On a beau le répéter, le marteler, le seriner, en faire des campagnes de sensibilisation, rien n’y fait, nous sommes encore trop nombreux à confondre animal de compagnie et peluche vivante. Acheter un animal, ce n’est pas acheter un jouet à son enfant. Devenir le propriétaire d’une boule de poil qui miaule, aboie, glapit, chicote, est un grande responsabilité. Généralement, on s’engage à s’en occuper durant plusieurs années, le nourrir, le soigner, le choyer, à le considérer comme un être à part entière, un membre de la famille. Vous ne vous débarrasseriez pas de votre oncle si celui-ci devenait trop âgé ou trop malade … à moins d’être un neveu indigne.


Traditionnellement, les animaux de compagnie se recrutent parmi les chiens, les chats, les lapins ou encore les oiseaux. Il y a quelques années, une nouvelle mode a frappé les personnes voulant s’entourer d’animaux, c’était celle des NAC. Un acronyme barbare signifiant les Nouveaux Animaux de Compagnie, entendez là une lubie snobinarde teintée d’exotisme.


Qu’entend-t-on par NAC ? Il s’agit tout simplement des reptiles comme les lézards, les serpents, mais aussi des suricates, des furets, des singes en tout genre. Bref des animaux que l’on ne trouve pas dans nos contrées habituellement.


Mais voilà, les modes passent et il y a des restes. Des reliquats dont on veut se débarrasser pour ne pas être « has been ». Pour les vêtements, la solution est de les laisser un certain temps au fond d’un tiroir, un jour au l’autre ils seront de nouveaux dans le mouvement. Cependant, pour les animaux, ce n’est pas aussi facile, ils n’y a pas de rangement pour ça.


La coalition ENDCAP, spécialisée dans la protection des animaux sauvages en captivité, a remis un rapport au Parlement Européen sur cette question. Le constat n’est pas glorieux, cet engouement est nuisible pour eux, mais également pour l’environnement et la santé des propriétaires. Ils sembleraient que le nombre d’animaux exotiques soit tout simplement hallucinant. Rien que pour les poissons, les moins contraignants des animaux, on en compterait environ 1,5 milliard


Ce n’est pas aussi aisé avec les reptiles et les singes car, même si certaines espèces arrivent à se domestiquer, les autres gardent en elles une part de sauvagerie. La vie en captivité ne leur sied guère, ils sont imprévisibles et représentent des dangers potentiels pour ceux qui s’en occupent mal.


La domestication des reptiles est une chose contre nature, une expérience traumatisante qui réduit leur vie de façon drastique. Peu dépassent la première année de captivité, alors que dans leur milieu d’origine, ils peuvent vivre des dizaines d’années.


Ces sont des animaux nécessitant de soins particuliers. De ce fait, les vétérinaires doivent désormais suivre des cours supplémentaires pour pouvoir les soigner, des séances souvent très onéreuses du fait de la spécificité des auscultations


Ils peuvent également être dangereux pour notre santé. D’une origine pas toujours très nette, 25% des animaux exotiques seraient issus de braconnages en tout genre, les animaux chassés dans la nature peuvent transporter dans leur pelage, plumage ou sur leur peau, des éléments nocifs déclenchant des maladies graves.


Énième soucis, dans un couple, il se peut que la lassitude gagne du terrain, que l’amour s’estompe, qu’il s’évapore jour après jour pour finir par n’être qu’un doux souvenir du passé. Mais voilà, dans cette aventure idyllique, il arrive que l’on emmène avec nous un tiers individu, l’animal de compagnie. Que faire de lui quand le vent romantique s’est calmé ? Même si de l’affection est née chez les deux concubins envers l’animal, celui qui repartira avec est celui dont le nom est apposé sur le contrat de vente. Cette solution marche administrativement mais dans la pratique, la clé du problème se trouve par compromis. Un forme de garde alternée, comme pour les enfants. Quand aucune piste n’aboutit, on en arrive au pire, et le pire c’est l’abandon.


Une liberté anticipée dans la nature hostile, dans un environnement étranger. Le NAC vient alors perturber l’écosystème local, sauf s’il ne meurt avant, car mal adapté à vivre de ces conditions. C’est ainsi que, pour notre plus grand étonnement, on peut faire des découvertes inédites, comme des boas dans les rues, des alligators dans les égouts, des pumas dans la forêt, des araignées venimeuses dans les combles.


Dans la région Nord Pas de Calais, ce genre de trouvaille se fait une à deux fois par mois, notamment des serpents. Nombreux se fascinent pour leur beauté froide mais se lassent au bout de plusieurs années, l’animal ne montrant pas de chaleur. Rien de plus normal, il a le sang froid. Devant une telle recrudescence, dans certains département, des cellules de police spécialisées sont crées pour ce type d’intervention car cela nécessite toute une pratique et des outils adaptés à la capture.


Les laisser s’aventurer à l’air libre est un péril non négligeable pour les badauds vivant à proximité. Il n’est pas difficile d’imaginer un boa s’enroulant autour d’un jeune enfant avant de lui broyer les os. L’autre interrogation, c’est une fois attrapé, que peut-on en faire ? Retrouver le propriétaire ? A quoi bon car il a souvent pris le soin d’effacer ses traces. De plus, toute la recherche et la capture seraient à ses propres frais. Des refuges adaptés ? Ils sont rares et les zoos qui les acceptaient avant, se portent dorénavant, de plus en plus absents, faute de places. Ainsi, les maires ont décidé d’établir des fourrières spécifiques aux NAC.


La Communauté Européenne se doit de limiter ce commerce absurde ne répondant qu’aux exigences individualistes d’humains souhaitant être dans la marge. La lutte sera rude car cela représente un marché juteux, rapportant plusieurs milliards d’euros aux revendeurs d’animaux étrangers chaque année. Il faut espérer qu’à l’instar de toutes les modes, celle-ci s’essouffle et disparaissent définitivement en laissant tranquille les animaux.