Dulaurens chasse le rance, en bateau, avec Pascau…

Oui, bon, allez donc trouvez un titre pour évoquer le nécessaire curetage des écuries et incuries et latrines vaticanes par l’abbé Dulaurens et son actuel propagateur, Stéphan Pascau… À la propagande clérico-gouvernementale faussement innovante s’oppose parfois encore un peu de désuète réclame, d’insistantes demandes de respect de l’intégrité historique et sociale. Cet Antipapisme rêvé, du feu et fol Dulaurens, commenté et illustré par Pascau pour les éditions Les Points sur les i, vaut devoir mémoriel résilient qui ne sollicite aucun pardon, bien au contraire. Il titre en tout cas quelques degrés de mieux dans le rouge, voire l’antimoine à reflets anthracites libertaires, et se boit sec.

Alors que quelques « Saint Barthélémy » sont venues rappeler aux minorités chrétiennes du Proche-Orient ce que signifient en Europe occidentale les flambées de mosquées ou « centres culturels » mahométans ou les profanations de sépultures judaïques, Michèle Alliot-Marie a proclamé très récemment que « nous » ne saurions pas plus tolérer l’antichristianisme que l’antijudaïsme ou mahométanisme. Fortes paroles. Elle saura sans doute les tolérer aussi longtemps qu’elle s’est accommodée du Très Chrétien Laurent Gbagbo et elle s’y fera tant que ce dernier ne retirera pas la Côte d’Ivoire du système du franc CFA. Quant à « nous », les gueux agnostiques ou antireligieux, nous sommes bien sommés de tolérer qu’un Benoît Ratzinger mette à l’index les cours d’éducation sexuelle ou civique dans les écoles laïques « qui reflètent une anthropologie contraire à la foi et à la juste raison. ». La raison juste étant celle du plus fort, nous sommes donc contraints de tolérer que ne soient pas ou plus bannis de la vie publique « des fêtes et des symboles religieux » qui seraient censés refléter « des racines culturelles qui alimentent l’identité profonde et la cohésion sociale de nombreuses nations. ». L’imposture historiographique des Gallo-Romains christianisés veut que nous continuions de prendre une hostie pour notre lanterne et MAM n’y trouve rien à redire, bien au contraire.

Dans ce contexte, il n’est pas superflu de se rapporter aux textes de l’abbé (malgré lui : on lui dicta ses racines et lui imposa la cohésion familiale) Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793). Certes, on peut leur préférer la Somme athéologique de Georges Bataille (« Dieu est pire ou plus loin que le mal. C’est l’innocence du mal… »), ou celle du Québécois Jocelyn Parent (« la religion s’implique dans (…) le pouvoir temporel et elle cherche à s’accaparer une partie, sinon la totalité de ce pouvoir matériel. »). Mais pour se prendre à rêver que les fameuses racines culturelles et la cohésion sociale qui nous resteraient imposées, ou plutôt partagées, aient été inspirées par les sectes anarchocollectivistes que recense L’Histoire du panthéisme populaire au Moyen-Âge et au seizième siècle, d’Auguste Jundt, ou qu’évoque un Michel Onflray, Dulaurens est un bon vecteur. Ces courants anabaptistes (qui, comme Pierre De Bruys, dès le douzième siècle, refusaient le baptême imposé aux enfants et considéraient que l’adhésion à leur courant de pensée devait découler d’un libre-choix) ou apparentés, ont pris et repris racines en Gaules ou en leurs voisinages. Tels ces Frères du Libre esprit, ces Libertins spirituels, d’autres encore, qui furent persécutés tant par les catholiques romains que les luthériens ou les calvinistes, formés en communautés d’organisation conseilliste, prônant la mise en commun des biens, voire la promiscuité sensuelle, ils étaient sans doute d’extraction trop populaire pour qu’un Dulaurens, soucieux par ailleurs de s’éviter frontalement un procès en héréticité, s’en inspire trop ouvertement. Mais, comme eux, il toisait la « juste raison » à l’aune de la simple raison populaire, et puisait sans doute chez les goliards, ces clercs migrateurs sans charges ni prébendes ou offices fixes, ses propres interprétations de la diversité des multiples textes religieux et philosophiques (voire théosophiques non opératoires) contredisant les évangiles chrétiens. Ces derniers s’opposent d’ailleurs entre eux et les évangiles coptes, syriaques (d’autres aussi, dits apocryphes) vantent des Lisieux, Fatima et Lourdes, égyptiens ou plus lointains encore, histoire de mieux attester de la seule et unique vraie foi qui vaille d’adouber ou d’excommunier des rois. Villon et Rutebeuf et quelques autres goliards ne l’ignoraient guère, et ne se génèrent pas pour l’exprimer par la geste, le verbe, si ce n’est pas des écrits séditieux, avant que les Clément Marot ou Étienne Dolet préfèrent, forcés par l’époque, s’abstenir de l’affirmer trop limpidement. La libre pensée, certes souvent contrariée, n’avait sans doute pas attendu le roi Clovis et l’évêque Rémi pour se manifester, et sa tradition vaut bien celle des catholiques romains.

