Ca y est, il est revenu me hanter…  Mais quand partira-t-il ? Ce cauchemar qui vient insidieusement me poursuivre la nuit… Les bruits sourds martèlent ma tête, toujours et encore, pendant mon sommeil.

 

Je voudrais pourtant les oublier ces bruits, ils me rappellent la violence que je vis chaque jour…

 

Les coups font du bruit, ils s’entendent de l’extérieur mais aussi à l’intérieur de votre âme. Et pourtant, personne ne semble les voir, ni les entendre…

Est-ce que c’est ça être ignorant ??? Non, car personne ne saurait voir ce qui est habillement caché !

 

Et vous ne dites rien, car cela vous parait normal, parce que vous pensez que tous les enfants sur Terre se font « matraquer », vous ne connaissez que ça, alors non, vous ne dites rien.

 

Votre vie d’enfant se développe dans le cris, la colère et la haine. D’un simple regard, vous savez les détecter. Vous comprenez que ce soir, votre père est d’humeur mauvaise, qu’il a passé une dure journée de "travailleur" de la classe moyenne.

Alors, vous vous terrez, dans ce petit trou invisible et connu de vous seul…

 

Un mot de travers et vous finirez seul dans votre chambre sans manger.

Un geste déplacé et vous prendrez un coup, décoché avec toute la violence qu’un homme pourrait déployer lors d’un combat de boxe.

Une pièce non rangée et vous prendrez des coups de bâton, de ceinture et serez trainé jusqu’à votre chambre par les cheveux.

Un acte de rébellion et vous finirez dans une pièce noire, enfermé à double tour durant de longues heures qui vous paraissent des jours.

Et la liste est encore bien trop longue… Elle est difficile à entendre et à exprimer…

Vous grandissez au jour le jour, sans aucun projet d’avenir, dans l’humiliation, le degoût de soi, la peur constante, la peur qui ronge, la peur de l’abandon, toutes ces frayeurs qui sont en vous, que vous gardez, car vous ne valez rien, et encore moins le fait d’être écoutée…

 

Et parfois vous en avez marre, vous n’en pouvez plus !

Ce corps de fillette de sept ans dit stop, il faut arrêter ça.

Vous n’arrivez plus à attirer l’attention affectueuse de ce père odieux et colérique. Il ne vous embrasse plus et vous supportez comme vous pouvez, privé de son affection…

 

Alors, vous trouvez des subterfuges pour éviter ses « humeurs ». Vous évitez, esquivez et fuyez les coups en faisant de la délation et tenant des propos mensongers . Oui, vous mentez, et dénoncez votre sœur, car vous ne voulez et ne pouvez plus rien recevoir.

Et là, c’est son tour à elle…

Caché dans un coin obscur, vous pleurez et criez intérieurement…

A votre tour, vous êtes devenu un bourreau… son bourreau à elle !!! Et là, la boucle est bouclée…

Mais elle a l’habitude, elle est votre aînée, connait cette violence depuis plus longtemps que vous. Elle se protège, elle oublie les souffrances.

Et dans sa grande bonté, elle ne vous en veut pas ou plus…

Elle est votre sœur, et elle vous protège, reçoit la haine et l’efface aussitôt de sa mémoire !

 

Et puis finalement, vos parents se séparent.

Vous n’avez que neuf ans.

Mais après tout cela, malgré tout, vous l’aimez ce père. Vous l’aimez car parfois il vous fait rire et vous câline.

Mais il reste indifférent… Et à nouveau, il vous abandonne, mais cette fois définitivement !

Une autre femme a conquit son cœur et ce cœur là n’a plus de place pour ses enfants.

 

Aujourd’hui, je suis guérie. Le temps fut long, les blessures béantes, immenses.

Il m’a volé mon enfance, mon innocence. Je ne peux plus courir après… il est trop tard !

Dommage pour moi ! C’est presque oublié…

 

Et pourtant ce n’est pas une fin mais un autre commencement.

Vous apprenez l’amour à neuf ans, à quinze ans, à trente ans… vous apprenez chaque jour.

Vous vous reconstruisez une vie, un passé.

Vous avez grandi malgré ce "hold-up" de candeur enfantine.

 

Aujourd’hui, j’exècre la violence, la haine et le mépris. Je les fuis, je pardonne et je contourne.

Toutes les violences sont nuisibles. Pas seulement sur les enfants. Tout adulte devrait pourtant le savoir !!!

Et quand je vois l’injustice, les discriminations et le manque profond de respect, mon cœur pleure encore et encore.

 

Il en sera toujours ainsi car mon père me l’a appris, il m’aura au moins appris ça… grâce à lui j’ai ouvert mon coeur et mon âme… les Hommes ne sont pas tous mauvais et il faut parfois les aider à faire preuve de discernement…

Ceci est mon exutoire.

Je le partage car il y a des fardeaux qui sont, certains jours, très lourds à porter !