la Cour des Comptes, s’est penchée dessus pour en donner.

 

 

C’est en fait l’ouverture à plus de clarté sur ce que nous coûte l’industrie électro-nuclaire, c’est une étude d’autant plus délicate qu’elle était la première. Les magistrats ont été au bout de leur travail, et soulignent la difficulté de chiffrer le coût financier du démantèlement des centrales et de tout ce qui s’y rattache. C’est à la demande du premier Ministre François Fillon dans une lettre du 17 mai 2011 que le premier président de la Cour des comptes Didier Migaud l’a lancée. Elle fait 430 pages, que l’on peut consulter à cette adresse http://www.premier-ministre.gouv.fr/sites/default/files/communiques/communique_et_rapport_filiere_electro-nucleaire.zip. Son intérêt est de faire le point sur le coût de la production nucléaire, sans négliger l’important dossier des déchets. Elle ne prend pas en compte la partie nucléaire militaire, ni les activités nucléaires électriques civiles dont seule la production énergétique est retenue. Sont pris en compte les éléments de coûts passés, présents et futurs.

 

Dans le contexte politique du moment, par suite de la catastrophe de Fukushima, alors que notre pays ne ressemble pas aux conditions climatiques du Japon, la poussée politique écologique va vers le démantèlement de nos centrales, qui sont, certes, pour la plupart arrivées à leur limite d’exploitation, à un abandon de cette énergie sans proposer une puissance énergétique équivalente. Si l’on peut, par l’utilisation de l’énergie du vent, de l’eau et celle du soleil, produire de l’électricité propre, il ne faut pas oublier que ce sont des MW dont nous avons besoin. La puissance d’un pays se juge au nombre de kw.h consommés et produits.

 

Le programme de François Hollande qui prévoit une réduction de 50 % de la part du nucléaire d’ici à 2025, est aussi utopique que celui des écologistes, qui est capable de prévoir, dans les 13 années qui vont suivre, ou nous en seront ? Mais ce qui est le plus grave c’est que nous ne construisons plus de centrales depuis avril 1991, Civaux-2, 1.495 MW, mise en service en avril 2002 est la dernière centrale construite. De plus la construction de l’EPR de Flamanville 3 entraine des coûts plus élevés. Notre savoir faire fout le camp. Qu’il soit impératif de produire du courant électrique à partir d’énergies propres, sans aucun doute, ne serait-ce que pour des utilisations domestiques mais, il nous faut construire des centrales, nombreuses sont celles qui ont atteint les trente ans de vie, Blayais, Bugey, Dampièrre, Fessenheim, Gravelines, elles représentent 14.000 MW, les prolonger encore dix années, ne résoudra pas le problème de notre indépendance énergétique, d’autant plus que Fessenheim présente des risques. Le réacteur EPR de Famanville 3, 1.600 MW, en construction est prévu en service en 2016 mais, il y a du retard. Le projet EPR de Penly 3, 1.600MW est reporté.

 

2Didier Migaud document Le monde.fr, Cyrille Weiner pour Le Monde.

Ce qu’écrit la Cour des comptes, est que les dépenses futures de démantèlement, de gestion des combustibles usés et des déchets qui ont déjà été produits sont à 79,4 milliards d’euros (2010) et sont intégrés sous forme de provision, dans les comptes des exploitants EDF, AREVA, du CEA, et de l’ANDRA, pour la somme de 38,4 milliards d’euros (2010) par application d’un taux de 5 %. Elles sont à comparer au coût initial des investissements du parc en exploitation à 83,2 milliards d’euros overnight (2010). Le démantèlement coute aussi cher que l’investissement. Il n’y aurait donc un financement minimal de 41 milliards à prévoir en plus de la provision.

 

Le coût de 83,2 milliards d’euros doit être complété des intérêts intercalaires dus au fait que la construction des centrales s’étale sur plusieurs années. La Cour évalue à 12,8 milliards d’euros le montant de ces intérêts. Elle évalue ainsi l’investissement initial des 58 réacteurs actuels à 96 milliards d’euros pour une puissance installée de 62.510 MW, soit, 1. 535 €/kw. Soit 0, 426 € par kw.heure. Ce serait ce que nous coûte en 2010 le kw.heure électrique nucléaire.