 

Noël Godin, dit L’Entartreur, sur Vents contraires (.net), a consacré à L’Antipapisme révélé ou les Rêves de l’antipapiste, de Dulaurens, présenté par Stéphan Pascau dans la collection des Gueux littéraires des éditions Les Points sur les i, et à ses autres écrits, pamphlétaires pour la plupart, un singulier éloge. Godin classe Dulaurens dans la catégorie des « cracks méconnus du rire de résistance ». Ajoutons : des metteurs de botte, de sabot, de mule dans le plat où sont cassés les œufs pour faire les omelettes aux goûts des pouvoirs successifs. L’Antipapiste, selon Dulaurens, serait soit Dieu, soit Jésus, soit saint Pierre, et bien sûr, aussi, Henri-Joseph soi-même. Pour ce candidat à la défroque(il ne parviendra même pas à se faire admettre par les dominicains, ou les bénédictins, plus fréquentables, selon lui, que sa congrégation, les trinitaires, car ordonné d’un jour, ordonné toujours), qui le devient de fait en fuyant la justice ecclésiastique et en exerçant la typographie de lieux d’asiles en refuges clandestins, Jésus n’est qu’un homme, certes pas le fils d’un dieu dit Le Père. C’est surtout un individu qui se refuse à fonder une religion, soit une hiérarchie se confortant d’un texte intangible révélé, ce que les diverses églises se réclamant de lui sauront instaurer en lui prêtant et imputant les propos leur convenant. Ce en quoi, ces églises catholiques ou chrétiennes variées ne font que ce que toute religion vise à instaurer et faire proliférer : son pouvoir et ceux qu’elle influence. Il n’est guère paradoxal que Dulaurens réfute la (sainte) Trinité sans trop remettre en cause les principes de foi, espérance et charité, et qu’ordonné dans les rangs de Jean de Matha, voué à la rédemption et supposément au rachat des captifs (chrétiens aux mains des Maures, Sarrazins, puis Ottomans), il considère l’islam avec une certaine équanimité. Évangiles ou coran, c’est la même soupe aux mêmes fins. « Indévot », comme le qualifie Godin, antireligieux mais non opposé à toute religion ou recherche spirituelle, Dulaurens, pour fustiger les dérives d’un clergé obscurantiste et mercantile, prend ici, pour structurer son récit, prétexte de la réhabilitation des loyolistes (il avait été initialement formé par les jésuites, qu’il détestait) par Clémentxiii, en janvier 1765 (ils avaient été précédemment bannis, si ce n’est voués à une éradication templière, d’Espagne, France et Portugal, et seront peu d’années après interdits par le Vatican avant d’être de nouveau restaurés en 1814).

