pour suivre des amis au cinéma que je suis allée voir Fighter, de David O Russel. En effet, en dépit des divers titres (dont plusieurs Oscars) qu’il a obtenus, ce film mettant en scène Mark Wahlberg, Christian Bale et Amy Adams ne m’inspirait pas plus que ça.
Synopsis :
Il raconte l’histoire de deux frères boxeurs, leurs destins croisés, la chute libre de l’aîné, Dicky Eklund, dans les affres de la drogue, et le combat du cadet, Micky Ward pour rester dans le coup, assumant les combats, les entraînements, les frasques de son frère, les caprices de sa mère…
Micky est sur le point de laisser tomber lorsqu’il rencontre Charlene, une barmaid volontaire, qui croit en lui, et qui l’aide à reprendre son destin en main.
Mon avis :
J’ai d’abord été désorientée par ce film. Je ne savais pas si j’étais face à un ovni génial ou à un sombre ratage. La demi heure d’introduction est déroutante dans le traitement de ses héros, de l’image et des dialogues. Le spectateur découvre un univers glauque et crasse, les héros sont englués dans un quotidien anti-glamour au possible, dans une existence étriquée, géographiquement et idéologiquement.
Dicky domine la fratrie, c’est le héros de la famille, celui par qui sa mère jure constamment. Pourtant, il n’est plus que le souvenir du grand boxeur qu’il a été, autrefois. Il a construit son existence, ses valeurs, son essence sur un seul combat, par lequel il semble se définir. Et ce fait d’arme étroit suffit à être adulé par sa mère, ses soeurs, et même par Micky. Micky, d’ailleurs, se bat sur le ring et en dehors pour marcher dans les pas de son frère. Il a plus de talent, plus de possibilités, il se bat et se débat pour être reconnu, par sa mère, par ses proches, pour se sentir exister par lui-même et plus parce qu’il est le frère de.
C’est de cette complexité des rapports familiaux, bien davantage que de l’issue des combats de boxe, que naît peu à peu toute la saveur de ce film. Le spectateur se prend d’intérêt pour ces deux caractères, ces deux frères tellement proches et tellement opposés, pour cette famille totalement atypique. Il s’enthousiasme pour Micky, se désole pour Dicky. Il observe cette famille partagée entre amour et dysfonctionnements. Il mesure la difficulté de s’y construire en tant qu’individu.
Le jeu de Christian Bale est tout simplement formidable. Il incarne un Dicky à la dérive, à la fois touchant et odieux, à la fois agaçant et grand. Mark Wahlberg et Amy Adams sont eux aussi très persuasifs dans leurs rôles. Mark Wahlberg fait appel à une sensibilité et une fragilité qu’on lui connaissait peu et qu’on découvre avec plaisir. Amy Adams se révèle beaucoup plus consistante que dans L’Accro du Shopping, elle occupe toute la pellicule, par son charme, sa force et son audace. Ensemble, ils servent un film profond et consistant, un film émouvant bien que très cru.
A voir.