Quand on lit les « Brèves de comptoir » de Jean-Marie Gourio, on réalise que dans nos cafés, on ne fait pas que picoler. On philosophe, on blague, on analyse, on poétise même, parfois. Bref, on refait le monde, allègrement, avec un petit noir, un ballon de rouge, ou un p’tit coup d’blanc, et puis en compagnie des autres, surtout. Gourio recueille depuis 20 ans, les bons mots de nos compatriotes, attablés ou debout derrière un bar. Peut-être que dans 10 ans, on se plongera dans ces pages-là, en mémoire des bistrots d’autrefois.
Car oui, le café-tabac du coin, le café-épicerie-quincaillerie du hameau sont en voie de disparition, sur le chemin de la désaffection, même dans les villages reculés. En cinquante ans, le nombre de bistrots en France est passé de 500 000 (en 1910) à 35 000, de nos jours. Les communes qui n’ont plus de cafés se comptent par milliers, alors que dans les années 50, elles en avaient 2 ou 3. Car à côté, tout avance, tout change, tout évolue, dans le bon ou le mauvais sens. A chacun d’apprécier. L’urbanisation, le progrès, la crise, la lutte contre l’abus d’alcool, le tabagisme passif… Les explications sont nombreuses, les regrets aussi. Nostalgie, quand tu nous tiens….
Avant, les salaires étaient versés en liquide et faisaient étape au bistrot, avant d’arriver au foyer, écornés de quelques pièces … La tournée générale était de mise. Et puis c’était bon marché. On avait les moyens de faire plaisir aux copains, et puis, on savait où les trouver, aussi.
Avant, jusque dans les années 80, on jouait, au bistrot. Belote, billard, rami, flipper… Et puis il y avait des juke-box. Une pièce, une chanson. Magique ! Avec l’avènement des ordinateurs et des jeux vidéos, plus besoin de se déplacer. Moins de convivialité, aussi. Moins de rencontres, tout simplement. Et puis, il y a la télévision. Tous ces gens qu’on invite chez nous, sans jamais pouvoir leur serrer la main ni leur taper sur l’épaule… Sans compter que maintenant, les grandes surfaces nous vendent de l’alcool à moindre coût, et nous permettent de faire du café, comme au café…
Un gagnant : La restauration rapide, des lieux où l’on ne s’attarde pas, en principe. Pas le temps. Et puis, souvent, on ne connait, on ne reconnait personne. Point de place pour les palabres.
Et puis, une autre génération d’établissements voit le jour : Les bars à thèmes. Bars à bières, à vins. Cafés philos et Cyber-cafés…
Une autre génération, qui ne raconte pas les mêmes histoires…
Mais comme on dit : « La terre est basse, le ciel est haut, y’a que le comptoir qui est au bon niveau »…
Moi, je les aime ces cafés et ces comptoirs qui rassemblent les gens.
Oui, CitronPresse, ils ont une âme ces lieux! ! Qui sait, peut-être qu’eux aussi redeviendront à la mode un jour? Vintage, comme on dit!!