On ne sait encore si cela affectera les sportifs espagnols professionnels ou seulement les amateurs. La police et les douanes espagnoles ont démantelé des organisations ramifiées qui importaient divers produits dopants (anabolisants, EPO, hormones de croissance). Les provenances étaient la Chine, mais aussi la Grèce et le Portugal. 84 personnes sont interrogées…

Des centres d’entraînement, mais aussi des individus étaient fournis en Espagne par deux réseaux regroupant au total 84 personnes : 700 000 doses de produits dopants divers, dont de l’EPO, des hormones de croissance et des anabolisants ont été saisies.
Les destinations couvraient la majeure partie de l’Espagne soit la Catalogne, le Valenciano, les Asturies et le Pays basque, l’Andalousie et la communauté de Madrid. Parmi les interpellés figure un pharmacien qui contournait la réglementation.
Le système s’apparentait à une vente pyramidale car, comme pour le trafic d’autres drogues, les acheteurs se faisaient aussi revendeurs, d’où le nombre des arrestations.

L’une des sources d’approvisionnement était la région d’Amadora au Portugal où les produits transitaient par une imprimerie spécialisée dans l’étiquetage et le conditionnement. Pour ce réseau, les investigations avaient débuté en avril dernier. Un Portugais a été appréhendé.

L’autre réseau couvrait surtout Huesca, Gerona et la Catalogne, Avila et Malaga. Les produits provenaient de Grèce ou de Chine. Les produits grecs avaient été repérés par la police italienne qui a informé l’espagnole. Le club de football d’Amadora, au Portugal, l’Estrela, avait recruté l’entraîneur italien Carlo Ancelotti au début de sa carrière. La source portugaise approvisionnait 80 destinations primaires distinctes. Les gains pouvaient représenter 11 000 euros du mois.

Les diverses brigades policières régionales espagnoles ont été mobilisées pour ce coup de filet impressionnant. Pour le moment, aucun nom de sportif notoire n’a été divulgué, ni en tant que simple consommateur ou en qualité de revendeur de second niveau.

La révélation de ces arrestations intervient alors que le coureur cycliste allemand Jan Ullrich a confessé s’être dopé sous la supervision du médecin espagnol Eufemiano Fuentes.

Crise et « vigorexia »

Le marché des anabolisants et autres drogues est très vigoureux en Espagne où est apparu un nouveau vocable, la vigorexia. S’apparentant à l’anorexie et à la boulimie, cette maladie, ou comportement dangereux pour la santé, touche principalement des hommes, jeunes, obsédés par leur aspect physique. Ils cultivent l’obsession d’un corps le plus parfait possible à leurs propres yeux, pour compenser généralement une faible estime d’eux-mêmes.

Cette disposition pourrait toucher jusqu’à 50 000 personnes en Espagne. Il s’agit principalement de jeunes hommes ayant été ou s’estimant avoir été maltraités ou déconsidérés au cours de leur enfance ou de l’adolescence. Miguel del Valle, vice-président de la Fédération espagnole de médecine du sport, considère que les personnes affectées se livrent à une pratique intensive de la musculation sans tenir compte des risques.

Beaucoup en viennent à ne s’alimenter qu’avec des produits spécialisés, hyperprotéinés par exemple, régime qu’ils accompagnent de l’absorption de produits censés améliorer l’effort.

La vigorexie pousse à se tourner vers les stéroïdes mais aussi d’autres produits de dopage. Les risques sont l’infertilité, un développement prématuré du cancer de la prostate, et la calvitie qui touche autant les hommes que les femmes s’adonnant à ce type de régime. D’autres effets se rapportent à l’hypertension artérielle, l’acné, voire, pour les plus jeunes, à un développement de l’ossature trop précoce.

Cette forme d’hédonisme est totalement autocentrée. La plupart des personnes vivent très solitaires, ne se lient que très peu, tentent d’obtenir des petits jobs dans les gymnases afin d’y passer le plus de temps possible, d’avoir accès aux appareils de jour comme de nuit. Ce narcissisme ne vise pas à se faire valoir lors de compétitions ou d’exhibitions, même si les pratiquants sont sollicités. 

Les jeunes se sentant aussi dévalorisés du fait de ne pouvoir trouver leur place sur le marché du travail peuvent aussi être portés à ce type de comportement.