 

Libertaire mesuré, certes pas ou peu total libertin (même si sensuel et prisant fort les femmes et les filles de joie, prônant les amours libres), Dulaurens considère qu’un « dieu créateur » n’a nul besoin « de la parole des hommes ». Ce créateur, qu’il nomme L’Éternel, évoque une Nature sans début ni fin, immanente, qui connaît peut-être un incertain paradis mais aucun enfer si ce n’est, peut-être, un assez plaisant purgatoire transitoire. L’âme reste une éventualité qui ne saurait résider dans une dépouille ou des ossements, et encore moins s’y réincarner : la planète serait, pour Dulaurens, trop surpeuplée pour supporter tous ces revenants. Ne craignant pas le paradoxe de faire dire à son Éternel un peu n’importe quoi et parfois son contraire, Dulaurens lui prête le dessein d’insuffler la philosophie et la raison scientifique aux hommes qui finiront par s’approprier « toutes les dépouilles de la superstition » pour y « élever des écoles de commerce et d’agriculture sur les débris de ses temples » et finir par faire en sorte que « tout ce qui servait à parer les cloîtres et les mosquées deviendra l’instrument des richesses et de la population des campagnes. ».

 

Alors que MAM et consorts favorisent les crèches, les maternelles, les écoles primaires et secondaires confessionnelles, et bientôt les universités catholiques, coraniques, judaïques, si ce n’est scientologiques, en attendant peut-être d’exiger des certificats de baptême ou de circoncision pour l’accession à la fonction publique ou aux emplois, relire Dulaurens vaut acte d’auto-défense. Christianophobie, islamophobie et judéophobie ne sont pas des phobies, soit des aversions irraisonnées. Leurs racines ont sans doute préexisté à la genèse des trois religions dites du Livre, plus ou moins fortement inspirées des cultes solaires d’Afrique orientale et du Moyen-Orient, et leur terreau est la crainte, attestée par l’expérience, de se voir dominer par des prêtres, guides, gourous, qui finissent par anointer les souverains, les juges et les bourreaux, les « experts » et d’autres clercs oppresseurs.

 

La tâche n’est pas aisée. Tous les écrits de Voltaire, Rousseau, Diderot, voire même Montesquieu, ne sont plus aussi aisément accessibles qu’ils ont pu le paraître à des générations autrement formées à se confronter aux textes. La ruine des humanités anéanties par des approches de facilitations docimologiques s’inspirant, à la Diafoirus, de pseudo sciences humaines, alliée à la décathéchisation (n’est plus transmis que ce qui sert à vendre des emplettes de Noël, des santons, des galettes des rois, des boules de neiges mariales…), rend Dulaurens peu apte à figurer au cursus des futurs bacheliers. Les anciens, s’ils ne sont plus que simplement congrus du corpus du siècle de l’abbé, buteront sur les références aux bibles, à l’histoire politique d’alors, et sur maintes allusions aux mœurs du temps. Ainsi de ces vœux des nonnes obligeant « à faire preuve de six campagnes dans la Suède pour obtenir une libre entrée à l’Hôtel des Invalides de Cythère » (lors des guerres prusso-suédoises, un régiment comptait jusqu’à une prostituée pour deux hommes de troupe). C’est tout le talent et l’érudition épurée de toute cuistrerie de Stéphan Pascau, qui soutint une thèse sur Dulaurens et a déjà publié chez le même éditeur une biographie de l’auteur, Écrire et s’enfuir dans l’ombre des Lumières, qui rendent plaisante cette pochade qu’il qualifie d’« incandescente ».

