une femme qui ne mâche pas ses mots.

 

 

Directe, sans détours elle dénonce la gestion judiciaire de l’affaire Woerth-Bettencourt. Pour Eva Joly députée Européenne de la circonscription de l’Île de France sur la liste d’Europe écologie présidente de la commission du développement au parlement Européen, et ancienne juge d’instruction nommée en 1990 au pôle financier au Palais de justice de Paris, ses prises de position dans l’affaire Woerth-Bettencourt montrent qu’elle veut être présente sur le plan politique, forte de son expérience judiciaire dans ces affaires de corruption et fraudes fiscales.

Elle a instruit les dossiers comme celui de Bernard Tapie, puis se voit confier le dossier Bidermann, qui conduit via Elf-Gabon à l’affaire Elf politico-financière qu’elle instruit avec Laurence Vichnievsky. Le 5 juillet 1996, elle fait incarcérer le patron Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf et président en exercice de la SNCF. Puis elle ouvre les dossiers de l’affaire des frégates de Taïwan et de l’affaire Dumas-Deviers-Joncour. En 1998, elle met en examen Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel qui est contraint à la démission. Ses dernières prises de position font d’elle une personnalité politique d’opposition dont les déclarations marquent les grands médias surtout dans la lutte contre la corruption, l’évasion fiscale. Une femme de caractère qui le montre dans son blog Justice, Écologie, Métamorphose.

Elle s’attire les foudres de l’UMP d’après les informations recueillies par Le Monde.fr.

C’est d’abord une plainte pour diffamation déposée le 23 /06/10 par le jeune député des Yvelines David Douillet qui devrait valoir à Eva Joly d’être poursuivie. C’est à la suite d’une déclaration faite en septembre 2009 ou elle avait affirmé, lors de la campagne pour la législative partielle dans les Yvelines, que l’ancien judoka double champion olympique était l‘heureux détenteur d’un compte au Liechtenstein, un pays qui figurait alors sur la liste dite «grise» des paradis fiscaux établie par l’OCDE. «Des propos diffamatoires», assure-t-on du côté David Douillet. L’ancienne juge relayait le contenu d’un article du site d’information Bakchich selon lequel David Douillet figurait sur une liste de 500 contribuables Français ayant ouvert un compte dans la principauté.

Cette affaire ne serait pas une simple affaire de diffamation, estime Pascal Canfin, député Européen Europe écologie. «Si cette procédure devient une bataille politique, il faudra obtenir le cédérom envoyé par l’Allemagne à Bercy sur lequel figure l’intégralité des 500 noms. La liste intégrale, avant qu’elle soit élaguée par le ministère, n’a jamais été rendue publique» précise-t-il.

Ou bien Eva Joly qui avait été pressentie pour conduire la liste Europe écologie lors de la présidentielle 2012 dégaine trop vite et dans ce cas la confiance que l’on accorde à ses propos s’évanouit ou bien sûre d’elle, elle attend ce procès pour son aura.

Dans un droit de suite le site d’information Rue 89 révèle que le Tribunal de Nanterre a débouté David Douillet qui attaquait le site Bakchich en diffamation pour avoir écrit qu’il possédait un compte au Liechtenstein !

Puis, elle n’hésite pas à déclarer que le procureur Philippe Courroye est aux ordres, pour elle ce n’est pas l’homme de la situation.

«J’ai bien connu Philippe Courroye quand j’étais au pôle financier, et je ne souhaite qu’une seule chose, qu’il redevienne lui-même, ce magistrat qui sortait de gros dossiers. Qu’il se réveille, sa place n’est pas à la table des Chirac ! Il est trop orgueilleux et vaniteux désormais, il semble souffrir du même syndrome que Nicolas Sarkozy, celui de la toute-puissance et de l’impunité», lance Eva Joly. L’ex-magistrate considère qu’il «faut poser des questions qui vont au-delà même du problème Woerth. Par exemple, quelle est l’origine des fonds Bettencourt en Suisse ?».

Il opère dans un cadre procédural inadéquat. Quand il frappe à la porte de Patrice de Maistre, c’est sur le mode «acceptez-vous que l’on perquisitionne chez vous ?». Impossible de surprendre quelqu’un dans ces conditions. Croyez-moi, dans l’affaire Elf, on n’aurait pas trouvé grand-chose ainsi.

