A ce stade de la campagne présidentielle, le débat prend de l’importance. Marine Le Pen a lancé son offensive sur le thème qu’elle risque de ne pas avoir les 500 signatures pour être candidate à l’élection présidentielle. Elle crie, dans les micros qu’on lui tend, qu’il faudrait qu’on retourne à l’anonymat, seule solution pour que « les petits maires », presque tous « sans étiquette », puissent lui accorder leur signature sans réticence. Alors à qui la faute ? Au système UMPS, comme elle dit ? Que se passera-t-il si elle n’obtient pas ses fameuses signatures ?

        Un sondage bien à propos vient éclairer notre lanterne ! Il envisage le cas où Marine Le Pen ne serait pas candidate au premier tour. Selon un sondage ifop publié par le JDD, « François Hollande et Nicolas Sarkozy feraient jeu égal avec chacun 33% des intentions de vote ».

        Allons bon ! Voilà que cela change tout. Jusqu’à maintenant, il y avait ceux qui, au nom du principe sacré de la démocratie, pensaient qu’il fallait tout faire pour qu’une candidate qui représente 18 à 20 % dans les sondages puisse être présente à l’élection présidentielle et ceux qui, toujours au nom de la démocratie, ne voulaient pas verser une larme pour un parti qui prend des libertés avec cette dernière et véhicule des idées d’extrême droite peu compatibles avec les valeurs de la République !

        Le même sondage exclue aussi des petits candidats qui ont sans doute aussi quelques difficultés pour obtenir les parrainages indispensables, tels : Hervé Morin (Nouveau centre), Christine Boutin (PDC), Dominique de Villepin (RS), Corinne Lepage (Cap21) et Frédéric Nihous (CPNT) qui sont crédités de 1% ou moins.

        Mais la donne est complètement changée. Le sondage précédent, avec la fille Le Pen inclue, donnait 33 % à François Hollande, contre  24,5% à Nicolas Sarkozy et 17 % à François Bayrou… On peut dire que le nouveau sondage bouscule les idées reçues ! Sur le JDD, le père Le Pen risque une prophétie : «si ma fille n’y est pas, Sarkozy sera battu».

        De là à dire que les résultats du sondage « rebattent les cartes de la bataille entre gauche et droite. », comme le fait le JDD, ce n’est pas certain. En effet, il n’est pas du tout sûr que Marine Le Pen n’obtienne pas les parrainages pour être présente au premier tour de l’élection présidentielle. Le sondage ne porte pas sur le deuxième tour non plus, mais avec le résultat de ce sondage cela laisse plus d’espoir à Nicolas Sarkozy d’être au second tour. Bayrou serait aussi gagnant car il pourrait son rôle d’arbitre au second tour.

        Mais la crainte de représailles FN aux législatives pourrait-elle pousser l’Elysée à faciliter la recueil de signatures par la candidate FN. Nicolas Sarkozy avait déjà dit dimanche dernier : « Vous ne voulez tout de même pas que je l’aide! » et François Fillon a répondu lui, jeudi sur France 2, au sujet de ce problème, « je pense que c’est du bluff ! ». Autant dire qu’ils avaient l’intention de tout faire pour que les élus sous leur influence ne signe pas de parrainages pour la candidate FN.

        Il n’en demeure pas moins, que le Front National, par la voix de Louis Aliot, compagnon de Marine et vice-président du parti, a vivement réagi au dernier sondage ! "Cette enquête montre que l’absence de Marine Le Pen profite à Nicolas Sarkozy, seule possibilité pour lui de pouvoir accéder au second tour », écrit-il. Il ajoute " ce sondage confirme les rumeurs et documents qui révèlent les calculs politiciens visant à museler la démocratie et à empêcher toute opposition au système". Il dénonce aussi : "cette tentative de contrôle du pluralisme politique qui porte atteinte aux fondements de la République". Mais il espère que le Conseil Constitutionnel, garant des libertés individuelles et démocratiques, contraindra le pouvoir à la raison et confrontera l’état de droit ». (d’après Le Figaro)

        Libération cite un professeur de droit, selon lequel « la publicité des parrainages obéitau principe de transparence de la vie publique ». Ce qui laisse peu de chances au FN d’obtenir satisfaction auprès du Conseil Constitutionnel pour la levée de l’anonymat des signatures (Il se réunira pour statuer là dessus le 22 février prochain).

        La réforme de la règle des parrainages viendra peut-être après cette élection.Il en est, comme : Olivier Besancenot ou Corinne Lepage, qui proposent « de la remplacer par les signatures de plusieurs milliers de citoyens pour valider les candidatures ». Un député Jacques Pélissard, président (UMP) de l’Association des maires de France, propose, lui une double signature : «l’une de conviction, l’autre républicaine, qui resterait publique». Quoi qu’il en soit, le système dervra probablement être amélioré à l’avenir.

        Mais cette fois, il est certain que l’absence de Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle aurait des conséquences importantes. Sans doute beaucoup plus que pour son père en 1981. Attention, sa fille, ne promet pas « une bombe atomique », mais si elle décide d’agir « pour faire battre Nicolas Sarkozy », cela pourrait y ressembler !

 

Sources : JDD,Le Figaro, Le Parisien,Libération.