Parfois, l’auteur énonce ses thèses ou ses supputations d’apparence fort clairement. Ainsi, en sa préface : « Pourquoi chercher à diviniser la naissance de Jésus ? Pourquoi la couvrons-nous d’un voile sacré qu’il déchire lui-même ? Ne savons-nous pas que l’idée d’un fils de Dieu fait homme naquit au sein de l’idolâtrie (…) et fut transmise aux premiers chrétiens qui la reçurent comme une vérité sainte et non comme un fruit de l’erreur ? ». La référence implicite à ce précurseur de l’ethnologie que fut Charles de Brosses (académicien dont leCulte des dieux fétiches parait en 1760) n’a évidemment pas échappé à Pascau. Le troisième chapitre, « L’Arrivée du comte de Pétrisaint à Rome », ne suscite pas moins de 166 notes développées (sur plus de vingt pages passionnantes). À d’autres occasions, comme l’abbé, sous le couvert de l’anonymat et de l’édition clandestine à prête-noms, veut être à la fois pas vu, pas pris, mais quand même lu et reconnu entre les lignes, c’est beaucoup plus subtilement amphigourique, histoire, peut-être de feindre de réfuter des interprétations à charge contre lui, et ne pas risquer que la justice civile, après avoir mis le feu à ses ouvrages, qui pourront, tel le phénix, « revivre sous la presse », ne le pourchasse trop âprement. Dulaurens veut bien avancer dans la carrière, mais pas jusqu’à la mine ou au bagne. Mais il ose laisser penser que, par exemple, on « pourrait » (mais non « devrait ») ne voir dans la division trinitaire (Père, Fils, Saint-Esprit) qu’une copie édulcorée de l’« idole tartare » du bouddha tibétain tricéphale, qu’il qualifie hardiment par la suite d’héritage du paganisme s’intégrant dans « l’idolâtrie des Juifs ». Le mathurin (surnom d’un trinitaire), qui ne craint guère les diables, nous renseigne Pascau, ne veut pas risquer d’être accusé d’incarner un « suppôt de Satan ». Pascau démasque ou explicite Dulaurens en se référant à ses autres ouvrages, dont certains restés inédits ou jamais réédités, à sa vie (il sera contraint d’abjurer ses écrits le jour où fut abattue la Bête du Gévaudan, et craignit sans doute de se voir déclaré enragé), sachant révéler ses contradictions, qu’il tolérait et assumait d’ailleurs comme des phases, des étapes d’une quête de sa vérité. On aimerait que Pascau ait pris le risque de supputer si, oui ou non, Dulaurens considérait l’islam comme une autre forme de charlatanisme ou une interprétation différente et affabulant autrement sur les prétendues révélations du supposé archange Gabriel. Pascau avance : « Même s’il ne devait pas en partager l’esprit, Dulaurens avait probablement lu le célèbre Traité des trois imposteurs (ndlr. Moïse, Jésus, Mahomet). ». Ce thème, qu’on peut croire issu, vers 900, d’une secte ismaélienne (se séparant de la tradition chiite dominante), et transmis d’Arabie et de Mésopotamie en Europe, dès 1200, fut consigné diversement dès 1712, et le et les Livres sont considérés dans ce traité comme autant de compilations de « rêveries » destinées « à contenir le peuple ». Ce qui est sûr, c’est que Dulaurens tient le pape pour un mufti ou un brahmane, voire un « fakir » comme un autre. Il n’est guère le seul, et ce depuis fort longtemps, relève-t-on, ce qui confère à la réfutation des religions des liens aussi profonds et ancestraux que la propagande apostolique romaine et que quelques autres.

