Alain Juppé a-t-il bien défendu, face au « successeur » François Hollande, son « prédécesseur », Nicolas Sarkozy ? Ou a-t-il plutôt roulé pour… François Bayrou ? Non, il est trop tôt pour faire des pronostics, mais, après la confrontation, jeudi soir, sur France 2, dans l’émission ‘Des paroles et des actes’, quelques interrogations peuvent être partagées…
Il paraîtrait qu’à la Maison des Métallos, à Paris, François Hollande aurait évoqué son « prédécesseur » à l’Élysée. C’est sans doute dans cet esprit qu’il aura affronté, jeudi soir, Alain Juppé lors d’un face à face télévisé. Auquel je n’ai pas assisté… Je me contente du compte-rendu du Figaro. Aussi, des commentaires qui l’accompagnent. Car en fait, peu importe ce débat…
Tout de même, le papier de Solenn de Royer (du Figaro), vaut la peine d’être consulté. Si je comprends bien, Juppé aurait botté en touche quand Hollande lui suggérait de dresser un panégyrique flamboyant de la personnalité de Nicolas Sarkozy.
Le piège était un peu grossier, chacun sachant que, depuis l’épisode libyen (et d’autres, dont, récemment, celui de l’Arménie), Alain Juppé doit peut-être estimer, en son for intérieur, que son président à lui, par rapport à quelques autres, n’est pas tout à fait « normal ». Mais, supputation, tentation de tirer la couverture des faits selon mon impression, j’admets, cessons.
Hollande aurait évoqué des « rechutes possibles », soit les ambitions d’Alain Juppé. Lequel, passé les présidentielles, même si Sarkozy était réélu, doit se demander si l’UMP conservera une majorité. Redevenir maire de Bordeaux ne doit sans doute pas sourire à l’ancien Premier ministre. Lequel aurait répliqué à un Hollande lui reprochant la hausse de la TVA qu’il avait décidé en 1995, « je ne rougis pas de ce que j’ai fait… ». Et de ce qu’il fera ?
De ce que je peux lire (soit trois fois rien, même si je suis allé lire ailleurs), je retire l’impression qu’Alain Juppé a plus contré le candidat Hollande sur les lignes d’attaques de Bayrou que sur celles de l’UMP, évitant les autres éléments de langage dictés chaque mercredi, et au téléphone, par Nicolas Sarkozy.
On sait que Bayrou et Juppé ne se détestent pas. Ils ont même passé certains petits arrangements électoraux, marginaux, je le concède, entre amis. Après tout, ils sont tous les deux ancrés dans le Grand Sud-Ouest. Il est certes possible que Hollande n’aurait pas accepté de débattre avec une autre pointure de l’UMP, hormis, peut-être, Fillon, trop peu « sûr » de tenir sa partition. Ce fut donc le soldat Juppé qui s’y est collé. En rétorquant à Hollande tout ce que Bayrou a divulgué dans la presse ces derniers jours, après le rassemblement du Bourget.
On se souvient que Chirac, en sous-main, estimant qu’un ancien maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, ne ferait pas le poids face à Mitterrand, avait concocté un appel de députés UMP en faveur de Giscard. Bien évidemment, il pensait au coup suivant. Et Juppé, à quel coup songe-t-il, c’est la question essentielle.
Risque de cohabitation
Je le répète, les présidentielles ne m’intéressent qu’en fonction des législatives qui suivront. Un Sarkozy de nouveau élu – je peux me tromper, mais je n’imagine plus trop comment – pourrait se retrouver avec une chambre à majorité socialiste et centriste, composée aussi de députés flottants qui, s’il est élu de justesse, préféreront se passer de l’étiquette UMP. Qu’est-ce que cela réserverait à un Juppé ?
N’aurait-il pas tout intérêt, ouvertement ou subrepticement, à se rapprocher du candidat Bayrou ? En cas de cohabitation, et donc de tractations entre centristes et socialistes (si, finalement, Bayrou ne se ralliera pas, faute d’avoir convaincu, à la soupe majoritaire, quelle qu’elle soit…), quid d’un Juppé ? En cas de victoire surprise de Bayrou, tout changerait pour lui… s’il a su conserver la réserve qu’il observe à l’endroit de Sarkozy.
On peut d’ailleurs tout imaginer. Certes, après Lagarde, il n’y aura plus de Française ou de Français au FMI, enfin, à la tête du fonds. Mais il y a éventuellement un reconstruction européenne qui pourrait se dessiner si la zone euro n’éclate pas. Et tant d’autres opportunités.
Libération avait choisi un dialogue avec des lecteurs, dont Slovar et Véronique Soulé. Personne ne s’est trop posé la question de l’attitude et du devenir de Juppé. J’ai cependant relevé l’intervention de Jonathan Bouchet-Petersen qui évoquait « le début d’un appel à une alternative de droite… ». Pas mal vu. En fonctions des aléatoires législatives, c’est essentiel.
Le reste… Oui, certes, Antoine Guiral avait raison de remarquer « Hollande est un diésel ». Il ne s’est sans doute pas mal défendu. De Catnatt : « Juppé serait-il l’Éric Besson de 2012 ? Il va quitter l’UMP entre deux tours ou quoi ? ». Ah, tiens, intéressant.
Le Monde donne le point à Hollande
Gérard Courtois, du Monde, a été sollicité par le quotidien « du soir » pour commenter la soirée. Visiblement, il donne l’avantage à Hollande qui a su faire des appels du pied à Mélenchon, en durcissant le ton sur Bayrou. Sans jamais trop le rouler dans la farine. Il aurait amusant que Hollande amène Juppé à exprimer quelques appréciations plutôt favorables à Bayrou. Mais la campagne ne fait que commencer.
Et on verra si Juppé, avec ce débat télévisé, aura ou non assuré le service minimum pour avoir la paix (soit satisfaire Sarko qui ne pourra plus lui reprocher d’être resté en retrait), ou s’il s’engagera davantage. Au premier plan ou en coulisses. Après ce que j’ai pu lire ça et là ce soir, je l’imagine plus volontiers rencontrer discrètement Bayrou qu’en train de danser la lambada avec Morano parmi les Jeunes « populaires ».
Sauf à briguer une nomination présidentielle de toute dernière minute (du genre ambassadeur auprès de l’OCDE – ou tout autre sinécure), on voit mal Juppé continuer à ferrailler pour le « Sarko ». Mais ce n’est que l’impression du moment…
Au fait, ils faisaient quoi, cette nuit, à L’Humanité ? Ils observaient le respect des 35 heures ? Il faut croire que le journal de ce vendredi ne commentera pas le débat de cette nuit passée. Pour le site, on verra, au matin…
[b]Je n’y crois pas un seul instant…..
JUPPÉ roule pour LUI….[/b]
Cher Jef Tombeur, les députés UMP n’existaient pas à l’époque de Giscard. On parlait alors du RPR et ce n’était encore pas la même chose.