Femmes de ménage et préjugés

 
 
Si vous tapez femmes de ménage ou aides ménagères sur un moteur de recherches, vous allez trouver toute une floppée d’annonces de recherches ou de demandes de prestations. Les agences sont multiples et les annonces de particuliers aussi, c’est-à-dire les femmes de ménage travaillant pour leur propre compte par Chèques Emploi Service ( CESU ) ou autre, beaucoup de travail non déclaré aussi. Mais que faut-il  voir dans cette recrudescence d’emplois ménagers ?
Il y en a plus d’un million en France. Et si certaines agences forment leurs futurs employés, ce métiers ne requiert aucun diplôme. Ce n’est pourtant pas la difficulté des tâches qui motive les candidats. Pour certains, ce n’est pas un choix mais une nécessité. La possibilité de choisir ses horaires, et encore, est sans doute un atout indéniable mais c’est peut-être le seul. Longtemps considéré comme " dégradant ", faire le ménage chez les autres pour gagner sa vie a pris une certaine ampleur aujourd’hui. Car oui, femme de ménage est un " vrai " métier quoi qu’on en dise. Je le sais pour l’avoir pratiqué moi-même, donc je suis bien placée pour en parler. Ce n’est pas un métier facile et leur "bureau" se trouve chez les particuliers. Des maisons ou appartements plus ou moins agréables à nettoyer. Métier longtemps réservé aux femmes, on voit de plus en plus d’hommes le pratiquer. Pour quelles raisons ? Est-ce une vocation ? Pourquoi pas. La vraie question ne serait-elle pas : Comment devient-on femme de ménage ?

Arrêtons les préjugés et plongeons-nous dans un métier qui devient " à la mode ".

Les femmes de ménage ont longtemps été dénigrées car à l’origine, ce métier était destiné à une population pauvre. Dans certains pays, comme l’Inde par exemple, ceux qui nettoient les latrines des autres sont qualifiés d’intouchables. Personne ne veux les toucher à cause de leur métier dit " sale ". Ils sont mis au rebut par la société. Et nous sommes au vingt-et-unième siècle.

En France, les mentalités ont du mal à changer également, que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans les médias. Dans une interview du Cosmopolitan Staragora.com de la comédienne Ana Ortiz pour son rôle de femme de ménage dans la série américaine Devious Maids, l’article de la journaliste commence ainsi : " Face à ces quatre femmes, le téléspectateur ne peut rester indifférent. Même si ce ne sont que des femmes de ménage, elles ont une histoire à raconter et des choses à prouver (…). C’est rabaissant. Il ne faut pas oublier que la femme de ménage fait les tâches que les autres ne veulent pas faire. Qualifié d’ingrat, ce " petit " métier est pourtant un métier de plus en plus en voie de développement.

Je ne vais pas faire la liste de tous les préjugés sur le métier, elle serait beaucoup trop longue, il y en a des centaines, mais le premier qui en ressort est le suivant : Vous êtes femme de ménage parce-que vous n’avez pas fait d’études. Alors forcément, tenir un chiffon ou un aspirateur sont les seules choses que vous serez capables de faire dans votre vie professionnelle. Mais à aucun moment on pourrait penser que vous faites ce métier par plaisir ( ça existe sans doute… ) ou par nécessité même avec un bac + 5. N’est-il pas plus valorisant de faire des ménages, donc de travailler, que d’être au chômage ? Tout le monde n’est pas capable de faire des ménages, de ramasser ce que d’autres laissent par terre. C’est un métier difficile avec ses contraintes, les efforts physiques que cela requiert, et l’entente ou pas avec l’employeur. Pour ce dernier, me direz-vous, c’est la même chose dans n’importe quelle entreprise, sauf qu’ici, vous êtes chez la personne, dans sa vie personnelle, et c’est là que la discrétion est une qualité importante pour la femme de ménage. Vous savez quel savon, quel parfum ou dentifrice elle utilise, ce qu’elle mange, si elle est propre, vous connaissez ses habitudes, vous pouvez voir les photos de famille encadrées posées sur les meubles ou accrochées aux murs, les factures qui traînent sur la table, les tickets de caisse des derniers achats sans parler des papiers personnels jetés dans la poubelle. Et cela demande un énorme sens de la discrétion que tout le monde n’est pas capable de le faire. Comme tout le monde n’est pas capable de travailler seul. Pas de collègues de boulot, la femme de ménage travaille la plupart du temps en l’absence de l’employeur. La vie sociale est plutôt difficile. Il faut aimer la solitude.
Est-il nécessaire de préciser que la femme de ménage n’est pas un larbin ? Et certaines indélicatesses d’employeurs en décourageraient plus d’une : des chasses pas tirées, des sous vêtements douteux qui traînent sur le sol, des préservatifs ou serviettes hygiéniques dans le lit ou sous les meubles, cela parait peut-être exagéré mais ces situations existent réellement.

Les horaires sont-elles flexibles ? Certaines choisissent ce métier pour cet avantage pas toujours possible. Il faut évidemment être en accord avec l’employeur et cela demande une certaine organisation quand on en a plusieurs. Il faut savoir jongler avec les horaires. Il est d’ailleurs très difficile de travailler 8 heures dans la journée. Il faut compter les trajets. Alors à moins de commencer à 6 heures du matin et de terminer à 20 heures voire plus…

Je vous rassure, je ne vais pas faire tout un roman sur ce métier mais je voudrais juste faire changer les mentalités même si c’est utopique et j’espère qu’après avoir lu mon article, vous regarderez les femmes de ménage autrement…

7 réflexions sur « Femmes de ménage et préjugés »

  1. Sympathique plaidoyer pour cette profession(travail) si méprisée, un texte clair, argumenté et agréable à lire qui comme vous le soulignez permettra de changer la perception du travail/labeur de ces femmes (et hommes plus rarement) de servitudes ménagères

  2. [url]http://www.liberation.fr/vous/2015/04/14/mona-chollet-pour-une-revolution-domestique_1233018[/url]

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