Une introduction, sans doute trop sommaire sur la personnalité de l’auteur pour qui n’a pas lu l’Écrire et s’enfuir…, ou la thèse de Pascau chez Champion (Réhabilitation d’une œuvre), un glossaire, un index, un résumé didactique et vingt pages d’illustrations d’époque hors-texte, portent l’ouvrage à quelques 220 pages. Jean-Claude du Pont, dans La Dépêche, présentant cet Antipapisme, a considéré qu’il s’agit d’un « roman où alternent des envolées lyriques avec des portraits d’une authenticité redoutable. Ce qui nous porte à sourire aujourd’hui était considéré grave à l’époque et l’auteur pouvait y jouer sa liberté et sa vie… ». Dulaurens finit d’abord en cage, puis plus ou moins poussé à la démence en détention. Pascau y voit, au-delà de la satire (à l’occasion satyrique d’ailleurs) anticléricale, « un plaidoyer contre l’abus de pouvoir, le mensonge politique, la superstition, la censure, et même la restriction érotico-affective. Insolent, insolite et captivant. ». Ce qui va bien sûr au-delà de l’antichristiano-judéo-islamisme et ne saurait donc être toléré par « nous » (ou plutôt « eux z’ôtres »), et encore moins enseigné, propagé. Au contraire, bientôt, après avoir décrété interdit le boycott civique (devenu, par circulaire, « provocation publique à la discrimination envers une nation »), on imagine fort bien que celui des lieux dits « saints » sera promulgué prohibé par l’actuel gouvernement. C’est au nom d’ailleurs de cette circulaire qui fait du boycott un délit que le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme a déposé plainte contre Stéphane Hessel en tant qu’incitateur « à la discrimination raciale ». Et pourquoi pas, bientôt, religieuse ? C’est en fait la laïcité qu’on veut abattre (quand on ne la détourne pas pour l’approprier au Front national en vantant les racines chrétiennes de la Fille aînée de l’Église, rempart contre l’islam). Et pourquoi s’en tenir là, et ne pas interdire le boycott des produits fabriqués par des enfants et des esclaves, histoire de ne pas fâcher nos clients chinois, indiens, pakistanais, marocains et autres ?

 

Évidemment, on ne pourra prédire un assuré succès de librairie à un ouvrage qui, en guise d’incipit, comporte cette dédicace « aux curieux de l’insolite, à ceux qui rêvent et ne cessent d’y croire, aux littérateurs des ghettos de l’histoire, à ceux qui cherchent ailleurs le souvenir de leur oubli, à nos rares compères des chemins envasés. ». Cela fait un peu trop « mauvais genre », surtout lorsqu’elle précède un dialogue d’un personnage de Dulaurens qui s’étonne auprès d’un religieux du nombre de croisés abandonnés de son dieu, massacrés ou réduits en esclavage : «l’inconstance et l’ingratitude sont le propre des grands, » réplique le serviteur de la papauté. Cela vaut pour une MAM qui n’est ministre (surtout de son propre culte, d’ailleurs…) que par la grâce des combats laïcards, qu’elle souhaite révolus, pour l’émancipation des femmes et leur accession à toutes les responsabilités.

 

Dulaurens, oui, décidemment, est d’actualité, quand notre ambassadeur près le Saint-Siège (ainsi se congratule l’État du Vatican) doit subir, de la part du « révérendissime » cardinal Agostino Vallini, vicaire diocésain romain, des remontrances à nous toutes et tous adressées. En cette archibasilique de Saint-Jean-de-Latran dont un chanoine est prébendé par la France (par ses contribuables) pour remplacer aux offices cet autre, honorifique (comme en sa qualité de protochanoine d’Embrun), Nicolas Sarkozy, la sainte Luce a été célébrée « pour le bonheur et la prospérité de la France » (qui n’en demande, en tant que nation, pas tant). Et notre excellence, Stanislas de Laboulaye, a dû congratuler en « notre nom » l’eminentissimo e reverendissimo Vallini qui fait état de la « persécution, plus subtile et silencieuse [laquelle] se poursuit dans les nations de longue tradition chrétienne qui semblent aujourd’hui vouloir oublier leurs racines. La foi, dans ces pays, est toujours davantage marginalisée et réduite à un fait privé, elle ne doit avoir aucune influence publique (…) La science avance toujours davantage la prétention d’être le sentier que l’homme doit parcourir pour obtenir le bonheur. ». C’est faire fi de nos racines païennes et autres, c’est s’approprier une histoire nationale complexe, ne considérer comme authentiquement françaises et français que les séides du catholicisme romain ne reconnaissant que l’homme Jésus pour « seul Sauveur » (tout autre est quoi, alors ? Pétain était-il un imposteur ? Et l’église gallicane ne nous en aurait rien dit ?). Ce n’était pas antan, à peine naguère : mais le 13 du dernier mois de la décennie dernière, dans un lieu bénéficiant de l’extraterritorialité, derrière la voirie romaine dell’Amba Aradam (du nom d’une contrée éthiopienne où les très catholiques et romaines troupes mussoliniennes massacrèrent Falachas, chrétiens orthodoxes autocéphales, catholiques abyssins ou guèzes, musulmans et animistes sans faire de discrimination religieuse particulière, relevons-le, le grand inconstant et ingrat se chargeant de reconnaître les siens…). Les successeurs des persécuteurs de Dulaurens se déclarent persécutés et MAM doit s’agenouiller ? Et nous nous voyons intimer de faire de même ?

