«L'ADN, je ne suis pas d'accord parce que je pense qu'on touche à quelque chose qui n'est pas bon pour notre pays. Je le dis aussi en tant que fille d'immigrés : y en a marre qu'on instrumentalise à chaque fois l'immigration, pour des raisons très précises. Je trouve ça dégueulasse !», s'emporte Fadela Amara, secrétaire d'Etat d'ouverture à la politique de la ville.

«Je suis une femme libre, ne l'oubliez jamais. J'ai la possibilité de dire ce que j'ai à dire et, très franchement, le jour vraiment où ce sera trop insupportable, le jour où ce sera trop dur, eh bien je partirai !»

Alors nous, on veut bien de sa vertueuse indignation. Mais il y a juste un petit problème : Nicolas Sarkozy a toujours instrumentalisé l'immigration ! Où était Fadela Amara pendant la campagne électorale, quand le candidat déclarait : "Qui ne voit qu'il y a un lien évident entre la politique d'immigration non maîtrisée depuis 30 ou 40 ans et l'explosion sociale dans nos quartiers ? Ça crève les yeux qu'il y a une liaison entre les deux. Si on ne peut même pas dire que dans nos quartiers il y a une population récemment française et que le nombre de cette population a créé des problèmes d'intégration qui font que le pacte républicain menace d'exploser, si on ne peut même pas dire cela, il y a aucune chance qu'on résolve le problème" ?

Quand Sarkozy disait donc exactement que si les quartiers explosent, c'est la faute de l'immigration, que les délinquants de banlieue sont en effet très majoritairement des immigrés (clandestins ?), ou bien des Français d'origine étrangère (à la rigueur), Amara était-elle sur la Lune ? Et quand le populiste de l'Elysée précisait, toujours durant la campagne, à propos du droit au 11155641logement opposable : "Je ne souhaite pas non plus que tous les étrangers en situation régulière y aient droit", qu'il proposait donc le plus naturellement du monde d'opérer une discrimination entre étrangers et Français, faisant sienne la préférence nationale des Mégret, Le Pen et Villiers, Amara était-elle dans le cosmos ? Et plus récemment, quand il a sermonné Hortefeux pour l'exhorter à atteindre son quota de 25 000 expulsions, Amara était-elle dans l'espace ? Et l'a-t-on entendu protester quand on souhaite interdire l'accès des centres d'hébergement d'urgence aux sans-papiers ? Après "pas de bras, pas de chocolat", c'est "pas de papiers, crève de froid", et ça ne gêne pas la secrétaire d'Etat ?

Mais qu'on se rassure, elle est "une femme libre" et partira "le jour vraiment où ce sera trop insupportable". Désolé, madame Tartuffe, mais il y a longtemps que les limites ont été allègrement franchies. Il ne fallait pas y aller ! Pour sauver ce qui vous reste d'honneur, largement entamé par le honteux ralliement au revanchard de Neuilly, démissionnez d'urgence. Et c'est valable pour tous les ministres d'ouverture. Que la droite décomplexée, xénophobe et fascisante reste entre elle, sans traîtres qui prétendent ne pas avoir renié leurs convictions tout en cautionnant une dérive insupportable.