Il ya eu mort d’hommes pour des caricatures et tout le monde s’accorde à dire que c’est très grave. Comme l’ont souligné notamment Hassan Nasrallah, Al Azhar, ces tueries  nuisent infiniment plus au prophète que les fameuses caricatures en question. Depuis ce jour fatidique  les louanges de l’inestimable liberté d’expression nous sont chantées sans discontinuer, à coups de discours, d’analyses  pointilleuses, mais toujours à géométrie variable. Je précise d’emblée que je ne consomme ni  du Charlie, ni du Dieudonné lesquels ont en commun cette propension à un "humour" plutôt lourdaud, à mon goût. 

Dieudonné qui a comparé la récente marche républicaine au Bing Bang ou encore au couronnement de Vercingétorix  a avoué s’être senti Charlie Coulibaly en ce 11 janvier : Charlie pour son indéfectible attachement à la liberté d’expression et Coulibaly pour sa mise au ban tel un terroriste. Une fin de non recevoir lui a été opposée pour cette justification probablement digne de foi ; il s’est vu taxé d’apologiste du terrorisme. Voilà notre humoriste national retombé dans le colimateur de la justice. 

Par ailleurs la liberté d’expression fait dire à Philippe Tesson, (membre sans doute de la famille des je suis Charlie, je suis juif, NOUS sommes la République), que l’exécution de Dieudonné, "l’apologiste de génocide", le réjouirait au plus au point ! En même temps le journaliste verse dans le zemmourisme faisant porter aux musulmans de France le chapeau de tous les maux, incitant de ce fait à la haine collective sans s’inquiéter  des moindres représailles de la justice. La preuve en est que ces propos qui lui ont valu le renvoi des colonnes du " Point" sont mis en sourdine par nos habituels redresseurs de torts. 

Pourtant le père fouettard Manuel Valls s’avère en cette grave circonstance particulièrement intarissable sur le caractère inaliénable de la liberté d’expression : "la justice sera implacable à l’égard des prédicateurs de la haine" que sont les auteurs de délits touchant à l’antisémitisme, au racisme, au négationnisme, à l’apologie du terrorisme. Et pour ratisser plus large, "le pas d’amalgame" des responsables fraîchement requinqués par les sondages continue de tourner en boucle. 

La politique  avec ses grands sabots  est désormais à pied d’oeuvre : nombreux comme Dounia Bouzar planchent sur les manières de "désamorcer l’islam radical". Autorisation du port d’armes, peine de mort, Patriot Act, des recettes à foison à usage curatif et préventif suggérées par les uns et les autres sont à l’étude. Ce n’est sans doute pas en faisant l’impasse sur le premier volet du traitement que le problème sera résolu. 

Maintenant sans vouloir faire dans la victimisation encore moins dans l’apologie du terrorisme, alors que j’ai mal pour Charlie,  je me découvre à avoir mal aussi pour Coulibaly, aussi pour les frères Kouachi… Les vrais monstres ne sont que ces prédateurs de l’ombre bien au-dessus de la justice qui savent repérer des jeunes en totale détresse pour en faire des chairs à canon. Ces jeunes qui avec les moyens du bord aspirent à connaître le "paradis pour n’avoir connu ici-bas que l’enfer" : quand impubères on a déjà connu DASS, centres sociaux, éducateurs, prisons, le risque est bien élevé de contracter de gros bobos sans pour le coup l’accès à l’allô maman bobo qui va avec ! 

Pour démanteler ces réseaux à l’idéologie meurtrière pour lesquels la religion sert d’outil idéal à des fins  d’embrigadement, les conseils des apologistes de la haine, de l’étoffe de Philippe Tesson, laissent à désirer. Inutile de mettre de l’huile sur le feu quand s’enflamment à travers le monde les "cons" qui prennent au pied de la lettre des caricatures destinées à amuser des esprits "subtils"…. Il est sans doute plus facile pour les seconds de faire un tout petit peu moins dans le sarcasme sans que  soit lésée leur liberté d’expression que pour les premiers de prendre au second degré ce qui nécessiterait un chamboulement de tout un logiciel mental. Il est question là  d’oeuvre de salubrité publique…