ELYSiUM

 

Le réalisateur Sud-Africain Neill Blomkamp  nous avait gratifiés d’une belle surprise en 2009 avec District 9. Pour certains critiques la naissance d’un nouveau courant : la SF-politico-sociale, avis que je ne partage pas vraiment.

Par contre un long métrage, original dans sa conception, qui parvenait malgré une violence sous-jacente à délivrer sa thématique, le tout avec conviction et imprégné d’un militantisme de bon aloi.

Dès 1927, Fritz Lang, peut se prévaloir d’avoir édicté les contours du film politico-social avec le chef d’œuvre intemporel Metropolis , l’un des fleurons du cinéma impressionniste allemand.

District 9 se veut un véritable pamphlet politico-sociale ou l’apartheid se décline dans l’avenir (enraciné et encore présent dans la mémoire collective des Africains du Sud), car l’action du film se déroule à Johannesburg, ou les aliens en deviennent sympathiques à force de naïveté, quasiment un reportage « contemporain » dans sa première partie, bien sûr sous couvert de SF, puis virant vers une parabole dépeignant  notre monde en perdition, baignant dans l’immoralité la plus profonde en se gargarisant de ses richesses.  Une anticipation pertinente, malgré ses petits défauts.

Blomkamp n’allait-il pas perdre de sa verve à Hollywood ?

La SF a perdu en prestige ses dernières années, les budgets colossaux engloutis limitaient l’expression artistique et créative des réalisateur tant le facteur rentabilité s’imprégnait sur la pellicule. Un formatage récurrent  pour satisfaire un public peu regardant sur le fond même du film. D’où mon conseil de toujours essayer de visionner les versions « director’s cut » et en version originale.

L’esthétisme novateur de  District 9 allait-il faire place à de nouvelles contraintes imposées par la machine hollywoodienne. Blomkamp, en devant composer avec des producteurs, pouvant à tout moment lui dicter une certaine contrainte, et oui il faut bien rentabiliser !

Je vais débuter par le synopsis :

« En l’an 2154, l’Humanité est divisé en deux classes : l’une très riche vivant sur une station spatiale immaculée appelée Elysium, et le reste du monde parqué sur une Terre surpeuplée et dévastée.

Le ministre Rhodes (Jodie Foster), représentant la ligne dure du gouvernement, ne recule devant rien pour faire appliquer les lois anti-immigration et préserver le luxueux mode de vie des habitants d’Elysium.

Ce qui n’empêche pas les habitants de la Terre de tenter de rejoindre la station spatiale par tous les moyens.

Quand le malheureux Max (Matt Damon) se retrouve acculé, il accepte une mission périlleuse qui pourrait, s’il la mène à bien, non seulement sauver sa vie mais aussi rétablir l’équilibre entre ces deux mondes polarisés. »

 

Le propos politique d’Elysium s’étale : la lutte des classes. La volonté d’imposer un pamphlet militant dans un film à grand spectacle, tout en restant suffisamment divertissant pour réunir le plus large public. Une tâche qui s’annonçait ardue.

Elysium avait la louable intention d’étaler les différences disparates dans les classes sociales, la santé, l’immigration et la corruption du gouvernement.

Que cela semblait alléchant !

 

Blomkamp perd au fil des minutes l’impact politico-social qu’il voulait donner à son œuvre. Le schisme fascinant entre les deux mondes s’enlise dans un surplus pétaradant dicté par les clichés hollywoodiens. Que l’on s’éloigne de la cinglante métaphore d’une réalité sociale !

C’est dommage, tant la seconde partie du film, au lieu d’amplifier la thématique, ne fait plus que surenchérir dans la violence. J’ajouterai que l’ensemble du film penche trop vers District 9, enlevant ainsi une part d’originalité.

Mais avant tout Elysium est censé être un divertissement spectaculaire. Blomkamp nous offre d’impressionnants combats entre Matt Damon et Sharlto Copley, une grande maitrise des scènes d’action avec cette impression d’immersion complète par moment, que tout le monde n’apprécie pas forcément, mais qui nous plonge au coeur de l’action.

Au final un blockbuster explosif, une technologie robotique flirtant avec la grâce, mais avec cette abondance d’action ne faisant que survoler la thématique chère à Blomkamp.

Non Elysium n’est pas un film décevant, il est juste dommage que la violence a supplanté le militantisme du réalisateur, que le spectaculaire a minimisé l’impact politico-sociale. Je ne tomberai donc pas dans les excès en suivant les détracteurs de ce film.

Je comprends la déception de certains, qui voyaient déjà en Blomkamp, l’homme qui allait redonner ces lettres de noblesse à la SF. Sur bien des points de vue ce film mérite que l’on s’y attarde et ne mérite sans doute pas  d’être laminé par une presse avide de démonter l’image du réalisateur surdoué que l’on a bien voulu attribuer à Blomkamp après District 9.

On passe un moment agréable, par contre ce n’est pas un film tout public, certaines scènes pouvant heurter les sensibilités.

Le trailer :

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Sources :

-Wikipedia.

-Les Cahiers du Cinéma.