 

Ce qu’il faut savoir, c’est que les investissements de maintenance sont en forte progression. Sur un programme EDF d’investissement de 50 milliards d’euros entre 2011 et 2025 soit une moyenne annuelle de 3,3 milliards d’euros, le montant des investissements de maintenance annuel moyen devrait être de 3,7 milliards d’euros. Le rapport souligne que les chiffres actuels doivent être regardés avec précaution. Ils ont tendance a augmenter quand les opérations se précisent. Les comparaisons internationales donnent des résultats supérieurs à ceux d’EDF.

 

Le tableau ci-dessous donne le récapitulatif des dépenses d’investissement ou assimilées.

 

 

Ce tableau montre que sur un total d’investissements estimés à 228,3 milliards d’euros, le coût production de l’exploitant de l’électricité nucléaire fournie par le parc actuel s’élève à 118,2 milliards d’euros auxquels il faut ajouter, chaque année les investissements de maintenance pour un montant qui s’élève à 1,7 milliards d’euros en 2010. Il devrait doubler en moyenne pour les 15 années qui viennent.

 

Pour la Cour dans sa conclusion générale la durée de fonctionnement des centrales est une donne stratégique. Elle constate que d’ici la fin de l’année 2010, 12 réacteurs représentant 10.900 MW atteindront leur durée fe fonctionnement de 40 ans et que 22 réacteurs sur 58 représentant 30 % de la puissance nette du parc, 18.210 MW, atteindront leur quarantième année de fonctionnement d’ici 2022. Si l’on fait l’hypothèse de maintenir le niveau énergétique actuel, il faudrait construire 6 à 7 EPR d’ici la fin 2020 et 11 d’ici la fin 2022. Cette conclusion rejoint mon analyse.

 

La Cour estime le démantèlement en charges brutes AREVA, EDF, sur la durée de vie à 24,2 milliards d’euros et précise que ces coûts pourraient augmenter. La part EDF étant de 18,4 milliards d’euros, soit pour 58 réacteurs 317 millions d’euros. Pour le Monde.fr qui a eu un entretien avec le premier président de la Cour des comptes, ces coûts sont clairement sous-estimés. En effet, le démantèlement de la centrale de Brennilis, Finistère, le seul en cours actuellement, est pour l’instant chiffré entre 450 et 500 millions d’euros et l’opération n’est pas encore achevée. On se situe donc déjà au-delà des chiffres fournis par EDF pour le démantèlement moyen d’un réacteur, alors que la puissance de la centrale qui n’est que de 70 MW, très largement inférieure à celle des autres centrales comprises entre 480 et 1.200 MW. Selon les calculs de Monde.fr, le démantèlement du parc ne va pas au final doubler mais quadrupler.

 

Les coûts de l’EPR.

 

La construction de l’EPR de Flamanville 3, l’EDF a annoncé le 20 juillet 2011 un coût révisé de 6 milliards d’euros, 3,7 milliards d’euros/MW pour 1630 MW avec un objectif de production commerciale en 2016. Outre les difficultés de construction d’une tête de série, AREVA explique que l’écart de coût résulte de technologies différentes portant sur des exigences de sécurité plus importantes. Compte tenu de l’allongement des délais qui laissent prévoir un montant élevé des intercalaires, et de l’augmentation du coût de la construction, on peut estimer le coût le coût de production du réacteur de Flamanville entre 70 à 90€/MWh, ce qui fait 0,7 à 0,9 € par kw.heure avec une durée de fonctionnement de 60 ans. Ce coût apparait le double de celui de la production de nos vieilles centrales.

 

Quelle conclusion en tirer, à l’horizon 2020 le maintien de la puissance énergétique nucléaire implique de lourds investissements. En avons-nous les moyens ? La prolongation de la durée de vie de nos centrales à 40 ans et au-delà n’est pas la solution, il faudra bien un jour en construire d’autres. Le développement d’énergies propres complémentaires est à favoriser, tout kw gagné sur le nucléaire est positif. Pour bien faire, il faudrait pouvoir mener eu parallèle les deux objectifs. Quelque soient les scénarios, le coût du kw.h ne peut qu’augmenter.