«En tant que procureur, depuis les lois Perben, il lui faut, pour perquisitionner, soit l’assentiment du perquisitionné, soit l’autorisation du juge des libertés et de la détention. D’autant que cet accord du JLD n’est possible que pour les infractions les plus graves, et pas pour le vol, par exemple. D’où une perte de temps énorme, que l’on retrouve aussi s’il s’agit de mettre en place des écoutes téléphoniques. Il se prive de moyens d’enquête efficaces, prévus par la loi. On pourrait dire qu’il est coupable de complicité de destruction de preuves par abstention. Le juge d’instruction, lui, est seul maître à bord», c’est ce qui déplait au gouvernement.

Concernant les révélations contenues dans les enregistrements de Liliane Bettencourt révélés par le site Médiapart. «Si ce que disent les enregistrements est vrai, et personne ne conteste leur authenticité, c’est un énorme scandale. On y voit mises en scène les relations inappropriées entre l’exécutif, le président de la République au premier rang, et les procureurs. Ces enregistrements montrent bien cette connivence, notamment quand on entend que le conseiller justice de Sarkozy, Patrick Ouart, annonce le 21 juillet la date et le résultat d’une décision de justice. C’est insupportable de voir une telle intervention directe de l’Elysée dans une affaire judiciaire !».

Pour Eva Joly le conflit d’intérêt, qui n’est pas un délit, est patent. Il n’y a pas besoin d’enquêter. Il faut matérialiser les infractions, parler de faux et usages de faux, blanchiment et recel de fraude fiscale, prise illégale d’intérêt, le champ est large, elle s’emballe.

Pour le Canard Enchaîné, le procureur Philippe Courroye semble n’en faire qu’à sa tête se permettant de lancer une vague de perquisitions, l’Elysée craint d’être lâché. Les 40 policiers mobilisés ont visités les logements des sept vedettes du dossier Bettencourt dont celui du photographe François-Marie Banier. Ils se sont même rendus à Neuilly-sur-Seine chez Liliane Bettencourt histoire de trouver des documents comptables. Pour l’Elysée cette initiative non concertée inquiète et se demande quel jeu joue Philippe Courroye, «Courroye nous rend bien compte de ses actions par voie hiérarchique, mais il évite de nous dire ou il compte aller». Serait-il décidé de mener ces enquêtes à sa guise pour faire mentir Eva Joly ? Dernièrement l’angoisse serait montée d’un cran quand il a fait savoir à ses supérieurs qu’il allait interroger Eric et Florence Woerth, et les Woerth ont feint d’en être les investigateurs, on connait la suite les gardes à vue de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Me Fabrice Goguel, son ancien avocat fiscaliste, l’artiste François-Marie Banier et le gérant de l’île d’Arros aux Seychelles, Carlos Vejarano, qui ont été prolongées, puis libérés au terme de 36 heures sans que leurs avocats puissent connaître leur dossier. Philippe Courroye garde les dossiers, il lui est possible dans un délai qui n’est pas connu de citer tout ou partie des quatre hommes directement devant le tribunal, ou d’ouvrir une information judiciaire confiée à un juge d’instruction. La procédure n’autorise pas le procureur à prononcer un contrôle judiciaire.

Ce magistrat étant sous l’autorité du garde des Sceaux donc sous celle de Sarkozy, il en serait même proche, entache cette enquête de suspicion ce qui déclenche les critiques des syndicats de magistrats et de la gauche bien évidemment.

On a le sentiment que si, cette enquête aurait été confiée à Eva Joly, les protagonistes auraient des soucis eu égard à ses déclarations et à son passé de juge d’instruction.

Quelle envergure aurait Eva Joly dans le contexte d’une élection présidentielle ? Elle n’a jamais occupé de fonction parlementaire nationale encore moins maire d’une grande ville ou ministre. Elle ne pourrait faire valoir sa compétence dans la gestion de la France sa candidature envisagée pour 2012 ne pourrait être qu’un échec bien qu’elle soit une personne compétente dans le domaine judiciaire, mais cela ne suffirait pas. Par contre en tant que ministre de la justice elle aurait toute sa place, ce qui pourrait constituer pour elle un premier pas.