L’euro reperd encore du terrain face au dollar, au yen, à la livre, mais les dettes des grands pays européens se vendent à peu près bien, sans que les taux varient trop fort par rapport aux derniers jours de l’an dernier. Mais, en 2012, les nouvelles de Grèce, Hongrie et Irlande, voire du Portugal, n’incitent pas à l’optimisme. Le risque de contagion reste fortement présent.

Pour l’économie globale, alors que l’américaine semble mieux se porter, c’est la japonaise qui fait le plus sourciller : le FMI semble s’inquiéter de la situation de ses banques. Pour l’économie européenne, la relative bonne performance du placement de la dette française laisse croire qu’un certain répit attentiste est possible : 8 millions d’euros ont trouvé preneurs mais les taux sur la dette à dix ans grimpent légèrement (+0,03 à 3,375 %) tandis que la dette à 30 ans s’est vendue à 3,97.

Il semble que ce soit les banques françaises qui seraient montées au créneau.
En revanche, la dette italienne n’inspire plus, avec des taux en légère croissance (+0,11) et surtout au-dessus de la fatigue barre des 7 % (7,07).

Mais les mauvaises nouvelles viennent de la périphérie.
D’abord l’Irlande, sur le point de creuser sa récession aggravée par les mesures d’austérité. Mais la Hongrie, qui n’arrive plus à se financer, avec une devise, le forint, attaquée, des taux d’emprunts proches de 10 %, et de fortes réticences de la part de la BCE et du FMI à conforter la politique de Viktor Orban, pose désormais un problème aussi crucial que celui de la Grèce. Or, en Grèce, les syndicats renâclent : ils veulent préserver des avantages sociaux (des 13e et 14e mois de salaire, le montant du salaire minimal) alors que Lucas Papademos, le Premier ministre grec, veut, comme partout en Europe, rogner ces acquis sociaux. Or, si, en mars, la Grèce ne rassure pas, elle pourrait être forcée de renoncer à l’euro. La Hongrie pourrait rapidement soit précéder, soit suivre la Grèce… et très fortement dévaluer. Pour le moment, la Hongrie n’est arrivée à financer par l’emprunt qu’un total de 35 milliards de forints (alors qu’elle espérait en lever… 45, en emprunts sur un an).

L’Espagne, de son côté, veut que ses banques se recapitalisent au plus vite, mais certaines se montrent plus que réticentes. Elles plaident pour la création d’une « banque pourrie » qui reprendrait les créances douteuses. Le gouvernement espagnol a décidé de s’attaquer durement à la fraude fiscale par le recrutement de fonctionnaires et de nouvelles règles sur les paiements en espèces : il n’en attend rien moins que 8 milliards d’euros en 2012.

Pour sa part, le Portugal emprunte à 12,85 % soit 11 points de plus que l’Allemagne.

Le financier George Soros décrit l’avenir de l’Eurozone en termes dubitatifs. Son démantèlement serait catastrophique, mais tout peut arriver et les « repères ou méthodes du passé » pour évaluer les risques sont caduques : tout est imprévisible.

Concertation

Mario Monti est ce jour à Bruxelles, et il devrait rencontrer Nicolas Sarkozy, demain, vendredi, soit à la « veille » de la rencontre entre Sarkozy et Merkel, lundi, 9 janvier, à Berlin. Parviendront-ils cette fois à enrayer le vent de pré-panique ? C’est essentiel dans la mesure où on peut spéculer sur les craintes, parier sur la chute des cours, et amasser ainsi des sommes colossales. La question d’une taxe sur les transactions, dont l’efficacité est limitée, sera-t-elle abordée ? Alain Juppé l’a laissé ce jeudi entendre.

Monti assure que les fondamentaux de l’Italie sont bons, avec des ménages très peu endettés. Il se prononce en faveur d’impulsions franco-allemandes mais estime que « deux pays sur 27, fussent-ils les plus grands, ne peuvent décider pour tous les autres. ». Il vient en France alors qu’UniCredit SpA, l’une des plus grosses banques italiennes fortement implantée à l’international, tout comme SanPaolo, se voient attaquées par les marchés (-14 et -6,2 % respectivement ce jour). Mais en fait, ce sont les actions de toutes les banques européennes, à des degrés divers, qui n’inspirent pas confiance (BNP Paribas a perdu 3,2 %, Banco Santander 2,9 %). Les dettes des régions ou communautés (comme les espagnoles) posent aussi problèmes aux banques (le Valenciano est endetté auprès de la Deutsche Bank et vient de demander une semaine de délai pour rembourser une dette de 123 millions d’euros).

On verra si la consommation intérieure se maintien en France après le bilan des soldes, qui n’a pas été très bon du tout en Angleterre et que les ventes au détail en Allemagne ont fléchi en décembre.

En cause, aussi, l’inflation : 2,8 % pour l’ensemble de la zone euro. Les nouvelles taxes devraient l’entretenir. L’exercice consistant à prôner l’austérité sans casser la « croissance » (ou négativement sa quasi-stagnation) et surtout la confiance, sera particulièrement difficile pour le couple franco-allemand…
Autre débat : la taxe sur les taxations financières. La France voudrait que l’Allemagne s’y rallie, et selon diverses sources, la France serait prête au besoin à faire cavalier seul. En tout cas à l’annoncer. En passant une loi de Finances rectificatives avant mars. Resterait à l’appliquer.

Monti, Sarkozy, Merkel… Pendant ce temps, alors qu’en fin de journée les marchés avaient perdu quelques nouveaux dixièmes de points, les Rois mages, les Reyes Magos, sont arrivés à Barcelone et dans quelques autres localités espagnoles (car ils ont le don d’ubiquité). Dans la capitale catalane, c’est le roi Melchior qui s’est exprimé pour les voyageurs à la bonne étoile.
Il a estimé que l’argent n’était pas tout et que « les plus beaux cadeaux du monde ne peuvent s’acheter. Le plus beau cadeau, c’est le sourire de quelqu’un, l’affection de vos parents, grands-parents, de vos proches et de vos amies et amis. ». Traditionnellement, les rois mages s’adressent en priorité aux enfants qui se pressent autour de leur cortège et ramasser des caramels et des bonbons ou autres douceurs. Cette année, les parents n’auront sans doute pas droit à des cadeaux fiscaux.
On ne sait si les rois sont arrivés en Angleterre : là, dans la City, les traders et financiers menacent de saisir la justice pour rupture de contrat s’ils n’obtiennent pas des primes et des bonus à hauteur de leurs attentes et performances. Qu’ils vendent à la hausse ou à la baisse, ils font toujours du chiffre…