Retourner à l’école à 37 ans

Le temps passe vite, tout le monde est d’accord avec cette évidence. Se retrouver à plus de 35 ans, sans réelles envies concordantes avec les études effectuées 20 ans auparavant n’est pas une exception.

La crise aidant, se retrouver au chômage devient monnaie courante.

Il a 37 ans, une formation de peintre en batiment, une expérience professionnelle de plus de 10 ans dans l’usinage, un concours de Sapeur pompier professionnel obtenu, mais pas d’embauche derrière, et au chômage depuis plusieurs mois…

Une maison sur le dos et 2 jeunes enfants à « nourrir » ajoutent à cette situation une pression non négligeable…

Heureusement, le couple est composé d’une fonctionnaire qui permet un salaire sûr…

Chaque mois, les RV au Pole Emploi s’enchainent et se ressemblent : « rien à vous proposer ». Que trouver dans l’usinage alors que les entreprises ferment les unes après les autres, et franchement connaitre à nouveau les mois sans salaires, les liquidations judiciaires, les actions devant les prud’hommes, non merci….

Une publicité à la TV : « devenez fonctionnaire : passez le concours de surveillant pénitentiaire », un numéro de téléphone…. Chiche ! Le coup de fil est passé, l’inscription au concours enregistré !

Novembre : première épreuve écrite : réussie. Quelques mois plus tard : épreuves de sport à 400 km : réussies. Février : psychologue et jury… Le 15 mars les résultats tombent : admis à l’ENAP : école nationale de l’administration Pénitentiaire !!

En quelques mois, l’horizon change avec la perspective d’une sureté de l’emploi, d’un retour à l’école pour l’apprentissage d’un métier… après 14 mois de chômage.

Début juillet : coup de fil du ministère : être dans 5 jours à Agen, c’est-à-dire à 800 km de son foyer, pour 7 mois d’école !

Tout quitter : femme, enfants, famille, amis, pour se retrouver, à 37 ans, dans un amphithéâtre, crayon à la main, mémoire en alerte pour comprendre ce que, dans 7 mois, l’état va lui demander, puisqu’au 31 janvier 2011, il sera en poste.

Un métier qui doit être, certes difficile, mais quel métier ne l’est pas… !

Le voilà à 37 ans, mélangé  à une population d’une vingtaine d’années essentiellement, dans une chambre d’étudiant, à téléphoner à sa famille pour donner des nouvelles, pour expliquer avec enjouement comment se passent ses journées, ce qu’il apprend, tous les livres distribués, tout le sport pratiqué, l’intérêt porté à certains cours plus que d’autres, la sympathie des instructeurs, des collègues…

Ca faisait bien longtemps qu’on avait entendu un tel enthousiasme dans sa voix, un tel contentement, bien dans sa peau, bien dans sa tête avec la perspective d’un avenir sans crainte du lendemain….

7 réflexions sur « Retourner à l’école à 37 ans »

  1. c’est un très bel article chère Fata, intéressant, bien écrit et qui respire l’amour ….
    je vous envie de savoir aimer comme cela !
    vous nous faites toucher du doigt les difficulté d’une réorientation professionnelle par les temps qui courrent, et le courage qu’il faut pour se remettre en question à certaines étapes de sa vie . Très dur en effet .
    bonne chance à tous ceux qui seront obligés d’en faire autant et surtout bonne chance au nouvel Agenais d’adoption …

  2. Dommage qu’il se soit réorienté dans un secteur en pleine crise car l’Administration Pénitentiaire ne pourra pas payer les salaires à la rentrée, faute de budget.

  3. Merci bcp Mum pour vos appréciations et vos encouragements ! On va en avoir besoin…

    Enguy, je pensais que le Ministère de la Justice était le seul avec celui de la recherche et celui de l’enseignement supérieur qui ne connaitrait pas une baisse de son budget ?!?

  4. Je vous laisse voir cet article:
    [url]http://www.ugsp-cgt.org/LA-CGT-Penitentiaire-recue-par-le[/url]

    J’ai une soeur qui travaille pour l’AP et qui craint pour son salaire à la rentrée.

  5. Merci pour ce lien.
    Cela ressemble fort à ce qu’on entend aussi dans l’Education Nationale…
    J’espère qu’il n’en sera rien !

  6. Pour l’AP apparemment c’est du sérieux ma soeur se fait vraiment du souci.
    J’ia travaillé 2 ans en détention (bénévolat) et je n’avais aucun espoir d’avoir un CDI par manque de budget. Je me suis retourné vers l’enseignement plus classique mais là pareil: pas de budget, manque de moyen, l’année scolaire à venir sera décisive pour moi (si peu de moyen mon poste sera supprimé pour la rentrée 2011).
    Et quand je cherche dans d’autres secteurs d’activité c’est pareil, je ne trouve rien d’intéressant ou de payé correctement: c’est toujours trimer pour 1000 € par mois avec plein de contraintes.
    Bon courage.

  7. il est certain que l’époque n’est pas propice à la sécurité de l’emploi,aux salaires décents,…
    Pourquoi, pour l’AP, faire des concours, et offrir tant de places si la perspectives est noire ??

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