Alors que tous les médias (télévisions, revues, magazines, sites internet, radio) diffusent sans arrêt tous les détails sur les tueries de Toulouse, il faudrait peut-être relancer le débat sur la responsabiltié des médias dans les affaires de terrorisme. 

En effet, ce meurtrier-ci, comme beaucoup d’autres, ne cherche qu’une couverture médiatique pour se faire passer pour un martyr (donc un homme bien, un modèle pour les autres) afin de propager son idéologie horrible partout et susciter des vocations.

Alors que les médias font la course à l’audience, ils sont les instruments voire le relais des terroristes et leur permettent de former la relève qui fomentera les prochains attentats. D’ailleurs, les médias sont extrêment importants pour eux, voire vitaux : on y apprend des détails très intéressants sur les méthodes de la police scientifiques ou des services de renseignement, de l’armée etc. Des détails qui, à mon sens, ne devraient jamais être révélés au nom de la sécurité nationale. Mais les journalistes y pensent-ils ? Maintenant, on sait qu’il ne faut pas aller poser trop de questions aux garagistes et que les scooters ont un système de localisation : il faut donc, si on veut brouiller les pistes, voler un véhicule dans un lieu qu’on ne fréquente jamais et l’abandonner ensuite. On apprend aussi que les milieux terroristes sont très bien infiltrés par la police : ainsi la chasse aux sorcières peut commencer. Qui pense à la sécurité de ces agents qui mettent leur vie en jeu et tentent de rester discret quand on révèle au grand public qu’ils existent et sont très bien placés ? Autant diffuser la listes des noms et leurs adresses, ce n’est pas plus suicidaire !

C’est vrai que ce qui s’est passé est totalement anormal et choquant mais ce n’est pas nouveau et cela traduit simplement l’incapacité de nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui à se charger des problèmes importants. Pour s’en sortir, la meilleure solution ne serait-elle pas de passer sous silence ce qui s’est passé ? Pas de vague donc pas de publicité : pourquoi les jeunes iraient-ils se sacrifier s’ils ne peuvent même pas avoir leur heure de gloire ? Alors que le séries télé américaines étaient accusées de divulguer trop de détails importants sur les méthodes de la police scientifique, ce qui permettaient aux criminels d’optimiser leurs méfaits, les médias français font les mêmes erreurs. Ne faudrait-il pas légiférer sur les informations sensibles qu’on peut ou ne peut pas diffuser ? Avec cette surmédiatisation les milieux islamistes doivent jubiler car on leur offre une splendide vitrine pour mettre en avant leurs doctrines révoltantes qu’on devrait totalement ignorer et on leur permet de toucher un public auquel ils n’ont pas forcément accès. Au-delà du dégoût et du sentiment de révolte suscités par cette tuerie, le risque est de mettre dans la tête des personnes marginalisées et dans une grande précarité un sentiment d’injustice profonde à leur égard en raison d’une société occidentale décadente qui doit payer pour le mal qu’elle leur fait.

On remarque aussi qu’à un mois du premier tour, cette affaire tombe à pic pour les deux principaux candidats qui pourront s’en servir plus ou moins directement pour distancer les outsiders : on nous ressort de spectre du fachisme et du racisme (alors que ce n’est pas le cas) histoire d’effrayer les électeurs tentés par un vote sanction en choisissant un candidat d’extrême droite et on nous bourre la cervelle de valeurs républicaines et démocratiques histoire de montrer que les candidats "classiques" sont des valeurs sûres sur lesquelles on peut encore compter pour sauver la République.

On nous dit qu’il serait indigne de récupérer cette affaire à des fins politiques mais ce n’est qu’une façade car la récupération est bien réelle, mais plus subtile. En revanche les véritables problèmes soulevés par cette affaire ne sont pas abordés.