Pascau et son éditeur, Alain Guillo, directeur des éditions Les Points sur les i, font œuvre salutaire, d’utilité publique. Je remarque qu’au nombre des auteurs caustiques, aux côtés de, par exemple, Esteban Capusa (et sa Chômologie portative, dictionnaire du cynisme social), figure désormais au catalogue le très crack (pas si méconnu) de la langue en coin de résistance, Toulouse-la-Rose (dit aussi Gilbert Oscaby, Isidor Cocasse, Ignace de l’Aïoli, &c.). Transfuge de la maison Sens & Tonka (et pour elle auteur du remarquable Du singe au songe, qui doit peut-être quelque chose aux rêves antipapistes de Dulaurens que connaissait Raoul Vaneigem),Toulouse-la-Rose a donc publié en « pointé » nouvel appointé, en avril dernier, un Nos ancêtres les Sans-culottes. Je ne sais si ces deux Pyrénéens (Pascau, Oscaby), se sont ou non fréquentés, localement, près de Toulouse, ou ailleurs. Leur cohabitation avec d’autres « pointures Pataugas » (pour ne pas écrire « écrase-merdes », et quelques remarquables auteures droites comme, elles aussi, des « l ») et bientôt 140 titres laisse présager de fécondes découvertes à raison d’une vingtaine de « nouveautés » (ou revisites, comme pour ce Dulaurens) annuelles. Malheureusement, la maison ne diffuse pas de bulletin de liaison. Mais Alain Guillo tient un blogue-notes, Des livres et moi, faisant part un peu à l’avance des futures parutions et des signatures et dédicaces ou débats dans les librairies ou les bibliothèques. À vos signets : urgences signalées pour les réfractaires aux décervelages…

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Dulaurens chasse le rance, en bateau, avec Pascau… »

  1. Mon cher Jef ,bonjour.

    Enfin un peu de réalisme ,il est bon de trouver et de dire quelques vérités premières ,car vouloir à tout prix faire croire en une entité supérieure qui a créé l’univers ,qu’elle ait dicté ses lois ,c’est faire abstraction des premiers humains qui n’étaient que des animaux qui ont du se mettre sur leurs deux pattes arrière pour survivre.
    De tout temps les pouvoirs se sont appuyés sur les religions ,qu’elles soient monothéistes ou pas.
    Les premiers à avoir fait exception furent les communistes décrétant que la religion était l’opium des peuples ,ce qui n’empêche pas leurs dirigeants de fréquenter les églises.
    À bien réfléchir ,en fouillant un peu on peut se poser la question de savoir si Jésus Christ était politique avant que d’être religieux ,s’il était libéral ou communiste ,son enseignement est ambigu,encore que cette utilisation d’un homme providentiel soit suspecte.
    Il est aussi bien politique quand il dit rendez à César ce qui appartient à César ,que religieux quand il chasse les marchands du temple.

    En fait il ménageait le choux et la chèvre ,a-il était crucifié pour ses idées politique ou religieuses?
    Politiquement il gênait les Romains ,spirituellement il gênait les religieux établis ,c’est donc là que le politique et le religieux se sont associés car il gênait les deux partis.
    Nos rois de France se faisaient couronner en la cathédrale de Reins pour affirmer leur droits divin.

  2. Je suis un Dulaurentiste de la 1ere heure!!! J’ai vécu à Douai ou j’ai cherché à marcher dans les pas du père… :-*
    Merci pour cet article, je desespérais de voir de « nouveaux textes » édités!!!

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